Victor Ginsburgh
Vous reconnaîtrez que le titre emprunté au New York Times (1) est une bonne nouvelle pour nous tous. Wall
Street renaît de ses cendres : les salaires des jeunes recrues
universitaires ont grimpé de 20 pour cent au printemps et le nombre
d’employés est revenu au niveau d’avant la crise de 2007; le salaire moyen de
ces heureux gagnants est quatre fois supérieur à celui de la moyenne de
Américains ; les bureaux du World Financial Center, dont le taux d’occupation était tombé à
60 pour après 2007 est repassé à 95 pour cent, et les affaires sont
excellentes, malgré les amendes significatives que certaines banques ont
encourues. Bref, tout va bien, sauf que les banquiers se plaignent de certaines
règles qui, hélas, les freinent un peu, mais le secteur a repris la taille
qu’il avait avant 2007.
Dans un autre rapport daté d’avril 2015 (2), le FMI explique que « durant ces six derniers mois, les événements
positifs et négatifs n’ont pas manqué sur le front macroéconomique et
financier. Au final, les risques qu’ils font peser sur la stabilité financière
se sont accentués… et basculent » et « les instances de
règlementation boursière devraient passer à un mode de supervision plus
volontariste, s’appuyant sur les normes internationales en la matière et des
statistiques et indicateurs de risques améliorés. Il convient de réexaminer le
rôle et l’efficacité des outils de gestion des risques existants, y compris les
exigences de liquidité, en tenant compte de la contribution du secteur au
risque systémique et de la diversité des produits. »
Le "bull" de Wall Street : vue arrière |
Tout ça ne contribue pas
à nous sortir de l’auberge, pas plus que les nouvelles prévisions de croissance
annoncées par l’OCDE (3): « L’incapacité à enclencher un redémarrage plus soutenu de l’activité a eu
des coûts très concrets en termes de pertes d’emploi, de stagnation du niveau
de vie dans les économies avancées, de moindre vigueur du développement dans
certaines économies émergentes et de creusement des inégalités presque partout. »
Comme l’écrit Paul Krugman
dans un article récent du New York Times
(4), « durant ces dernières années, nous avons appris que les idées les
plus mauvaises ont une remarquable force d’inertie ; même si elles sont
contredites par la réalité, ce sont elles qui régissent notre monde ».
Garez votre porte-monnaie
et préparez vos mouchoirs. En espérant qu’ils ont un peu séché depuis 2007. En attendant que nous devenions tous grecs.
(1) Neil Irwin, Wall Street is back, almost as big as ever, The New York Times, May 19, 2015.
(2) Rapport sur la stabilité financière dans le monde, Résumé analytique,
Avril 2015 .
(4) Paul Krugman, Seriously
bad ideas, The New York Times, June
12, 2015.
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