Pierre Pestieau
Il y a près de 2 ans, sept toiles de maître étaient volées dans
un célèbre musée hollandais. Parmi ces toiles, il y avait un Picasso et un Gauguin ; le montant du vol était évalué à 100 millions d’euros. Récemment, une Roumaine déclarait qu’elle avait brûlé ces toiles pour que l’on ne puisse pas incriminer son fils qui aurait participé à ce vol (1). Interrogé, le directeur du Musée d’Histoire Nationale de Bucarest, un certain Ernest Oberlander-Tarnoveanu, déclarait que si cette destruction était avérée, ce serait un « crime barbare contre l’humanité». Cette expression de crime contre l’humanité me semble souvent galvaudée pour des causes certes justes et nobles, mais qui ne méritent pas l’émoi que devrait susciter le massacre collectif de populations civiles, que ce soit au Cambodge, au Congo ou en Bosnie.
un célèbre musée hollandais. Parmi ces toiles, il y avait un Picasso et un Gauguin ; le montant du vol était évalué à 100 millions d’euros. Récemment, une Roumaine déclarait qu’elle avait brûlé ces toiles pour que l’on ne puisse pas incriminer son fils qui aurait participé à ce vol (1). Interrogé, le directeur du Musée d’Histoire Nationale de Bucarest, un certain Ernest Oberlander-Tarnoveanu, déclarait que si cette destruction était avérée, ce serait un « crime barbare contre l’humanité». Cette expression de crime contre l’humanité me semble souvent galvaudée pour des causes certes justes et nobles, mais qui ne méritent pas l’émoi que devrait susciter le massacre collectif de populations civiles, que ce soit au Cambodge, au Congo ou en Bosnie.
J’avais déjà été choqué par l’usage de cette formule lors de la destruction
des Bouddhas de
Bamiyan, il y a 12 ans, par les Talibans. Les défenseurs des animaux ne sont pas
en reste dans l’utilisation abusive de l’expression ‘crime contre l’humanité’.
On croit rêver quand on entend un chroniqueur déclarer sur une chaîne nationale
que la violence faite aux animaux est bien plus condamnable que la violence
faite aux enfants parce que les premiers n’ont pas l’usage de la parole qui leur permettrait de
protester.
C’est un peu comme si notre société perdait ses repères et les mots leur
signification. Deux exemples extrêmes de ce déboussolement : Ces
activistes de la défense de la vie qui assassinent un gynécologue sous prétexte
que les avortements qu’il pratique sont des crimes contre nature, ou encore ces
défenseurs des animaux tel que l’éditorialiste du New York Times qui compare notre traitement des animaux (il
s’agissait en l’occurrence des orques dont l’intelligence serait supérieure à
la nôtre) au génocide indonésien ou à l’esclavage (2).
Qu’on me comprenne bien, je serais le premier à condamner toute violence
faites aux animaux ou toute destruction de notre patrimoine artistique. Mais il
m’insupporte d’entendre qualifier ces comportements, aussi condamnables
soient-ils, aux génocides et autres crimes contre l’humanité.
(1) Romanian’s Tale Has Art World Fearing the Worst par Liz
Alderman, New York Times, 18 juillet 2013
(2)
http://www.nytimes.com/2013/07/28/opinion/sunday/can-we-see-our-hypocrisy-to-animals.html?_r=0
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