mercredi 27 février 2019

Un certain Adolph H. est de retour

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Victor Ginsburgh

A night at the garden
Adolph H. s’est récemment manifesté trois fois et en trois lieux différents. Décidément, le don d’ubiquité existe, de même que celui d’immortalité. On ne peut être mort et présent en trois endroits durant le même mois.

Un peu moins d’un an après l’accueil enthousiaste d’Hitler par l’Autriche en mars 1938, le 20 février 1939 très exactement, et alors que l’Allemagne venait de terminer la construction du sixième camp de concentration, 20.000 américains se réunissent à Madison Square, New York pour célébrer les idées du Parti Nazi. Face à des drapeaux américains et à d’autres frappés de la croix gammée, le discours du Führer local réclame une société blanche, non-juive, et des syndicats débarrassés de la domination juive dirigée depuis Moscou. Un film, A Night at the Garden, vient d’être reconstitué et figurait parmi les cinq documentaires nominés aux Oscars 2019. « Dans le climat actuel d’intolérance, cette séquence est particulièrement glaçante » peut-on lire dans le New York Times du 6 février 2019 (1).

mercredi 20 février 2019

Repenser la gauche. L’environnement

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Pierre Pestieau

 Les questions environnementales sont nombreuses. Celle qui vient d’abord à l’esprit est la question du changement climatique. Cette question peut être subdivisée en deux sous-questions : quelles sont les conséquences de ce changement et quelles en sont les causes ?

On peut citer quatre conséquences majeures du changement climatique (1). D’abord les phénomènes climatiques extrêmes comme des tempêtes, sécheresses, des précipitations abondantes... arrivent de plus en plus fréquemment. Ensuite, les saisons sont devenues instables, ce qui a, entre autres, des effets sur l'agriculture et sur la flore et la faune. En outre, le niveau des mers monte ce qui constitue une menace pour des millions de personnes vivant à proximité des côtes. Enfin, il y a la fonte des glaciers qui devrait mettre en danger l'approvisionnement en eau de nombreuses personnes. 

mercredi 13 février 2019

Watson et Carrel, un raciste et un eugéniste oubliés

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Victor Ginsburgh

Nous oublions, mais eux le rappellent.

En juin 2018, un certain Watson, Prix Nobel de Médecine 1962, interviewé par un journaliste sur la chaîne PBS qui lui demandait s’il avait changé ses vues concernant la relation entre intelligence et race, a froidement répondu « Non, pas du tout. J’aurais aimé avoir un autre avis, mais je n’ai rien vu de récent qui me contredit lorsque je pense qu’il y a une différence dans les tests d’intelligence entre noirs et blancs et je dis que cette différence est génétique ». C’est ce même individu qui, en compagnie de son collègue Crick, avait « un peu volé » la découverte de la double hélice à Rosalind Franklin (1). Mais il disait beaucoup de bien d’elle, notamment qu’elle n’était « pas mal (not unattractive) mais mal attifée ». Et que les scientifiques femmes au boulot « c’est plus chouette que les hommes, mais probablement moins efficace ». Il s’est aussi pris pour un bon sociologue (voire économiste) en expliquant qu’il était « très pessimiste sur le sort de l’Afrique, parce que nos politiques sociales sont basées sur l’hypothèse que leur intelligence est la même que la nôtre, alors que tous les tests disent : ‘pas vraiment’ ». Watson aurait aussi dit qu’il existait une corrélation entre libido et couleur de la peau : « C’est bien pourquoi les bons amants sont latins mais que vous n’entendez jamais parler d’un amant anglais ». Encore que cette dernière histoire soit plutôt amusante. En 2007, il avait été démis de ses fonctions officielles dans son laboratoire de Long Island, mais avait gardé son bureau. Il s’est, par la suite, plaint de ne plus avoir les moyens de survivre et a fini par vendre sa médaille Nobel… Mais, en fin 2018, il s’est fait virer tout court de son laboratoire pour les propos racistes qu’il avait tenus en juin de la même année.

mercredi 6 février 2019

Repenser la gauche

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Pierre Pestieau

La gauche est en crise, c’est un lieu commun (1). Son échec tient à un simple constat : elle n’a pas été capable ces derniers temps d’apporter une réponse convaincante aux menaces qui pèsent sur une population qui longtemps avait compté sur elle. Que ces menaces soient réelles ou non n’importe pas. Cette réponse trop attendue ne pourra être que complexe dans la mesure où ces menaces sont multiples. Elle sera difficile dans la mesure où elle se heurte à des contraintes qui sont nouvelles par rapport à ce qui se passait il y a plusieurs décennies.

Deux contraintes semblent dominer. Il y a d’abord le fait que l’espace économique est beaucoup plus large que l’espace politique. En d’autres termes, à l’échelon national qui est celui du pouvoir politique, beaucoup de décisions d’ordre économique ne peuvent pas être prises. C’est la résultante d’un capitalisme mondialisé. Ensuite, il y a l’émergence à tous les niveaux d’un individualisme forcené qui empêche toute solution coopérative. Cela se traduit notamment par le fameux Nimby qui signifie « pas dans mon arrière-cour » et qui peut aussi être utilisé dans un sens figuré pour décrire les personnes qui prônent une certaine proposition (par exemple des mesures d’austérité budgétaire, des augmentations d’impôts, des réductions d’effectifs), mais s’opposent à son application dès lors que cela exigerait un sacrifice de leur part.