Pierre Pestieau
150 milliards à
l’horizon 2030, un partenariat public-privé (PPP), six domaines prioritaires.
En quelques mots, voilà le pacte d’investissement que le gouvernement fédéral
belge propose pour relancer l’économie belge. Si l’expression « plan
Marshall » n’avait pas été utilisée par un autre gouvernent, elle aurait
certainement été recyclée pour l’occasion. On ne peut que se réjouir de cette
initiative. Le seul bémol est le partenariat avec le privé à raison de 50-50.
Suite à la vague de
privatisations qui a commencé avec l’arrivée au pouvoir de Ronald Reagan et
Margaret Thatcher, l’entreprise publique n’a plus eu la cote. Et cela, même là
où elle aurait dû d’imposer, c’est à dire là où la notion de services publics
paraît centrale. Citons entre autres exemples les transports, les prisons, les hôpitaux.
Les gouvernements tant de gauche que de droite lui ont préféré le PPP qui
semble avoir le vent en poupe. Le PPP représente la dernière évolution de la
nouvelle gestion publique (« new
public management »), l’aboutissement de l’idée selon laquelle les
pouvoirs publics et les particuliers n’ont pas des intérêts opposés, mais qu’ils
peuvent être au contraire partenaires dans la mise en œuvre de projets communs
d’intérêt général. Le PPP se caractérise en général par
une durée relativement longue de la relation ; un transfert de tout ou partie
du financement et des risques sur le partenaire privé; une participation du
partenaire privé à la conception, la réalisation et la mise en œuvre du projet;
une concentration du partenaire public sur la définition des objectifs à
atteindre et sur le contrôle du respect de ces objectifs.
Sur le papier l’idée est
séduisante. Dans la réalité elle l’est beaucoup moins. Le partenaire privé exclusivement
intéressé par les rentrées financières a le plus souvent éludé une partie de
son cahier des charges, profitant de ce que les pouvoirs publics ne disposaient
pas de l’information nécessaire pour exercer leur contrôle.
Même si le PPP n’a plus la cote, il est presqu’impossible de revenir en arrière ; le partenaire privé a souvent le droit pour lui ; il est soutenu en cela par une armée de juristes redoutables. Les exemples abondent. Le tunnel de Cointe en Belgique, les autoroutes et les prisons en France sont des exemples où l’Etat se rend compte trop tard qu’il s’est fait berner et le retour en arrière n’est légalement pas possible. Les grands gagnants ? Bouygues, Vinci et consorts du BTP (Bâtiments et Travaux Publics).
Le gouvernement belge aura-t-il la force de résister au miroir aux alouettes que représente le PPP ? On peut en douter.
(2)
http://abonnes.lemonde.fr/societe/article/2018/03/12/trop-couteux-les-partenariats-public-prive-n-ont-plus-la-cote_5269553_3224.html
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