Victor Ginsburgh
Je suis un
fervent lecteur d’un site web intitulé “Quora Quest” sur lequel n’importe qui
peut poser des questions et n’importe qui peut répondre, mais ce sont
généralement des scientifiques, parce que les questions le sont souvent. Je
donne comme exemple les questions posées et auxquelles il y avait des réponses
le 24 juillet 2017 :
Est-ce que la Rome antique était aussi grande que la montrent les films ?
Pourquoi les
particules ont-elles une charge ?
Quelles sont les
cinq choses que peut faire quotidiennement un individu pour être heureux ?
Pourquoi les
électrons ne se crashent-ils pas dans le noyau ?
Quel genre de
livres Warren Buffet lit-il ?
Quelle suggestion
auriez-vous pu vous faire il y a dix
ans ?
Quelles raisons
peut-on invoquer pour suggérer que l’intelligence est répartie de façon
égalitaire dans le monde ?
Mais la plus
jolie de ce jour-là était la suivante :
Selon la Bible,
l’humain est apparu sur terre il y a quelque 5.000 ans, ce qui me semble
correct. En quoi n’ai-je pas raison ?
Voici la très
gentille et polie réponse d’une certaine Claire Jordan :
« Il y a des
arbres qui vivent toujours et qui sont plus âgés que cela. Je devine que vous
êtes un(e) Américain(e), non seulement parce que beaucoup de créationnistes le
sont, mais aussi parce que 5.000 ans vous paraît être très long. Il y a 5.000
ans le complexe de temples bâtis dans le Ness de Brodgar à Orkney (Ecosse) était
déjà âgé de 300 ans. On a retrouvé des traces de pieds humains dans le Norfolk
qui sont vieilles de 700.000 ans… »
Je trouve la
réponse de Claire Jordan bien gentille, parce qu’elle sous-estime, sans doute
exprès, l’âge des traces de pieds de 200.000 ans pour ne pas trop choquer celui
ou celle qui a posé la question. Et polie, parce que je n’aurais pas pu
répondre ainsi, voire pas du tout à cette étonnante question. Encore que dans
le pays de Trump (et même d’Obama), cela n’étonne guère. Il a fallu lancer des
appels à la population de Floride pour l’empêcher de tirer au fusil sur
l’ouragan Irma.
Je suis aussi un
non-croyant et suis tombé sur une enquête (1) faite dans 13 pays situés sur
tous les continents, dont les Etats-Unis évidemment. La situation à juger
suivie de questions, devait permettre de donner une idée de la corrélation éventuelle
entre crime crapuleux et non croyance :
« Un homme
qui avait torturé des animaux quand il était jeune, a fini par s’en prendre à
des humains. Il a tué cinq sans-abris qu’il avait attirés chez lui. Leurs corps
démembrés reposent dans sa cave ».
Voici, parmi un
certain nombre d’autres questions destinées à brouiller les pistes, les deux
questions, posées dans chaque pays à une moitié des participants à
l’enquête :
(a) « Le
criminel est un instituteur ou bien le
criminel est un instituteur qui ne croit pas en dieu ». Cochez la case à
laquelle vous croyez.
(b) « Le
criminel est un instituteur ou bien
le criminel est un instituteur croyant ». Cochez la case à laquelle vous
croyez.
Que pensez-vous
qu’il arriva ?
A la question (a)
soixante pour cent des répondants ont choisi l’instituteur athée comme tueur ;
à la question (b) c’est l’instituteur (non qualifié de croyant) qui tue dans 70
pour cent des cas.
Signature de l'abrogation d'un décret d'Obama |
Un des auteurs de
la recherche explique avoir utilisé cette question impliquant un tueur
psychopathe parce qu’il pensait que même si les gens ne font pas confiance à
des non-croyants pour du baby-sitting, tous ne pensent pas que les non-croyants
sont des tueurs en série.
A voir la
photographie des religieux américains qui se réjouissent de l’abrogation d’un
décret d’Obama qui protège de la discriminations les gays et les lesbiennes et
le libre choix des femmes (2), on aurait sans aucun doute pu changer le mot non-croyant
en gay, lesbienne ou médecin qui pratique l’interruption volontaire de
grossesse. Tous des affreux criminels.
(1) W. Gervais et al. (2017), Global evidence of
extreme moral prejudice against atheists, Nature
Human Behavior, published online 7 August 2017.
(2) Cette photographie est tirée d’un article de
B. Protess, D. Ivory and S. Eder, Where Trump’s hands-off approach to governing
does not apply, The New York Times,
September 10, 2017. Voici le texte qui figure sous la photographie : « Surrounded by
religious leaders, President Trump signed an executive order in the Rose Garden
in May that took aim at Obama-era regulations intended to protect gay people
from discrimination and ensure that women have access to birth control.”
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