Pierre Pestieau
Depuis plusieurs années, je fréquente
la Banque Mondiale
qui fort aimablement me prête un bureau. Comme j’ai déjà eu
l’occasion de l’écrire, la Banque Mondiale fait de la lutte contre la pauvreté
une priorité à tel point que l’on ne peut pas faire un pas sans que sur un mur,
une porte ou un plafond de son immeuble on ne lise les deux mots
incantatoires : End Poverty. Il y a de nombreux économistes qui travaillent
sur le sujet et qui se déplacent dans les pays du tiers monde pour lancer des
programmes divers de lutte contre la pauvreté. Dans les bureaux de Washington
des chercheurs de qualité étudient différentes facettes de la pauvreté, comment
la mesurer, l’expliquer et la combattre. La Banque Mondiale est sans doute le
centre de recherche qui concentre le plus de chercheurs dont les travaux sont
axés sur cette thématique. Il arrive que sous forme de boutade l’on ose
dire : que deviendraient tous ces gens si la pauvreté disparaissait du
jour au lendemain ? A mon avis le même sort que les soviétologues qui ont
fini dans l’anonymat ou sont devenus des spécialistes de la transition. Les uns
se réadapteraient à de nouveaux thèmes, par exemple les riches et leurs
angoisses, et d’autres sombreraient dans la dépression.