mercredi 2 octobre 2013

Netanyahou en pyjama de guerre


Victor Ginsburgh

J’aurais bien dit tout nu, mais il ne se laisse pas photographier de la sorte, et puis je ne suis pas sûr que le spectacle nous ravirait.

Dans un article mi-figue mi-raisin (1), parce que la plaisanterie n’est qu’apparente, voici ce que pense Uri Avnery, le journaliste pacifiste de gauche israélien.

Mahmoud Ahamadinejad, l’ancien président iranien, dit-il, n’était en fait qu’un agent secret du Mossad, le service de sécurité israélien. Et c’est pour le cacher qu’il niait la Shoah, qu’il voulait la disparition, non pas de l’Etat d’Israël, comme on n’a pas arrêté de le dire, mais de l’Etat sioniste, tout en proclamant qu’il ne cesserait pas d’enrichir l’uranium, mais n’irait pas jusqu’à la ligne rouge, c’est-à-dire à la bombe, telle que brandie par Netanyahou lors de l’Assemblée Générale des Nations Unies en 2012.


C’était bon pour qui tout ça, se demande Avnery en répondant dans la foulée : pour Israël.

De la ligne rouge...
Parce que Netanyahou pouvait montrer combien l’Iran était ridicule avec son pantin de président. Il pouvait justifier le refus d’Israël de signer la Convention de non-prolifération des armes nucléaires et sa non-ratification de la convention sur la suppression des armes chimiques (Israël est en cela en bonne compagnie d’un autre « non ratificateur », la Birmanie), parce que l’Iran, comme la Syrie étaient dangereux. Tout en poursuivant la colonisation en Palestine. Parce que pendant qu’on parlait de la ligne rouge, on oubliait la ligne verte qui marque la frontière  entre Israël et la Palestine d'avant 1967.

...à la ligne verte
Et poursuit Avnery, si le Mossad avait pu
décrire le plus affreux nouveau président iranien à éviter à tout prix, ç’aurait été Hassan Rouhani de toute évidence.

Il faut reconnaître qu’il est fou ce Rouhani. D’abord il déclare à la dernière Assemblée Générale de Nations Unies que la Shoah a bien eu lieu, mais que ce n’est pas une raison pour occuper la Palestine (pendant son discours, et sans savoir ce qu’il allait dire, les délégués israéliens avaient évidemment quitté l’hémicycle). Il a une entrevue avec Hollande, mais ce n’est pas très important, une autre avec Kerry. Il échange aussi un coup de téléphone avec Obama, et ils se souhaitent l’un à l’autre plein de bonnes choses : « Have a nice day, M. President » dit Rouhani, à quoi Obama répond en Farsi, parce que comme tout bon Hawaio-Kenyan, il parle Farsi : «  Khodahafez », au revoir M. le Président (2). Et dans la foulée, il rend aux Iraniens une coupe en argent perse datant du VIIe siècle en forme de griffon ailé, d'une valeur estimée à plus d'un million de dollars (3).

Et pour couronner les événements, la Syrie accepte de détruire ses armes chimiques. J’ose imaginer que l’Etat d’Israël ne peut plus ne pas ratifier le Traité sur la suppression des armes chimiques. A moins qu’on en trouve un autre que lui qui en ait encore. Il (je veux dire, l’autre) pourrait s’avérer dangereux.

Au lit dans votre pyjama, M. Netanyahou. Il est l’heure de faire dodo. « Laila tov » comme diraient ensemble et en hébreu MM. Obama et Rouhani.

(1) Uri Avnery, The real bomb, September 28, 2013
http://zope.gush-shalom.org/home/en/channels/avnery/1380282300/
(2) Voir Le Monde, 29-30 septembre 2013, p. 2.
(3) Le Vif en ligne, 29 septembre 2013. Il faut reconnaître que la coupe, pillée dans une grotte en Iran, avait été saisie par les douanes américaines en 2003 alors qu'un marchand d'art essayait de la faire entrer aux Etats-Unis.


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