Victor Ginsburgh
Un ami suisse (Philippe J.) me fait parvenir un article très drôle sur les
élections françaises (ou autres, puisque la farce, parfois tragique comme aux
Etats-Unis, est devenue universelle). L’auteur y propose que sa concierge se
présente aux élections. Il cite dans cet article — que je vous suggère
d’ailleurs fortement de lire (1) — une des propositions d’un certain Ferdinand
Samuel Lop, qui s’est présenté plusieurs fois aux élections présidentielles
françaises entre 1946 et 1958 avec des projets du type « extinction du
paupérisme à partir de dix heures du soir ». Si cette extinction était
répétée jour après jour, elle vaudrait sans aucun doute autant, si pas mieux,
que l’allocation universelle.
Ceci m’a évidemment donné envie de découvrir M. Lop, qui avait bien
d’autres idées toutes plus originales les unes que les autres ; en
particulier :
- la construction d'un
pont de 300 m de large pour abriter les sdf ;
- la
nationalisation des maisons closes pour que les filles puissent avoir les
avantages de la fonction publique ;
- l’aménagement de
trottoirs roulants pour faciliter le labeur des péripatéticiennes ;
- le
raccourcissement de la grossesse des femmes de neuf à sept mois ;
- l'octroi d'une
pension à la femme du soldat inconnu ;
- l’installation
de Paris à la campagne pour que les habitants profitent de l’air pur ;
- la suppression
du wagon de queue du métro.
Lop Président attendant les députés |
D’après Wikipedia (2), « il expliquait le
caractère vague de son programme par la crainte qu’on ne le lui vole. Il
préférait ‘attendre d’être au gouvernement pour le révéler’ », ce qui me
paraît bien plus honnête que les excentricités promises par la plupart des
candidats actuels.
Ses partisans
étaient appelés des « lopistes », ses ennemis étaient des
« anti-lop » et les indécis des « interlopes ». Ses
réunions étaient organisées dans une salle dénommée la « salle-Lop ».
Entre 1936 et
1966, M. Lop s’est aussi présenté chaque année à l’Académie française, bien
avant qu’y soit élu Alain Finkielkraut, en attendant que l’Académie y ajoute
BHL. Contrairement à Finkielkraut, Lop n’y est jamais entré, mais a néanmoins
écrit son discours de réception intitulé « Ce que j’aurais dit dans mon
discours de réception à l’Académie si j’avais été élu ».
Il nous a aussi
laissé des maximes et aphorismes dont nos politiciens feraient bien de
s’inspirer :
- A se retirer
trop tôt, on n’engendre rien ;
- Pour dominer, il
faut savoir se montrer fort ;
- J’ai un plan :
il faut remédier à la situation par des moyens appropriés.
Le dernier
est évidemment repris par tous, mais aucun n’en reconnaît la paternité.
Mais il faut dire aussi
que ce farceur a écrit des livres tout à fait sérieux sur les colonies
françaises (et il y en avait pas mal à l’époque), sur l’évolution financière,
sur le pétrole, et sur les Etats-Unis d’Europe…, tous bien d’actualité.
(1) Albert Basque, Ma
concierge présidente, La méduse, 19
mars 2017,
(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Ferdinand_Lop
Une version légèrement différente de ce texte a été publiée dans L'Echo du 30 mars 2017.
Une version légèrement différente de ce texte a été publiée dans L'Echo du 30 mars 2017.
Merci Victor pour ce moment d'humour politique.
RépondreSupprimerColuche avait, lui aussi, tenté l'expérience d'une candidature loufoque.
Amitiés André
Fabuleux, j'ai envoyé à tous mes ami(e)s français avant le "dimanche de tous les dangers". Amitiés. Pierre JE NE SUIS PAS UN ROBOT
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