Les proverbes incarnent une certaine
sagesse populaire. Leur pertinence est généralement ambiguë; ils demandent
d’être précisés. Cela apparaît nettement quand ils touchent à la vie économique.
En voici quelques exemples.
Travailler c’est la santé. Et le chanteur d’ajouter :
Ne pas travailler c’est la conserver. Il est incontestable que le travail est
indispensable à l’épanouissement de homme. Pas uniquement en tant qu’activité rémunératrice,
mais en tant que moyen d’intégration dans un réseau social. On pense à Saint Ex
qui écrivait : La grandeur d'un métier est
peut-être, avant tout, d'unir des hommes: il n'est qu'un luxe véritable, et c'est celui
des relations humaines. De
nombreuses études montrent d’ailleurs que l’activité prolongée permet de retarder
l’apparition de maladies démentielles.Tout à la fois, le travail peut aussi
être une source de problèmes physiques et mentaux, quand il s’accompagne de
cadences infernales et de harcèlement de la part des petits chefs. Ce qui veut
dire qu’il importe d’avoir une occupation gratifiante, ce qui nous conduit a
une autre proverbe : Besogne qui plaît est à moitié faite.
L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt. On prête cette affirmation à Napoléon mais elle est plus souvent proférée
par des mères exaspérées face à leurs
enfants adolescents qui peinent à s’extraire du lit. Quand on prend les transports en communs, on
se rend compte que ce sont plutôt les ouvriers et les personnels de service qui
se lèvent tôt. Les cadres peuvent se permettre d’arriver plus tard. Dans le
Tiers Monde, les gens de lèvent tôt et pourtant l’avenir ne leur appartient
pas, faute de boulot.
L’argent ne fait pas le bonheur, que l’on complète
parfois par « mais il y
contribue ». Les études nombreuses sur le bonheur indiquent en effet
que l’argent ne fait pas toujours le bonheur et que la santé ou le réseau
social auquel on appartient sont sans doute aussi, si pas plus, importants. Il
demeure que plus on est riche plus on vit longtemps et en bonne santé. Quand on
se promène à La Havane ou à Nairobi, on voit les gens sourire ; sans doute
sont-ils heureux mais si on leur proposait d’habiter Paris ou à Rome, je pense
qu’ils accepteraient. En revanche, je connais peu de Parisiens ou de Romains
qui voudraient habiter dans une de ces villes.
Charité bien ordonnée commence par soi même. Cela veut sans doute dire que l’on ne peut aider son prochain sans être soi-même
bien dans sa peau. Mais cela pourrait aussi dire que la charité a souvent une
motivation égoïste. Je pense à toutes ses œuvres philanthropiques dont les
contributeurs sont directement et indirectement les principaux bénéficiaires.
Ce qu'on acquiert par le travail vaut mieux qu'un héritage. Il y a bien sur dans cette
affirmation une connotation vertueuse. Les travaux récents de Thomas Piketty
illustrent que si l’on veut s’enrichir il vaut mieux aujourd’hui compter sur un
héritage que sur le travail d’une vie. Ils peuvent se résumer en un autre
adage au sens diametralement opposé: Hériter
vaut mieux que mériter.
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