Victor Ginsburgh
Commençons par
une bien jolie histoire.
C’est le Jerusalem Post du 21 août 2017 qui la
rapporte. La dépêche vient de Gaza et raconte la prise surprenante durant l’été
du pêcheur palestinien Jihad al-Soltan : un message dans une bouteille trouvée
dans ses filets au large de Gaza.
La bouteille
avait fait son petit chemin de près de 800 Km dans la Méditerranée. Elle
provenait de l’île grecque de Rhodes où elle avait été mise à l’eau par un
couple de vacanciers britanniques en juillet.
Le message mentionne
l’adresse email des expéditeurs Beth et Zac : “Nous sommes actuellement en
vacances à Rhodes et aimerions savoir jusqu’où ira cette bouteille, même si elle
s’échoue simplement sur une plage voisine.”
Le pêcheur gazaoui a fait part de sa découverte à Beth et Zac, qui lui ont
répondu : “Hello, merci d’avoir trouvé la bouteille. Nous vous envoyons des
fleurs magiques”.
Le temps d’arriver à Gaza, les fleurs étaient, hélas, fanées. Ce qui n’a
pas empêché Soltan d’être ému que les courants maritimes lui apportent un
message dans les eaux troubles et soumises à un blocus naval par Israël, dans
une zone où la pêche est limitée par des mesures jugées nécessaires pour
empêcher l’entrée d’armes qui pourraient être destinées aux dirigeants hostiles
du Hamas.
“En tant que pêcheur, je ne puis m’empêcher de penser que ce message a
traversé sans aucune restriction les frontières et les eaux internationales,
alors que les pêcheurs de Gaza ne peuvent pas naviguer à plus de six miles (10
Kms) de la côte. J’espère qu’un jour nous serons aussi libres que cette
bouteille.”
Ecole illégale à détruire |
En attendant, il ne faut pas que Jihad al-Soltan se berce de trop
d’illusions. L’armée israélienne vient de démolir deux écoles “illégales” financées
par l’Union Européenne ; un des soldats écrit à son amie qu’il n’a même
pas dû tirer, que c’était donc facile, mais que son adresse au tir est en train
de diminuer ; ce à quoi elle lui répond de ne pas s’en faire, et qu’il
aura bien d’autres occasions de s’exercer (2). Personne ne parle des 80 enfants
qui seront sans école à la rentrée (1), alors que 3 455 maisons de colons
sont construites sur des terres privées palestiniennes. Mais ce n’est pas très
grave, parce que ces structures qui sont tout aussi illégales que les écoles
dont il vient d’être question, peuvent se voir légalisées par la loi
d’expropriation qui est en cour d’examen par la Haute Cour de Justice
israélienne. Parce que, quand même, c’est de bonne foi que ces maisons ont été
construites dans les colonies…(3)
(1) IDF destroys two illegal EU-funded Palestinian schools, The Jerusalem Post, August 23, 2017.
(2) Amira Hass, With the
occupation in never never land, Haartez,
August 28, 2017.
(3) Yotam Berger,
Revealed : Nearly 3,500 settlement homes built on private Palestinian
land, Haaretz, August 23, 2017.
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