Pierre Pestieau
Quand on se rapproche de la fin de sa vie active, on fait face à des
échéances qui nous sont imposées et d’autres sur lesquelles nous avons un
certain degré de liberté. Il y a trois échéances sur lesquelles nous n’avons guère
de prise (1). D’abord, l’âge légal de la retraite, 65 ans et bientôt 67.
Ensuite l’âge de la sénilité ou de la démence, à partir de laquelle nous ne
pouvons plus rien faire d’utile (2). Enfin, l’âge de notre mort. A côté, il y a
d’autres âges que nous pouvons choisir ; ils sont au nombre de deux.
D’abord, il y a l’âge auquel nous cessons notre activité formelle et
prenons notre retraite. Il existe en effet une fenêtre plus ou moins large à l’intérieur
de laquelle on peut choisir de partir à la retraite avant l’âge légal. La fenêtre
la plus connue en Belgique est actuellement celle de 60-65 ans. La majorité des
Belges profitent de ces fenêtres et partent à la retraite bien avant l’âge
légal pour plusieurs raisons. Pour des raisons de santé ou bien par calcul
économique. Il arrive aussi, mais c’est plus rare, que certains décident de
partir prématurément par altruisme ; ils libèrent ainsi un poste pour un
plus jeune. Ajoutons que tous les travailleurs n’ont même pas cette liberté de
choix : leur employeur peut les forcer à partir prématurément.
Ensuite il y a l’âge auquel on décide vraiment de cesser toute activité. En
effet ce n’est pas parce que l’on part à la retraite que l’on devient inactif.
Beaucoup s’engagent dans des activités bénévoles avec plus ou moins d’intensité ;
d’autres continuent leur activité professionnelle par passion. La possibilité récente
de pouvoir continuer une activité professionnelle modérée tout en touchant une pension
rend cette possibilité plus facile.
Cette dernière catégorie, à laquelle j’appartiens, a la chance énorme de
pouvoir continuer une activité gratifiante. Cette chance n’est pas donnée à
tout le monde ; j’en suis conscient. Pour des raisons évidentes, cette activité
connaîtra une fin et le moment de cette fin, de cette vraie retraite, relève du
libre choix de chaque personne. Les facteurs qui détermineront le choix d’un
chacun sont naturellement la santé, physique et mentale, mais aussi le
sentiment que sa contribution sociale
reste positive. Prenant l’exemple du chercheur, il peut arriver un moment où il
a le sentiment que ses travaux ne sont plus acceptés par la profession ou
encore qu’en les plaçant dans des revues dont le nombre de pages n’est pas
infini, il prend la place des jeunes. La difficulté est que l’on peut ne pas
avoir le discernement de comprendre qu’il est temps de jeter l’éponge afin d’éviter ce que l’on appelle dans le langage
sportif le combat de trop. C’est à ce
moment que les amis ou la famille peuvent jouer un rôle essentiel.
(1) Je ne parle pas ici des échéances que les croyants
connaîtront dans l’au-delà.
(2) Mon collègue Sergio Perelman, qui s’intéresse plus
particulièrement à la maladie d’Alzheimer a pu montrer que cette échéance
pouvait être reportée si l’on restait actif.
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