mercredi 31 octobre 2018

Quarante ans après Charlottesville, Virginie, 1979, Afula, Israël, 2018, et autres

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Victor Ginsburgh

A l’époque où j’étais professeur visiteur à l’Université de Virginie (Charlottesville) en 1979, j’ai été stupéfait d’apprendre que ni les Noirs ni les Juifs ne pouvaient acheter une propriété autour du golf en construction à peu de distance de Charlottesville. Je ne me souviens pas trop si c’était écrit sur des pancartes le long du golf, ou si c’était simplement (!) la rumeur, mais je le savais, même si je n’ai été visiteur que pendant quelques mois. Je ne pouvais pas imaginer que la Virginie, à quelque 100 Km à l’ouest de Washington, était un état raciste en 1979. J’avais tort. Elle l’était.

Ces gens là

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Pierre Pestieau

Nul ne peut nier que si l’on veut vivre longtemps et en bonne santé il vaut mieux ne pas fumer, ne pas boire, suivre un régime alimentaire sain et faire un exercice physique modéré. En d’autres termes se tenir à l’écart des quatre péchés capitaux que sont l’alcoolisme, le tabac, la sédentarité et l’obésité.
Rien à redire aussi longtemps que cela vient des médecins. Le problème apparaît dès lors que le politique s’en empare. On observe que ce sont surtout les classes sociales défavorisées qui « s’abandonnent », comme on dit,  à ces vices. Et pourquoi ? Essentiellement parce qu’elles seraient ignorantes ou qu’elles auraient une préférence élevée à l’égard du présent, qui leur ferait préférer la gratification immédiate aux bénéfices de long terme que sont la santé, l’autonomie et la longévité.
Les économistes parlent à ce sujet de biens peccamineux (sin goods) et ils proposent de les taxer lourdement puisqu’il n’y a pas d’autres façons de faire entendre raison à « ces  gens là » (1). 

mardi 23 octobre 2018

Nous allons droit dans le mur. Mais lequel ?

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Pierre Pestieau

Depuis quelque temps, au gré des rencontres, je me trouve devant des gens qui sont convaincus que nous allons droit dans le mur. Le problème est que les raisons de ce pessimisme, de cette conviction que l’humanité va à sa perte, varient d’une personne à l’autre. Je distinguerai quatre types de Cassandre. Il y en a sans doute plus. Chacun a les siennes.

Il y a ceux qui voient dans l’intelligence artificielle et dans la robolution une menace létale pour l’homme. Il y a ensuite ceux qui pensent que nous courons à notre extinction dans la manière dont nous traitons la planète terre. Il y aussi ceux qui  pensent que les fractures diverses et croissantes qui séparent les pays et les hommes nous conduisent à la catastrophe. Enfin il y a ceux qui sont obsédés par l’insoutenabilité de l’endettement que nous contractons au détriment des générations futures.

Glyphosate et consorts dans l’Union Européenne

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Victor Ginsburgh

Bruxelles arrosée de glyphosate
Vous aurez tous lu que le glyphosate et autres néonicotinoïdes avaient été interdits dans la région de Bruxelles capitale depuis 2016 par les autorités de ladite région. Sans trop le dire tout haut sans doute et c’était bien ainsi. Mais c’est quand même arrivé aux oreilles des édiles de la Commission Européenne qui viennent d’expliquer il y a quelques jours à ces pauvres cons bruxellois que nous sommes, que « nous ne pouvons pas invoquer des considérations de sécurité générales et abstraites liées à une substance active en se référant au principe de précaution ». Na !

dimanche 14 octobre 2018

Les post-vagues qui résultent de la Joyeuse Entrée » de Kavanaugh à la Cour Suprême

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Victor Ginsburgh

Il faudrait pendre (parce que la pendaison existe encore dans ce pays, dans l’Etat de Washington, notamment) celui qui a récemment osé dire : « Je pense que les femmes ont été bien plus fortes que les hommes dans cette lutte. Elles ont été indignées (outraged) par ce qui est arrivé à Brett Kavanaugh. Oui, indignées » (1). Vous aviez évidemment deviné que ce ne pouvait être que Donald Trump pour raconter de telles conneries.

Mais de fait, cinq des six sénatrices républicaines ont voté pour Kavanaugh. Femmes, retenez leurs noms, mais haïssez-les : Susan Collins, Deb Fischer, Shelley Moore Capito, Joni Ernst et Cindy Hyde Smith. Seule Lisa Murkowki, sénatrice de l’Etat d’Alaska, s’est déclarée « présente », mais sans voter « oui ». Elle a avoué « avoir subi son #MeToo personnel, sans donner de détails » (2).

Et si les pauvres vivaient plus longtemps et avaient plus d’enfants ?

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Pierre Pestieau

Selon la Banque Mondiale, un individu vit dans un état « d’extrême pauvreté» s’il vit avec moins de 1,90 dollar par jour. L’extrême pauvreté touche quelque 760 millions de personnes dans le monde, contre 1,9 milliard en 1990. Faut-il s’en réjouir. Oui mais…

D’abord le taux de décélération diminue de manière inquiétante. Ensuite, il faut bien avouer que pour la plupart des pays ce seuil de pauvreté est incroyablement bas (1). Enfin, il semblerait qu’il faille renoncer à l’éradication prochaine de cette extrême pauvreté.


mardi 9 octobre 2018

Les économistes et le climat

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Pierre Pestieau

Giraffe inondée
Le prix de la Banque de Suède (Prix Nobel en sciences économiques) vient d’être décerné aux Américains William Nordhaus et Paul Romer. Il les récompense pour avoir « mis au point des méthodes qui répondent à des défis parmi les plus fondamentaux et pressants de notre temps : conjuguer croissance durable à long terme de l’économie mondiale et bien-être de la planète »
Cette attribution m’a conduit à m’interroger sur le rôle que les économistes pouvaient jouer sur les questions de changement climatique. Romer est surtout connu pour ses travaux sur la croissance endogène, travaux qui en général ignorent royalement les questions d’environnement et de climat. Quant à Nordhaus, qui est sûrement l’un des économistes de l’environnement les plus connus, je retiens de lui sa réaction au fameux rapport Stern qui, en 2006, jetait un pavé dans la mare climatique. Ce rapport évaluait en effet le coût de l’inaction contre le changement climatique à 5-20 % du PIB mondial contre 1 % pour celui que représenteraient des reformes drastiques. Il a fait grand bruit à l’époque et il continue d’être pertinent. Il émanait non pas d’une quelconque ONG « partisane » mais du respectable ministère des finances britannique. Il avait été coordonné par Nicholas Stern, qui comme Romer est un ancien chef économiste et vice-président de la Banque mondiale.

Trois femmes

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Victor Ginsburgh

Sans vouloir imiter Musil, voici trois femmes que tout sépare, mais qui forcent notre admiration. L’une a vécu il y a 3.000 ans en Crète, l’autre est une allemande née en Pologne à la fin du 19e siècle qui devrait être fortement associée à la gloire de Duchamp pour sa Fontaine, et la troisième est une physicienne dont la proposition de page Wikipedia avait été rejetée par des « modérateurs » physiciens, sans doute, en mars 2018. Elle vient de recevoir le prix Nobel de physique en octobre de la même année.

La première, dont on n’a pas conservé le nom, a forcé la porte de la profession de potier qui était complètement dominée par les hommes durant le premier millénaire avant notre ère. On a retrouvé ses restes à Eleutherna (Apollonie). L’analyse de sa musculature a révélé qu’elle utilisait une jambe pour faire tourner sa roue de potier, ou plutôt de potière (1). Elle a sans doute produit des poteries différentes de ce que faisaient ses confrères masculins qui peignaient les vases que nous voyons dans tous les musées et sur lesquels sont représentés de vieux mâles tenant leur sexe d’une main et poursuivant des jeunes éphèbes de l’autre. Une époque où les femmes étaient confinées dans les gynécées. Télémaque, fils d’Ulysse et de Pénélope a dit à cette dernière de retourner dans ses appartements, de reprendre sa quenouille et que « discourir est l’affaires des hommes, de tous les hommes, mais surtout de moi qui détiens le pouvoir dans cette maison » (2).

mercredi 3 octobre 2018

De Margaret Chase Smith à Donald Trump, Brett Kavanaugh et les autres

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Victor Ginsburgh

Margaret Chase Smith, élue dans l’Etat du Maine en 1950, a été la première femme américaine tour à tour sénatrice et députée. Républicaine, elle défend les valeurs de son parti, mais n’hésite pas à s’y opposer. Elle soutient la position que les Américains devraient réfléchir en tant qu’êtres humains sur les libertés individuelles plutôt que de façon politicienne.

Devenue sénatrice au temps du sénateur républicain Joseph McCarthy, elle n’a jamais voulu prononcer le nom de cet individu maléfique qui avait dénoncé peu avant la soi-disant infiltration de 205 « ennemis intérieurs communistes » au Département d’Etat (1). McCarthy aurait regardé Mme Smith lors de son arrivée au Sénat en lui disant : « Vous avez l’air très sérieuse, allez-vous faire un discours ? », « Oui », lui aurait-elle répondu, « et vous n’allez pas l’aimer ». Et de fait, dans son discours intitulé « Déclaration de Conscience » (2), elle a été la première à prendre la parole contre McCarthy (sans prononcer son nom, évidemment) en déclarant notamment que « le peuple américain est malade et fatigué de voir des innocents calomniés et des coupables blanchis » ajoutant que « en tant que sénatrice, je ne suis pas fière du Sénat qui devient une plateforme versant dans le sensationnel irresponsable ».

Les jeunes et les vieux

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Pierre Pestieau

Une des motivations majeures que l’on trouve dans les différents projets de réforme des systèmes de retraite est l’idée bien légitime qu’il faut préserver le bien être des générations à venir. Il existe de nombreuses méthodes qui permettent de montrer que la dette que nous laissons à ces générations est exorbitante, nettement plus élevée que la seule dette publique, qui, soit dit en passant, n’est pas négligeable en France comme en Belgique, puisqu’elle tourne autour de 100% du PIB.

Une autre façon, moins précise mais plus parlante, de mesurer cette iniquité intergénérationnelle est de comparer les taux de pauvreté des personnes âgées avec celui des jeunes. Ici aussi le verdict est sans appel. La pauvreté est plus élevée chez les jeunes que chez les vieux.