Pierre Pestieau
Dès l’abord, je le confesse, j’écris ce blog sans filet et risque de tomber
dans le fameux bullshit cher à
Laurent Wauquier et qui retiendrait l’attention de chercheurs de la
prestigieuse université de Yale (1). Le
Monde qui a un langage policé traduit ce terme somme toute vulgaire par ‘billevesée’.
La question que je me pose depuis de nombreuses année est celle du comment
peut-on être de droite. Un peu comme celle de Montesquieu : comment
peut-on être Persan ? A mon sens, il existerait trois types de droite, ou
plutôt de facteurs qui poussent les gens à être de droite.
Il y a d’abord ceux qui sont convaincus que les forces du marché sont
beaucoup plus à même de conduire l’économie que l’Etat. Ce sont des libéraux,
qui peuvent d’ailleurs être sociaux. Par là, je veux dire qu’ils ne sont pas
opposés à une certaine protection sociale ni à une certaine redistribution mais
en limitant l’une à un filet de sécurité basique et l’autre à une égalisation
des chances. Ils sont convaincus que le marché peut être plus performant que
l’Etat même dans ces deux missions. On rappellera que certains économistes libéraux
américains ont naguère soutenu l’idée[VG1] d’une allocation
universelle et qu’ils sont en faveur d’une politique éducative qui favorise
l’égalité des chances.
Il y a ensuite ceux qui ont acquis une certaine position sociale voire une
certaine fortune et qui combattent toute politique qui menacerait ces acquis.
Ils ont le sens de la propriété et ont tendance à favoriser tout ce qui est
sécuritaire.
Il y a enfin ceux qui défendent des « valeurs » qu’ils ressentent
comme menacées : la vie, la patrie, la famille, le mariage, etc. Tout
récemment on a vu une partie du monde catholique se focaliser sur le mariage
pour tous, la PMA et GMA. Il y a quelques décennies, c’était l’homosexualité,
le divorce, le contrôle des naissances et l’IVG, qui aujourd’hui, dans nos pays
en tout cas, font moins problème. Les autres religions ont aussi les valeurs,
parfois les mêmes, pour lesquelles elles sont prêtes à se battre.
Ces trois droites fondées, sur
l’idéologie libérale, la préservation de la richesse et la sauvegarde des
valeurs peuvent bien sûr se retrouver chez les mêmes personnes. Je dois avouer
que la seule droite avec laquelle je n’ai pas de problème est la première. Avec
cette droite, on peut échanger des arguments sur les vertus et les vices du
marché et de l’Etat. Sans être d’accord avec elle, on reconnaîtra que l’Etat a
ses défaillances et elle même nous concédera l’existence de défaillances du
marché. Nous serons souvent d’accord pour souhaiter que les deux institutions,
le marché et l’Etat, soient le plus efficace possible et évitent les pièges de
la corruption. Là où nous divergerons c’est sur le poids à accorder à la
redistribution des revenus.
Ceci dit, je n’adhère pas à la citation parfois entendue « Je préfère un homme de droite
intelligent à un homme de gauche obtus.
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