Victor Ginsburgh
Il est difficile de comprendre que les autorités publiques poussent au
covoiturage, mais soient peu favorables à la nouvelle compagnie Uber qui permet
à tout un chacun et sous certaines conditions de servir de taxi.
Sur son site « covoiturage » (un mot pas très élégant, mais soit),
la ville de Bruxelles poste les phrases suivantes : « La pratique du
covoiturage permet de rationaliser l’usage de la voiture… et les personnes
s’entendent entre elles pour le remboursement des frais… La société Taxistop
propose un service de covoiturage pour aider chacun à trouver des partenaires
de voiture, partout en Belgique » (1).
Sur son site, Uber-Bruxelles poste les phrases suivantes (je traduis de
l’anglais) : « Votre trajet sur demande. Que vous vous rendiez à la
Grand-Place, Flagey ou à l’aéroport, l’application Uber vous connecte à un
transport de confiance et sécurisé, à un prix abordable en quelques minutes. Le
paiement de la course est automatique, pas besoin de payer le chauffeur ».
Les raisons sont à première vue différentes. Taxipost réduirait la
pollution et les embouteillages sur les routes puisque la société propose surtout le
covoiturage (voilà que j’utilise ce vilain mot) pour les trajets entre
l’habitation et le lieu de travail.
Uber est une société qui semble plutôt s’intéresser aux trajets urbains,
et pourrait faire des profits.
Tout ça ne me semble pas terriblement cohérent, parce que in fine, pour les consommateurs qui sont
les premiers à être intéressés, tout cela revient au même et s’avérera moins
cher. Si Uber est taxé (et il doit évidemment l’être) et ne fraude ou n’évade
pas l’impôt, les consommateurs devraient en sortir gagnants.
Les producteurs le seront évidemment moins, mais c’est aussi cela la
concurrence. Uber ferait disparaître une bonne partie des taxis, qui sont
d’ailleurs bien trop chers, mais pas les embouteillages et la pollution.
Taxistop réduirait les recettes des compagnies d’autobus et des trains, qui
sont d’ailleurs bien peu efficaces (retards des trains, arrêts supprimés, etc.),
mais que les pouvoirs publics subventionnent (avec raison).
Il y a donc un calcul à faire qui devrait nous informer sur le gain des uns
et les pertes des autres, et si les gains sont supérieurs aux pertes, il faut
foncer.
Au lieu de cela, ce sont ce mercredi 16 septembre, les taxis (belges, aussi
bien que français, espagnols, ou allemands) qui foncent dans la ville de
Bruxelles, polluant et embouteillant à qui mieux mieux, et le consommateur
perd.
Trois propositions viennent à l’esprit. La première, c’est qu’une analyse
sérieuse et un calcul des pertes et des gains soient commandés par les pouvoirs
publics. Si, comme je le crois , le gain est supérieur à la perte, il faut accepter Uber, faire un transfert aux taxis en réduisant les taxes que les pouvoirs publics leur
imposent et les rendre plus compétitifs, tout en supprimant le numerus clausus
qui limite leur nombre. Les compagnies de taxis pourraient d’ailleurs se
fédérer et organiser une firme similaire à Uber.
Une deuxième proposition (en réalité, une alternative à la première, est de
laisser les taxis disparaître et leurs conducteurs rejoindre Uber. Après tout,
la disparition des charbonnages et de la sidérurgie s’est aussi faite dans la
douleur et je comprends autant celles-là que celle des taxis.
Et la troisième proposition, qui complèterait la première comme la
deuxième, est de demander à Uber qui est sans doute plus efficace que Taxistop
de s’occuper aussi du covoiturage. Tout en réfléchissant à une réglementation,
pour que le monopole qu’Uber pourrait devenir (même s’il n’est que transitoire)
soit régulé.
Dans certaines villes canadiennes les chauffeurs de taxi ont des obligations sociales : assister des personnes handicappées avec leurs appareils, s'assurer que les femmes peuvent entrer à la maison en descendant de la voiture la nuit, prendre des jeunes qui semblent en détresse même au risqué de pas être payés, obtenir un diplôme de premiers soins... Voire le programme obligatoire d'entrainement à Toronto. Tout cela fait perdre du temps et donc du rendement.
RépondreSupprimerLes chauffeurs Uber n'ont aucune de ces obligations, ni d'entrainement. Ils sélectionnent leur clientèle parmi ceux qui mainient des téléphones intelligentes et ont des cartes de crédit.
Remplacer les taxis par Uber risque d'entrainer une perte pour la socièté.
Cela ne veut pas dire que l'on ne peut pas améliorer le système , mais il faut tenir compte de tous les facteurs.
Caroline Pestieau
Je trouve la réaction précédente particulièrement intéressante : pas mal de gens sont laissés sur le carreau par le système ultra-libéral en vogue depuis quelques années jusqu'en Russie ex-soviétique.Le rôle d'assistance joué, volens nolens, par les chauffeurs de taxi est donc appelé à s'accroître.
SupprimerEn outre, en creusant un peu l'idée du covoiturage Uber, ne pourrait-on pas concevoir un système analogue pour l'enseignement de l'économie. Je suis moi-même économiste et j'ai passé pas mal d'années sur les bancs de l'université.Imaginons des étudiants-clients qui pourraient m'appeler et poser leurs questions;en me payant une contribution calculée au pro rata de la durée de la communication téléphonique et très inférieure aux émoluments des professeurs d'université. Je pourrais au bout d'un certains nombre d'heures leur décerner un titre et me faire un petit pécule.
Pas sûr qu'ils seraient plus nombreux à chômer que les véritables licenciés en économie.
On éviterait ainsi de payer de dispendieux professeurs émérites.
bonjour
SupprimerAujourd’hui hui vous pouvez monnayer votre savoir en direct par visio et dispenser vos compétences a travers le monde<
retrouvez nous sur www.uneur.com
Je peux comprendre que UBER soit si mal vu par les chauffeurs de taxis, effectivement comme ils ont des charges bien inférieures à celles des Taxis, ces derniers sont légèrement en colère ... Lorsque j'utilise mon service de voiture avec chauffeur bordeaux j'essaye toujours d'aborder le sujet avec mon chauffeur, mais ça reste un sujet délicat ... :)
RépondreSupprimer