mercredi 28 mai 2025
Le Titanic
jeudi 22 mai 2025
Lettre n° 439 (*)
Il s’agit d’une des nombreuses lettres que Napoléon à écrites à son épouse Joséphine, lorsqu’il était en guerre, je ne sais pas trop où (en Belgique peut-être...) Je n’ai pas pu résister de vous la transmettre. Elle est magnifique comme le sont sans doute beaucoup d’autres lettres de Napoléon (Victor Ginsburgh).
![]() |
Le général Bonaparte (en guerre) à son épouse Joséphine, 1796 |
Adieu ! Ah ! si tu m’aimes moins, tu ne m’aurais jamais aimé. Je serais alors bien à plaindre.
Femme ! ! !
(*) Voir Henri Foljambe Hall: Projet Gutenberg, Lettres de Napoléon à Joséphine, 1796-1812
jeudi 15 mai 2025
Détestent-ils vraiment Trump autant qu’ils le prétendent ? / Do They Really Hate Trump as Much as They Say?
Pierre Pestieau
(English version below)
Il peut sembler surprenant, voire paradoxal, que la moitié de l’Amérique opposée à la politique de l’administration Trump — souvent plus aisée, plus instruite et davantage préoccupée par les biens publics globaux tels que la santé ou l’environnement — n’ait pas cherché à compenser, par des contributions volontaires, le retrait des financements fédéraux imposé par la présidence. Faut-il y voir une contradiction entre les discours et les actes ? Plusieurs explications structurelles, psychologiques et culturelles peuvent éclairer cette apparente inertie. Sont-elles pour autant pleinement convaincantes ?
Dans les sociétés développées, et plus particulièrement dans les démocraties sociales européennes, les citoyens ont tendance à déléguer aux institutions publiques la responsabilité de la solidarité et de la protection des biens communs. Une fois l’impôt payé, ils considèrent que la mission est accomplie. Ainsi, lorsque l’État se désengage, le réflexe d’auto-substitution ne va pas de soi. Ce schéma, cependant, est moins enraciné aux États-Unis, où la défiance envers l’État fédéral et la valorisation de l’initiative privée sont plus fortes. Cette observation affaiblit donc l’argument de la délégation morale automatique.
Plus convaincante est sans doute la difficulté bien connue en économie politique : celle de la coordination collective. Même si un grand nombre d’individus sont prêts à agir, l’absence d’un cadre organisé empêche souvent une mobilisation à grande échelle. Contrairement à l’impôt, qui repose sur une obligation universelle, les dons volontaires dépendent de l’initiative personnelle et se heurtent au problème du « passager clandestin » : chacun attend que d’autres agissent à sa place, ce qui entraîne une sous-provision chronique des biens publics. Cette dynamique est exacerbée par la dispersion des causes soutenues. Les citoyens progressistes s’engagent volontiers dans des projets locaux, militants ou sectoriels, mais il manque souvent une infrastructure commune pour canaliser ces ressources vers des objectifs globaux, comme ceux que poursuivaient certaines grandes ONG internationales.
Certes, on ne peut nier que des réactions ponctuelles ont émergé. Des plateformes telles que Planned Parenthood ou des campagnes de financement participatif ont bénéficié, sous Trump, d’un afflux de dons motivés par l’indignation. Mais ces élans sont souvent réactifs, émotionnels, et éphémères — loin d’une stratégie cohérente de remplacement du financement public à long terme.
Au fond, si l’opposition progressiste n’a pas comblé le vide laissé par le désengagement de l’État fédéral, c’est peut-être aussi parce que cette politique ne l’affecte que marginalement. Quand elle le fait, les personnes concernées se concentrent sur la résolution de leurs difficultés immédiates, sans toujours avoir les moyens ou la disponibilité d’organiser une réponse collective.
Ce constat met en lumière les limites du volontarisme individuel face au recul de l’action publique, même dans les sociétés les plus riches, les plus cultivées, et les plus engagées en apparence. Derrière la rhétorique de l’indignation, l’inertie persiste — révélant une fois encore que l’efficacité des politiques publiques ne se laisse pas aisément remplacer par la bonne volonté des individus, fussent-ils nombreux et sincères.
Pour conclure, on rappellera cette citation de Berthold Brecht :
Do They Really Hate Trump as Much as They Say?
Pierre Pestieau
It may seem surprising — even paradoxical — that the half of America opposed to the Trump administration’s policies, a group generally wealthier, better educated, and more attuned to global public goods like health and the environment, did not step in to offset, through voluntary contributions, the public funding cuts implemented during his presidency. Does this reveal a gap between stated values and actual behavior? Several structural, psychological, and cultural factors may help explain this apparent inertia — but how convincing are they?
In developed societies — particularly in Europe’s social democracies — citizens traditionally delegate responsibility for the common good to public institutions. Once taxes are paid, there is a sense that one's civic duty has been fulfilled. Thus, when the state withdraws, that delegation is broken, but individuals do not necessarily respond with a reflex to substitute it through private giving. However, this logic holds less firmly in the United States, where distrust of centralized government and a strong culture of private initiative are more prevalent — which somewhat weakens the delegation argument.
More compelling is the classic challenge of collective action. Even when many individuals are willing to contribute, the absence of a centralized coordination mechanism often undermines effective mobilization. Unlike taxation, which applies universally, voluntary donations rely on individual initiative and are subject to the “free rider” problem: each person hopes others will contribute, resulting in the underprovision of public goods. This difficulty is compounded by the fragmentation of causes: progressive citizens tend to support local, targeted, or activist efforts, but there is often no common platform to channel resources toward global issues — the very issues that many international NGOs used to address with public support.
It is true that some responses did occur. Organizations such as Planned Parenthood and various online crowdfunding campaigns experienced a surge in donations during the Trump years. Yet these gestures were often emotional, short-lived reactions to specific policy decisions, rather than a coherent long-term strategy to replace public funding.
Ultimately, the reason progressive Americans did not step in to fill the gap left by federal disengagement may be that they were not personally affected by these policies — or when they were, their priority was simply to cope. This reality underscores the limits of individual voluntarism as a substitute for public action, even in wealthy and socially engaged societies.
Behind the rhetoric of outrage lies a deeper inertia — a reminder that collective problems rarely find adequate solutions through scattered private efforts, no matter how sincere. In the end, public policy remains difficult to replace, and moral conviction alone seldom builds institutions.
To conclude, it might be relevant to recall this citation of Berthold Brecht:
jeudi 8 mai 2025
Une étude révèle que les perruches ont des régions productrices de langages qui ressemblent aux nôtres
Ella Jeffries, Science News, 21 mars 2025
Pendant ma vie passée en Afrique (1939-1957), j’ai vécu avec trois perroquets qui étaient bien plus grands que les perruches. Deux d’entre eux grimpaient dans mon lit de grand matin et m’ont souvent grignoté les doigts et même les oreilles. Je n’ai été mordu qu’une seule fois. Comme vous le voyez, je suis heureusement encore là, mais sans mes bavardages avec mes perroquets hélas... (Victor Ginsburgh).
Les perroquets et les perruches fascinent depuis longtemps les humains en imitant leur parole. De nouvelles recherches pourraient aider les scientifiques à mieux comprendre le fonctionnement de la parole chez l'homme, en particulier dans les cas de troubles de la parole.
Pour étudier comment les perruches traitent et produisent des sons semblables à ceux des humains, des chercheurs se sont concentrés sur une région du cerveau, qui joue un rôle essentiel dans le contrôle de la production vocale. Ces chercheurs ont découvert que différents modèles neuronaux dans cette région correspondent à différents sons – un processus qui reflète la façon dont le cerveau humain encode la parole.
L'étude s'ajoute à un nombre croissant de recherches sur la cognition animale, soulignant que les oiseaux peuvent posséder des processus neuronaux plus avancés qu'on ne le croyait. Les perroquets sont déjà connus pour leur mémoire impressionnante, mais cette nouvelle découverte remet en question l'hypothèse selon laquelle le contrôle vocal complexe est propre aux humains.
Un chercheur de l'Université Rockefeller souligne l'importance de la découverte, et montre que l'activité neuronale et le comportement vocal associé sont plus proches entre perroquets et humains qu’entreperroquets et oiseaux chanteurs.
Les similitudes entre les cerveaux humains et les cerveaux de perruches suggèrent que ces deux espèces pourraient avoir développé des stratégies neuronales comparables pour l'apprentissage vocal, bien qu'elles soient séparées par des millions d'années d'évolution.
La recherche pourrait avoir des applications pratiques pour la santé humaine. En comprenant mieux comment le cerveau organise la production vocale des perruches, les chercheurs espèrent obtenir de nouvelles connaissances sur les troubles de la parole humaine, tels que l'aphasie et la maladie de Parkinson.
« De telles études promettent de faire progresser les thérapies orthophoniques et inspirer les technologies d'interface cerveau-ordinateur », écrit un neuro-scientifique de l'Université du Delaware.
Une équipe de la New York University travaille avec des chercheurs en apprentissage automatique pour tenter une « traduction » des vocalisations des perruches. Si ces chercheurs sont couronnés de succès, leurs travaux pourraient fournir des informations plus approfondies sur la question de savoir si ces oiseaux communiquent vraiment lorsqu'ils imitent la parole humaine.
jeudi 1 mai 2025
Sont-ils vertueux ?
Pierre Pestieau
![]() |
Si vous saviez que l'économie était une science lugubre, pourquoi êtes-vous devenu économiste ? |