Victor Ginsburgh
« La commission de l’Éducation du parlement de la Fédération
Wallonie-Bruxelles entamera le 23 octobre 2012 une série d’auditions sur le
projet d’un tronc commun aux cours de religion, philosophie et morale dès l’école primaire (1) ».
De Charybde en Scylla.
Durant le troisième trimestre de la deuxième année primaire,
j’ai été amené à suivre un cours de religion (protestante). Le cours commençait par des chants et se terminait, sans doute comme les autres cours de
religion chrétienne à l’époque, par une distribution d’images saintes que nous
devions insérer dans notre livre de prières. Mais au moins j’avais appris
quelque chose sur la musique, qui, aujourd’hui, ne fait plus du tout partie de
l’enseignement.
En
troisième primaire, je me suis enfui du cours de religion que je trouvais d’un
ennui incommensurable et suis allé au cours de morale. Je mentirais si je disais que c’était
mieux. Sauf une seule fois durant les 10 ans et un trimestre de mes études
primaires et secondaires.
En quatrième primaire.
Le cours de morale était fait
par notre instituteur (catholique), qui réunissait les trois élèves
inscrits : deux filles et moi. Il nous faisait cours en plein air, dans un
joli pavillon au toit de chaume, et nous étions assis en rond sur un banc. Programme
de ce jour-là : « Je vais poser à chacun de vous une question qui
sera facile pour le premier, plus difficile pour le second et très difficile
pour le troisième d’entre vous. Que celui ou celle qui veut commencer lève
le doigt ». Et le doigt qui se lève avant qu’il n’ait fini de parler, est le
mien… Un moment de honte, mais un vrai cours de morale jamais oublié, le seul
important de ma vie.
Je n’ai ni le droit ni l’envie de dire s’il faut
remplacer les cours de religion par autre chose. Mais plutôt que d’entendre des
âneries du cours de morale, de l’organisation des élections belges, à la
gestion des communes belges en première année de lycée — au Congo, qui était
belge à l’époque, mais quand même ! — pour encaisser en dernière année
dans le même lycée, une demi-heure sur Platon, suivie (ou précédée) d’une
demi-heure sur Socrate, pour arriver en haletant après un grand nombre de
demi-heures, à Locke et Hume en passant par Spinoza — 15 minutes, sans doute le
professeur de morale ne l’aimait pas trop — et en ne comprenant rien, c’était un peu beaucoup.
Et si on remplaçait les cours de morale par des
cours de culture sur les civilisations non européennes ? La Chine (et les
comptoirs brutaux installés par les Européens qui ont aussi engendré l’usage et
la Guerre de l’Opium), l’Inde (et les blondinets colons et colonels britanniques),
l’Amérique du Nord (et les tueries d’Indiens par les descendants des gentils pèlerins
du Mayflower), le Mexique (et les horreurs perpétrées par les conquistadors
espagnols), l’Amérique du Sud (et
les mensonges de Pizarro à l’Inca Atahualpa, au nom de la chrétienté), le Congo
et l’Afrique en général (avec les abus de la colonisation belge, britannique,
française, hollandaise, portugaise), les pays arabes et leur apport culturel
à l’Europe à partir du 8e siècle de notre ère, dont on ne voit aujourd’hui
que le mauvais côté des choses.
Avec un avantage important puisque tout ceci
peut, pour ceux qui s’installent bien au chaud près des radiateurs, être
illustré facilement par Le Lotus Bleu, Tintin
en Amérique, Le Temple du Soleil, Tintin au Congo, L’Or Noir et bien
d’autres aventures.
(1) La
presse en général et en particulier L’avenir.net,
9 octobre 2012 http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=DMF20121009_00215788
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