jeudi 12 octobre 2017

Viaducs et tunnels routiers — y’a qu’à…

Victor Ginsburgh

Les ouvrages dits d’art (une jolie allitération, venue toute seule sous la « plume ») qui permettent aux « provinciaux » de Flandre et de Wallonie de venir travailler à Bruxelles et de rentrer chez eux le soir — sans payer ni taxes ni impôts à la « capitale » — sont en train de tomber en miettes les uns après les autres. Vieillesse et usure font mieux que force ni que rage.

Petit trou à Bruxelles


Le dernier en date est un viaduc, comme l’était le premier, mais les tunnels bruxellois sont aussi en déglingue, et même lorsqu’ils sont ouverts, on roule sur une seule bande. Et puis, d’autres voies se sont effondrées et ont provoqué de grands trous qui prennent plusieurs mois de réparation, alors qu’à Fukuoka, Japon un trou bien plus grand a été réparé en quelques jours, deux à quatre selon les sources.




Petit viaduc à Bruxelles
J'ai vérifié que le mot déglingue existe, et j’ai appris qu’il s’adapte, aussi bien au physique qu’au moral. Les embouteillages gigantesques qui en résultent — 400 Km de files mardi matin 10 octobre, faut dire que, de surcroît, les transports publics faisaient grève aussi —atteignent non seulement le moral mais aussi le cerveau. Surtout celui de nos édiles de tous bords qui font des propositions plus ridicules les unes que les autres.

Exemple 1. Les automobilistes n’ont qu’à prendre le train et le tram. Même en cas de grève des transports d’ailleurs.

Exemple 2. Oui, c’est vrai, c’est la déglingue parce que le « plan maître » d’il y a 30 ans était mauvais, disent certains ; d’autres pensent qu’il n’existait pas de « plan », d’autres encore prétendent que quand les vieux d’aujourd’hui étaient jeunes et ont fait les plans ils étaient déjà idiots ; y’a donc pas que les vieux qui étaient idiots dans le temps.

Exemple 3. Les automobilistes n’ont qu’à faire du covoiturage.

Exemple 4. Il suffit de supprimer les tunnels et/ou les viaducs, et les faits montrent que les automobilistes se débrouillent quand même.

Exemple 5. Z’ont qu’à prendre le RER dont l’inauguration était prévue en 2012, mais il est toujours en construction ; aucune date prévue à ce jour pour la fin des travaux (1). D’ailleurs l’argent on en a besoin pour réparer les ouvrages d’art.

Exemple 6. Il existe un plan « mobilité », qui est bien géré, donc c’est impossible qu’il y ait des embouteillages, vous rêvez. A moins que, inspiré par Trump, vous inventiez des faits qui n’existent pas.

Exemple 7. Z’ont qu’à venir à vélo. Trente ou quarante kilomètres tous les jours forment la jeunesse. Sauf qu’il n’y a pas de bandes de circulation séparées pour les vélos sur les autoroutes.

Ce qui me donne à moi aussi une idée. Celle de garder les tunnels et les viaducs ouverts et d’y peindre des bandes pour vélos et pour piétons, qui sont évidemment plus légers que les poids lourds qui y circulent. Ces bandes auront toute la largeur qu’il faut pour permettre aux vélocipédistes de se dépasser, de rouler à trois ou quatre de front, de ne pas devoir s’occuper des sens uniques, ni des feux rouges que, comme les piétons, ils n’arrêtent pas de brûler, ni des voitures puisqu’elles y seront interdites. Finis les embouteillages, et les ouvrages d’art pourront faire partie de notre patrimoine, comme les églises romanes ou gothiques et les vieux châteaux. Ils deviendront presque des œuvres dites d’art. Le problème est évidemment qu’il faudra construire de nouveaux tunnels et viaducs pour que piétons et cyclistes puissent accéder aux anciens tunnels et viaducs. Mais ça c’est une autre histoire.

Quand on a des bonnes idées, il faut les exprimer.



(1) Voir https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_faute-de-moyens-plusieurs-lignes-du-rer-pourraient-ne-jamais-voir-le-jour?id=9193756

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire