Victor Ginsburgh
Bruxelles arrosée de glyphosate |
Et comme il n’y a
pas consensus sur la question, il est préférable de continuer à utiliser une
substance dont on ne sait pas trop si elle va nous faire fabriquer des enfants
sans bras, ou qui louchent, ou qui n’ont ni nombril, qui est de toute façon
inutile après la naissance et pas beau à voir, ni zizi, parfois utile, mais pas
toujours beau à voir non plus. On prend le risque, tant mieux pour la firme
Bayer qui vient de racheter Monsanto. A elles deux, elles forment un grand
machin qui a déjà empoisonné pas mal de monde, même si ce n’est pas eux à
Bhopal en Inde, c’est leur frère Union Carbide (1), ni à Seveso, Italie du Nord
où c’était le frère Hoffmann-Laroche (2). Les frères chimiques se retrouvent
partout et sous toutes les latitudes. Les uns fabriquent des herbicides, les
autres, des pesticides et parfois les deux (3).
De surcroît, la Commission
cite aussi un article récent publié dans le Journal of the National Cancer Institute qui « n’a constaté aucun lien entre cancer et exposition à long terme
d’un nombre élevé de travailleurs agricoles au glyphosate » (4). Si leur
étude est aussi bonne et fiable que celle du Lancet, décrite dans mon blog du 26 septembre 2018, « Une leçon
d’économétrie alcoolisée » (5), alors nous sommes partis pour nous
cancériser et pour ne plus pouvoir boire un verre de vin. Je ne suis preneur ni
de l’un ni de l’autre.
Pourtant, une autre revue tout aussi médicale et
célèbre que les deux que je viens de citer, le Journal of the American Medical Association, Internal Medicine, fait remarquer que le risque du cancer diminue
de 25 pourcent chez ceux qui consomment régulièrement des produits de
l’agriculture biologique (6). C’est curieux, mais si je ne me trompe pas, ça
dit qu’il vaut mieux bouffer du bio que du glyphosate.
Dewayne Johnson |
Mais continuez à glyphosater, amis de la Commission
Européenne qui savez tout, vous gagnez assez pour ne consommer que du bio. Nous
pas !
(3) Notons que les consommateurs/utilisateurs sont souvent les alliés des
multinationales. Tout en reconnaissant la nocivité du produit, ils estiment que
ce n’est pas l’utilisation minime qu’ils en font qui aura des conséquences.
Trop paresseux pour sarcler, ils contribuent à la catastrophe des communs
(merci à Pierre P. pour cette remarque).
(4) Cité par Frédéric Rohart, L’Europe recale l’interdiction du glyphosate
par Bruxelles, L’Echo, 23 octobre
2017.
(5) Lisez-le ou relisez-le, il vaut la peine !
(6) Pascale Santi, L’alimentation bio réduit significativement les risques
de cancer, Le Monde, 22 octobre 2018.
(7) Procès Roundup aux Etats-Unis : Dommages et intérêts réduits à 78
millions de dollars, RTBF, octobre
2018.
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