Pierre Pestieau
Deux anecdotes qui laissent à penser. La première
est récente. Je rencontre tout à fait par hasard une connaissance que je
n’avais pas vue depuis plusieurs années. Je savais qu’elle travaillait pour la
poste. Elle m’explique que l’entreprise va à vau-l’eau. Comme elle, de nombreux
employés qualifiés sont mis au rencart alors que la poste en engage de nouveaux
sous des contrats plus ou mois temporaires. La raison invoquée: ces employés,
employés pour ne plus rien faire, n’auraient pas la motivation correspondant au
projet de l’entreprise.
Il y a quelques années, un ami m’expliquait qu’il
avait repris une entreprise qu’il essayait de relancer. Un problème auquel il
était confronté était qu’une partie de son personnel ne s’inscrivait pas dans
la dynamique qu’il essayait d’imprimer à son entreprise, et ce pour différentes
raisons, âge, formation, motivation. Il se rendait compte que le renouvellement
de son personnel prendrait plusieurs années dans la mesure où il ne pouvait se
faire que par des départs volontaires ou la retraite.
Dans les deux cas, on trouve la même problématique.
Une nouvelle direction, un nouvel esprit, une partie du personnel ne
correspondant pas au nouvel esprit d’entreprise et une protection sociale qui
interdit des licenciements radicaux.
La différence est le point de vue. Dans le premier
cas j’avais de la sympathie pour cette personne qui se trouvait, à son corps
défendant, mise à l’écart et qui mettait en avant sa compétence et son bon
vouloir. Dans le second, j’épousais le point de vue de cet ami qui voulait
redresser une entreprise en difficulté, ce qu’il fit d’ailleurs avec brio et en
en augmentant les effectifs.
Il y a plusieurs années, je m’indignais devant le
non renouvellement du contrat d’une jeune femme sous le prétexte déguisé
qu’elle s’absentait trop fréquemment pour des raisons familiales. Finalement
son employeur s’est vu obligé de la réintégrer. Un peu plus tard, je
rencontrais un ami qui essayait de construire un centre de recherche. Il
pestait parce qu’une jeune collègue qu’il venait d’engager lui apprenait
qu’elle était enceinte et qu’elle comptait prendre un congé de maternité d’un
an au moins.
On pourrait multiplier ces situations à l’envi.
Elles ont en commun deux morales. La première est banale : on peut
s’indigner contre tout et son contraire. Tout dépend du point de vue. La
seconde est que pour éviter des décisions ou des opinions que l’on pourrait
aussitôt regretter, on a besoin d’une bonne protection sociale.
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