mardi 19 mars 2019

Post scriptum à mon blog du 14 mars 2019

Juif : de non-sioniste à antisioniste
Victor Ginsburgh

La guerre, quelque part
« Ce n’est pas votre guerre, Guilmour, ce n’est pas votre combat. C’est le leur. Ce sont leurs vies et leurs terres, il ne vous appartient pas de décider ce qui est mieux pour eux ».
« Ne soyez pas naïf, Tanner. De nos jours, les conflits internes n’ont plus cours. Nous sommes tous impliqués d’une façon ou d’une autre. Vous ne pouvez pas fuir chaque fois qu’une situation vous dépasse ».

Jamal Mahjoub, La navigation du faiseur de pluie, Babel, 1998, pp. 195-196.

Je dois une réponse à deux amis juifs, Ph. et Ph. Ils savent tous les deux que je ne suis pas antisémite, cela va sans dire. Ils savent aussi que ce que j’écris n’est ni malveillant ni faux, et je ne veux pas plus le destruction ou l’autodestruction d’Israël, que ceux que j’avais cités dans mon blog précédent : Georges Friedmann, Asher Ginzberg, Ilan Greisalmer, Amos Oz, Gideon Levy, Barak Ravid, Rotem Sela et Abraham Yehoshua. J’aurais pu donner plusieurs dizaines d’autres noms.

Ph. et Ph. me disent que malgré tout le mal qu’ils pensent de la situation en Israël et en Palestine occupée, ils ne veulent rien dire ni écrire, parce qu’ils pensent à l’utilisation malveillante que d’autres pourraient faire de leurs propos, en donnant des arguments aux vrais antisémites : « si les Juifs eux-mêmes disent que la situation politique est horrible et que l’état des choses devient de plus en plus irréversible, il faut détruire Israël et/ou jeter les Israéliens hors du pays ».

Ce n’est évidemment pas ce que j’écris, ni ce que je pense. Mais je leur pose quand même la question suivante : Faut-il se taire quand d'autres mélangent le signifiant et le signifié ?

Faut-il se taire et ne pas dénoncer ? Dans son Chant 3 de l’Enfer, vers 32-69 passim, Dante écrit que Satan aurait réservé une place spécialement infâme aux anges neutres qui n’osaient pas prendre position, ni pour le bien, ni pour le mal (1) :

Sandro Bottticelli, Les neuf cercles de l'Enfer
… « Maître, qu’est-ce que j’entends ?
qui sont ces gens si défaits dans la souffrance ? »
Et lui à moi : « Cet état misérable
est celui des méchantes âmes des humains
qui vécurent sans infamie et sans louange.
Ils sont mêlés au mauvais chœur des anges
qui ne furent ni rebelles à Dieu
ni fidèles, et qui ne furent que pour eux-mêmes.
Les cieux les chassent…
et le profond enfer ne veut pas d’eux.
ne parlons pas d’eux, mais toi regarde et passe ».
Ces malheureux, qui n’ont jamais été vivants,
étaient nus et harcelés sans cesse
par des mouches et des guêpes qui étaient près d’eux. Elles leur rayaient le visage de sang,
qui, mêlé de pleurs, tombait à leurs pieds
où le recueillaient des vers immondes.

Je veux bien terminer en enfer, mais pas à cette place-là.


(1) Dante, La Divine Comédie, L’Enfer, traduit en français par Jacqueline Risset, Paris : GF Flammarion, 2004, p. 43.

3 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  2. merci Victor Cette lâcheté d'opinion me fait penser à la devise (et le souffrance...) des trolls dans Peer Gynt : 'suffis-toi toi même...' qui envie le sort des Troll ? Luc

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  3. "Ces malheureux, qui n'ont jamais été vivants". Merci Victor !

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