Victor Ginsburgh
J’ai l’impression que l’on ne dira jamais assez de bien de Joe Biden (1),
le vice-président sortant. Dans un très bel article (2) le journaliste Jonathan
Alter parle de lui de façon admirable.
Il faut sans doute se rappeler que son fils Beau, qui mourait d’un cancer,
lui avait demandé de se présenter à la présidence. Il avait sérieusement
envisagé de suivre ses conseils mais au dernier moment il a senti que « pour
tout ce qui m’est important dans un sens sacré, la décision finale était
inévitable. Ma famille était brisée de douleur, et j’étais moi-même plus brisé
que je ne le pensais. Je ne sais pas ce que j’aurais fait lors d’un débat au
cours duquel un(e) des protagonistes m’aurait dit ‘Vous faites cela pour votre
fils’, mais je pense que je me serais dirigé vers lui pour lui botter le
cul ».
Biden a été choqué par la défaite de Clinton, mais s’était rendu compte que
ce que disait Trump, que pourtant il détestait, était bien plus proche de ce que
lui-même avait vécu avec les pauvres en Pennsylvanie durant sa jeunesse : « Si
vous vivez dans un environnement comme celui dans lequel Jill [son épouse] et
moi avons grandi, si vous vous souciez de votre boulot et de gagner décemment
votre vie, si vous pensez à l’éducation de vos enfants et que vous avez à votre
charge une personne âgée [vous pensez autrement]. Nous avons besoin de nouveaux
pneus pour la voiture, chérie, mais nous allons encore nous en tirer pendant
quelques milliers de miles. C’est cela les conversations dans ces milieux, et
ce sont ces choses-là qui font leurs vies ».
C’est sans doute ce qui a ramené leurs voix au démagogue qu’est Trump,
alors que Clinton se pâmait devant les banquiers de Wall Street.
La fortune de Biden est estimée à deux ou trois cent mille dollars. Il
avait l’habitude de dire qu’il était parmi les deux moins riches (ou plutôt, parmi
les deux plus pauvres) membres du Congrès.
Il se prépare, annonce-t-il, à participer comme candidat à la prochaine
présidentielle en 2020, mais « seulement si je puis encore me tenir
debout ». Il aura 78 ans. Et ajoute Jonathan Alter, il confirme son
propos, en disant aux journalistes de Washington que ces mots ne devaient pas
être pris à la légère…
Lorsqu’on lui demande ce qu’il va faire maintenant qu’il n’est plus ni le
sénateur qu’il a été de 1973 à 2009 ni le vice-président depuis 2009 (3), il
répond par la première strophe d’un poème du poète gallois Dylan Thomas :
Do
not go gentle into that good night,
Old
age should burn and rave at close of day;
Rage,
rage against the dying of the light.
Ne t’en vas pas sans te révolter dans cette
douce nuit,
La vieillesse devrait brûler et rendre
tempétueux à la tombée du jour;
Colère, colère contre la lumière qui meurt (4).
(1)
A condition d’oublier son vote en
faveur de l’invasion de l’Irak en 2003.
(2)
Jonathan Alter, Joe Biden: I wish to
hell I’d kept saying the exact same thing, The
New York Times, January 17, 2017
(3)
Gardiner Harris, Bidens next move:
Train to Delaware and burgers with family, The
New York Times, January 19, 2017.
(4)
Ma mauvaise traduction. Voici le
poème complet en anglais que Dylan Thomas a écrit en voyant son père vieillir:
Do not go gentle into that good night,
Old age should burn and rave at close of day;
Rage, rage against the dying of the light.
Though wise men at their end know dark is
right,
Because their words had forked no lightning
they
Do not go gentle into that good night.
Good men, the last wave by, crying how bright
Their frail deeds might have danced in a green bay,
Rage, rage against the dying of the light.
Wild men who caught and sang the sun in flight,
And learn, too late, they grieved it on its
way,
Do not go gentle into that good night.
Grave men, near death, who see with blinding
sight
Blind eyes could blaze like meteors and be gay,
Rage, rage against the dying of the light.
And you, my father, there on the sad height,
Curse, bless, me now with your fierce tears, I
pray.
Do not go gentle into that good night.
Rage,
rage against the dying of the light.
Hommage bien merite. Quel contraste avec Mr. Trump/Pence. Voici les dernieres nouvelles le concernant donnees par le "failing @NYTimes:"
RépondreSupprimerBiden has now thrown himself into a contest fought on the smallest of political stages: an off-year special election for a seat in the Delaware State Legislature.
https://www.nytimes.com/2017/02/22/us/joe-biden-delaware-election-stephanie-hansen.html?_r=0
Cedric C.