Victor Ginsburgh
Pour faire plaisir à mon co-blogueur Pierre, et sachant que dimanche
dernier serait, comme chaque année
à cette date, une journée sans voiture, j’avais passé un petit coup de fil
au Bon Dieu pour lui demander de peindre le ciel en bleu, ce qu’il a bien voulu
me concéder.
Donc, ciel bleu, soleil, pas de voitures donc pas
d’Uber, ni avec ni sans
taxes. Rien que des taxis taxés. Et surtout des centaines de piétons et des
milliers de vélos qui empêchaient les piétons de circuler, parce qu’ils
utilisaient même les trottoirs, et se comportaient comme s’il n’y avait qu’eux
en rue. En général, les piétons doivent faire attention aux vélos et aux
voitures (ce qu’ils ne font d’ailleurs pas), mais cette fois, les piétons
devaient faire attention aux vélos, et parfois aux taxis, ce qu’ils ne
faisaient pas davantage. Quelle belle journée et combien c’était agréable de
marcher entre les vélos, tout ça parce que je suis trop vieux pour rouler à vélo
(Pierre me dit qu’il a fait 25 Km à vélo hier, mais il a cinq ans de moins que
moi, au moins).
Il s’agit maintenant d’organiser des journées « de toutes sortes ».
Par exemple, sans vélos ou sans piétons ou sans les deux, juste pour la
beauté de l’expérience, ce qui devrait permettre de se rendre compte si les
piétons et les vélos pris isolément ou ensemble sont responsables des
ralentissements et des embouteillages en ville.
Sans taxis, mais avec Uber, aussi bien que sans Uber mais avec taxis taxés,
pour calculer la perte des taxis quand Uber circule, et vice-versa.
Sans Volkswagen…
Sans voiture pour voir si les vélos et le piétons vont plus vite et si les
acharnés de voiture prennent l’autobus, le tram, le métro ou le vélo, ou mieux,
se déplacent à pied (comme moi, mais rarement).
Par exemple aussi, sans ces avions qui laissent, lorsque le
ciel est bleu
comme hier, des traces de kérosène et autres particules agréables dans les
airs, ce qui est vrai aussi quand il y a des nuages, mais on y pense moins, et
donc cela paraît moins grave.
Sans trains, sauf qu’il y a tellement de grèves, qu’on ne s’en rendrait
même pas compte. Idem pour les autobus, trams et métros.
Sans et avec réfugiés, ce qui ne changerait rien non plus, puisque notre si
accueillant gouvernement ne donne pas la possibilité aux réfugiés de
s’enregistrer le dimanche. En attendant, ils n’ont qu’à se débrouiller sous
tente dans les parcs publics.
Sans et avec soleil, sans et avec pluie, dans chaque cas. Je ne me rends
pas compte s’il y aurait assez de dimanches durant l’année, mais on peut aussi
faire cela en semaine. Après tout, la semaine de 38 ou 35 heures peut
facilement être réduite à un nombre quelconque entre 0 et 38 ou 35 (comme je
l’ai dit plus haut, je ne roule pas à vélo, je travaille le dimanche, mais ne
vous force pas à me croire).
C’est facile, l’expérimentation, il suffit d’y penser. Et je n’ai jamais
dit ni pensé, comme l’ont dit certains : « ma voiture, c’est ma
liberté ! »
P.S. à ceux qui m’ont fait part de leur opposition à Uber. Je ne suis pas
convaincu qu’Uber est la panacée, je pense simplement qu’il sera impossible d’y
échapper, qu’il faut s’y préparer et qu’il faudra déployer des trésors
d’ingéniosité pour qu’ils paient leurs impôts comme nous tous. Par ailleurs, je
répète que si Uber finit par s’implanter, il faudra réduire les taxes imposées
aux taxis réguliers pour les rendre plus concurrentiels. Chacun pourra choisir
s’il veut un taxi Uber ou un taxi « régulier » en toute connaissance
des avantages et inconvénients des uns et des autres.
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