Victor Ginsburgh
Aussi dénommé le pape belge du climat, le professeur van Ypersele se
présente comme candidat à la présidence du GIEC, le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du
climat. Les élections se déroulent le 7 octobre prochain.
Il est optimiste, et
suggère que « l’élection se présente bien ». Pour glaner un maximum
de voix, ajoute, Le Vif (1), il s’est
rendu en dix-huit mois dans plus de 60 pays. Il a trouvé cela
« passionnant et ne ressent pas trop le jetlag. Surtout, un peu de sommeil
suffit pour récupérer, explique-t-il ».
Quant à moi, je ne
dors plus et ai essayé de comprendre pourquoi. En ouvrant la fenêtre de ma
chambre à coucher, je me suis rendu compte que cela puait le kérosène et que le
CO2 m’étouffait, ce qui m’a fait penser aux 60 vols du professeur qui veut
devenir président du GIEC. Comme j’étais quand même réveillé, j’en ai profité
pour faire un calcul simple en utilisant un instrument accessible sur le web,
qui évalue les émissions de CO2. Il existe une trentaine de sites qui ne
donnent pas tous le même résultat, mais comme il apparaît en premier, je me
suis dit que c’était sans doute le plus utilisé : il s’agit de cotab.org
sur Google. Bien sûr, il faut que j’estime le nombre de kilomètres que le pape
du climat a parcouru par voyage. Je fais une estimation très basse de 2 000
miles (3 200Km) par voyage aller-retour — à peu près AR Bruxelles-Bucarest, qui
fait 3 400 Km. Et je trouve que le professeur-pape a flanqué dans l’atmosphère
quelque 38 tonnes de CO2, sans compter ses trajets en voiture ou taxi entre son
domicile ou hôtel et l’aéroport. Sans compter non plus les particules fines,
surtout s’il a une Volkswagen ou une Audi, voire une Porsche, ce qui n’est pas
invraisemblable. Sans compter enfin que « sa campagne électorale se
poursuit ces jours-ci au Brésil, au Nicaragua, en Equateur et à Zagreb »
(2). Il en voit du pays et bouffe des kilomètres.
Où qu’il aille, a-t-il
raconté dimanche matin à la radio
(RTBF 10H), il est accompagné de
l’ambassadeur du coin. Evidemment, il connaît tout le monde puisqu’il ajoute
qu’il est le neveu de Jacques van Ypersele de Strihou qui a été chef de cabinet
de deux de nos rois, Bobo et Bebert. Ce qui lui assure évidemment de larges
connaissances dans les milieux diplodocusmatiques.
Il ajoute aussi que « la
Belgique a une très bonne réputation, tant auprès des pays en développement que
parmi les pays les plus riches. Notre pays connaît l'art du compromis et dans
ce domaine aussi mes capacités sont reconnues ». Quel homme !
Auquel j’ai quand même
envie de dire que le climat est une affaire sérieuse, et qu’il est loin de se
montrer exemplaire. Vanitas vanitatum.
Il faudrait au moins qu’il s’engage à arrêter la gabegie personnelle de CO2 qu’il
engendre. N’aurait-il jamais lu l’article du New York Times « Vos plus
grands péchés carbone sont vos voyages en avion » (3).
[Cet article a
également paru dans L’Echo du 29 septembre 2015 ; la rédaction du journal
y a ajouté le sous-titre suivant : « Il faudrait au moins que
Jean-Pascal van Ypersele s’engage à arrêter la gabegie personnelle de CO2 qu’il
engendre ».]
(1)
Olivier Rogeau, Jean-Pascal van Ypersele, le pape du climat, Le Vif, 18 août 2015
(2) Van Ypersele "très confiant"
sur ses chances d'être élu à la tête du GIEC, Le Vif, 27 septembre 2015 http://www.levif.be/actualite/belgique/van-ypersele-tres-confiant-sur-ses-chances-d-etre-elu-a-la-tete-du-giec/article-normal-420849.html
(3)
Elisabeth Rosenthal, Your biggest carbon sin may be air travel, The New York Times, January 26, 2013 http://www.nytimes.com/2013/01/27/sunday-review/the-biggest-carbon-sin-air-travel.html
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