Pierre Pestieau
Dans mon enfance, il arrivait souvent que le dimanche au sortir de la
messe, ma grand-mère et dans une moindre mesure, mes parents fassent des
réflexions sur les mariages qui se préparaient. Les commentaires sur les jeunes
femmes portaient sur leur beauté mais aussi sur la largeur de leur bassin, gage
de naissances nombreuses et faciles. Pour les garçons on parlait plutôt de leur
métier mais aussi de leur éventuel penchant pour la boisson. Autre thème
favori, les éventuelles tares familiales.
Il y a quelques 25 ans, j’assistais à un séminaire donné par un économiste
de qualité. Il nous présentait un modèle de mariage. Pour les femmes, ce qui
comptait, c’était leur capacité de « faire » des enfants et pour les
hommes, c’était leur capacité de faire de l’argent. C’était là deux
caractéristiques que l’on ne découvrait qu’avec du temps, la première plus
rapidement que la seconde. A la suite d’un petit exemple numérique, il
concluait que l’âge optimal du mariage était de 27 ans pour les hommes et de 24
pour les femmes. J’en éprouvais une grande satisfaction puisque c’étaient les
âges que ma femme et moi avions lorsque nous nous sommes mariés.
Imaginons un instant que les jeunes suivent ces préceptes et dans leurs
choix privilégient les facteurs de bonne santé pour eux mais aussi pour leurs
enfants. Ils auraient toute l’information nécessaire sur la longévité des
parents et grands-parents de leurs éventuels conjoints mais aussi sur leurs
attitudes vis-à-vis des 4 péché capitaux : le tabagisme, l’alcoolisme, la
mauvaise alimentation et le manque d’exercice. Si ce sont ces facteurs qui
déterminent leurs choix, on aboutit à une société où règne le principe de la sélection
naturelle. Les vies longues se
marieraient entre elles et les vies
courtes seraient forcées de se marier entre elles, à défaut d’autres choix.
A terme, notre belle planète ne serait peuplée que d’individus voués à des vies
de centenaires. Les vies courtes
auraient disparu.
Dans ce raisonnement, je fais abstraction de la richesse. Si de surcroit
les couples se formaient en fonction de la richesse et pas seulement de la
santé, ces centenaires seraient aussi riches. Mais qui ferait le sale
boulot ?
Ce n’est pas ce qui se passe en général. La raison est que dans le monde
réel, il existe un grain de sable qui enraye cette belle mécanique. C’est ce
qu’on appelle les affinités électives ou tout simplement l’amour… et sa
disparition.
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