jeudi 5 octobre 2017

Souvenirs, souvenirs

Souvenirs, souvenirs

 

Pierre Pestieau

 

Avoir raison trop tôt, est une phrase que j’éviterais de prononcer, appartenant à une profession connue pour s’être trompée plus qu’à l’ordinaire. Et pourtant. Il y a une quinzaine d’années, je fus convié par le ministre Jean Claude Marcourt, qui comptait entre autres charges, celle de l’économie wallonne, pour en discuter.  J’avais commis quelques semaines auparavant une carte blanche dans laquelle je m’alarmais du fossé croissant entre les économies de Flandre et de Wallonie. Il me demanda ce que je proposais. 


N’ayant pas la prétention d’un Alfred Sauvy qui en 1962 croyait relancer l’économie wallonne par un regain de natalité, je me bornai à lui faire un inventaire à la Prévert : supprimer les provinces coûteuses et inutiles, réduire le nombre d’intercommunales et en évaluer l’efficacité, renoncer à financer le circuit de Francorchamps et les arrivées (ou départs du Tour de France), dont les retombées économiques sont pour le moins incertaines, supprimer les doublons dans les domaines scolaires et hospitaliers. Alors que notre entretien se prolongeait, je ne pouvais pas ne pas remarquer un mélange d’agacement et d’ennui chez notre ministre, qui a fini par très brièvement conclure : ce sont la des détails, ce n’est pas avec cela que l’on va résoudre les problèmes de la Wallonie. Ce à quoi, je répondis sentencieusement « Les petits ruisseaux font les grandes rivières. »

 

Sans doute le ministre avait-il raison de penser que si les problèmes que j’évoquais étaient résolus cela ne suffirait pas à relancer l’economie wallonne. Tout au plus cela donnerait à l’Etat des resources supplémentaires. Mais il avait tort de ne pas comprendre qu’en engageant ces reformes, son gouvernement aurait envoyé un signal fort, celui d’avoir apprehendé la nécessité de mettre la recherche de l’efficacité au centre  de la gouvernance. 





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