mardi 26 septembre 2017

A quel âge?

Pierre Pestieau

Quand on se rapproche de la fin de sa vie active, on fait face à des échéances qui nous sont imposées et d’autres sur lesquelles nous avons un certain degré de liberté. Il y a trois échéances sur lesquelles nous n’avons guère de prise (1). D’abord, l’âge légal de la retraite, 65 ans et bientôt 67. Ensuite l’âge de la sénilité ou de la démence, à partir de laquelle nous ne pouvons plus rien faire d’utile (2). Enfin, l’âge de notre mort. A côté, il y a d’autres âges que nous pouvons choisir ; ils sont au nombre de deux.

D’abord, il y a l’âge auquel nous cessons notre activité formelle et prenons notre retraite. Il existe en effet une fenêtre plus ou moins large à l’intérieur de laquelle on peut choisir de partir à la retraite avant l’âge légal. La fenêtre la plus connue en Belgique est actuellement celle de 60-65 ans. La majorité des Belges profitent de ces fenêtres et partent à la retraite bien avant l’âge légal pour plusieurs raisons. Pour des raisons de santé ou bien par calcul économique. Il arrive aussi, mais c’est plus rare, que certains décident de partir prématurément par altruisme ; ils libèrent ainsi un poste pour un plus jeune. Ajoutons que tous les travailleurs n’ont même pas cette liberté de choix : leur employeur peut les forcer à partir prématurément.


Ensuite il y a l’âge auquel on décide vraiment de cesser toute activité. En effet ce n’est pas parce que l’on part à la retraite que l’on devient inactif. Beaucoup s’engagent dans des activités bénévoles avec plus ou moins d’intensité ; d’autres continuent leur activité professionnelle par passion. La possibilité récente de pouvoir continuer une activité professionnelle modérée tout en touchant une pension rend cette possibilité plus facile.

Cette dernière catégorie, à laquelle j’appartiens, a la chance énorme de pouvoir continuer une activité gratifiante. Cette chance n’est pas donnée à tout le monde ; j’en suis conscient. Pour des raisons évidentes, cette activité connaîtra une fin et le moment de cette fin, de cette vraie retraite, relève du libre choix de chaque personne. Les facteurs qui détermineront le choix d’un chacun sont naturellement la santé, physique et mentale, mais aussi le sentiment que  sa contribution sociale reste positive. Prenant l’exemple du chercheur, il peut arriver un moment où il a le sentiment que ses travaux ne sont plus acceptés par la profession ou encore qu’en les plaçant dans des revues dont le nombre de pages n’est pas infini, il prend la place des jeunes. La difficulté est que l’on peut ne pas avoir le discernement de comprendre qu’il est temps de jeter l’éponge afin  d’éviter ce que l’on appelle dans le langage sportif le combat de trop.  C’est à ce moment que les amis ou la famille peuvent jouer un rôle essentiel.

(1) Je ne parle pas ici des échéances que les croyants connaîtront dans l’au-delà.
(2) Mon collègue Sergio Perelman, qui s’intéresse plus particulièrement à la maladie d’Alzheimer a pu montrer que cette échéance pouvait être reportée si l’on restait actif. 

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