Pierre Pestieau
Il y aurait dans l’Allemagne d’aujourd’hui
quelque 7 millions de mini-jobs à 450 euros mensuels. Le chiffre revient ces
temps-ci dans toutes les discussions qui critiquent le modèle allemand capable de
faible taux de chômage mais d’un grand nombre de « working poors ». Un
chiffre qui a besoin d’être interprété. En effet moins de 3 millions de ces
mini-jobbers y trouvent leur emploi principal. Pour les autres 4 millions (beaucoup d'étudiants, de retraités ou de mères au
foyer) il s’agit d’un emploi d’appoint.
Ces « mini jobs » sont non
imposables et exonérés de charges sociales. Entrés en vigueur en 2003, durant
le gouvernement de Gerhard Schroeder, ils correspondent à des emplois à temps
partiel dont le salaire maximum est de 450 euros.
Les personnes employées sous
ce régime ont droit à des vacances payées, à un congé de maternité et à des
congés maladie. Cependant, la pension du travailleur rémunéré à 450 euros serait, pour 45 ans de carrière, égale à 140 euros par mois, une véritable bombe à retardement pour la société allemande.
Pour l’instant, ce n’est pas
un problème mais une solution pour certains retraités. En effet, il est
possible de combiner une retraite légale avec un mini-job. Cette possibilité
peut être interprétée de deux façons. De façon négative ou positive. Négative, à
la manière de ces reportages montrant un vieil Américain travaillant dans un McDonald
pour pallier une retraite trop faible. Le ton est alors : On ne
permettrait pas cela chez nous. C’est ainsi que certains en France et en
Belgique ont présenté les retraités recourant aux mini-jobs pour augmenter
leurs revenus ou simplement pour rester actifs. Si l’objet de la critique est
de signifier qu’il vaudrait mieux avoir des retraites plus généreuses, qu’on le
dise directement. Mais la question est comment les financer. La façon positive
consiste à reconnaître que dans la mesure où on ne peut s’attendre à de fortes
augmentations des petites retraites, beaucoup seraient favorables à travailler
et toucher un revenu qui échappe à l’impôt et aux charges sociales de manière
tout à fait licite. Il faut en effet rappeler qu’en Belgique les revenus du
travail qu’un retraité peut toucher sont plafonnés et soumis à l’impôt et aux
cotisations sociales. Son seul recours est de travailler au noir. En France,
depuis 2009 la loi a évolué ; il est désormais possible de cumuler intégralement
une pension et un revenu d’activité.
La raison majeure pour
laquelle les seniors se trouvent contraints de reprendre une activité est liée
aux imprévus multiples auxquels ils peuvent faire face : des enfants en
difficulté, une séparation ou un divorce, des frais médicaux exceptionnels, une
cessation d’activité prématurée. Avec la crise, ces circonstances vont se
multiplier et il me semble important de pouvoir donner aux retraités cette bouée
d’oxygène que constitue cette possibilité de reprendre un emploi, de se « déretraiter »
comme disent les américains (unretirement). Je ne suis pas sûr que les
mini-jobs soient la bonne solution, mais ils ont le mérite d’en être une.
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