Pierre Pestieau
jeudi 27 janvier 2022
Narayama, un vaisseau spatial
jeudi 20 janvier 2022
Vaccination ou pas ? Je reste pour, malgré...
Victor Ginsburgh
Je suis pour la vaccination contre le Covid et ai été vacciné dès que j’ai pu. J’ai simplement fait ce que je pensais qu’il était nécessaire de faire. J’ai trois doses de vaccin dans le corps depuis un bon bout de temps et me croyais invulnérable. Et sans doute très arrogant pour avoir fait des reproches à une partie de ma famille de faire le contraire : ne pas se faire vacciner.
J’ai néanmoins passé quatre jours dans mon lit, sans fièvre ni autre mal, si ce n’est l’angoisse de passer d’une vie à une autre, malgré mes trois vaccins. Et j’ai demandé aux membres de ma famille antivax de me pardonner de les avoir incités à se faire vacciner. Ils sont restés fermes et ne m’ont pas écouté.
Ils ont peut-être tort quand même. J’ai sous les yeux un article du journal israélien qui est sans aucun doute très sérieux et toujours bien informé (1). Et il est particulièrement clair et précis sur le développement de la pandémie dans le pays.
Voici les chiffres que les spécialistes israéliens donnent :
Peinture du Corrège : Ne me touche pas (Musée de Grenoble) |
14 pour cent âgés de plus de 20 ans ne sont pas vaccinés. Ils comptent néanmoins pour 45 pour cent du total des cas sérieux de covid.
On compte 13 cas très sévères qui ont besoin de machines ECMO (2). Aucun de ces 13 patients n’était vacciné.
81 pour cent des patients qui sont en hôpital sous ventilation sont soit non vaccinés, soit vaccinés partiellement (un ou deux vaccins).
Parmi les 57 pour cent de patients les plus sévèrement touchés et âgés de moins de 60 ans, 43 pour cent n’ont pas été vaccinés.
Parmi les patients entre 60 et 69 ans, on compte 40 cas sévères par 100.000 habitants. Ce chiffre de 40/100.000 tombe à 2,8/100.000 chez les vaccinés, soit 14 fois moins.
Parmi les habitants entre 70 et 79 ans, il y a 47 cas sévères par 100.000 habitants ; par contre, on ne compte que 7 cas sévères par 100.000 habitants (soit près de 7 fois plus) pour ceux qui ont été vaccinés.
Et pour terminer, à New York, USA, cette fois-ci, près de 90 pour cent des hospitalisations pour Covid sont des individus non-vaccinés.
Voilà, je ne voudrais pas en dire plus, sauf que je n’y ai pas échappé. Vacciné trois fois comme je l’ai dit plus haut, mais quand même mal pris. Tout est possible, bien sûr, mais faites vous néanmoins vacciner, mes chers enfants.
jeudi 13 janvier 2022
Le délire de l’immortalité
Pierre Pestieau
L'Obs a consacré récemment trois articles à une série de projets « scientifiques » visant à rendre l’homme immortel (1). Les trois titres sont éloquents : L’âge est-il une maladie à guérir ? L’ère des « cyborgs » a-t-elle commencé ? L’idée folle de résurrection grâce a la technologie ? Les trois articles vont crescendo dans le délire. Le premier, somme toute raisonnable, est consacré à l’idée de prolonger la vie au-delà de l’horizon de 120 ans qui est généralement accepté. Les sous-titres sont parlants : Trois ans gagnés en huit semaines. Des gènes de jouvence ? L’homme qui voulait guérir la vieillesse. Le second présente le corps humain comme une voiture, soit un assemblages de pièces qui peuvent être remplacées. Ici aussi les sous-titres illustrent bien le propos : Un avenir robotique ? Les technologies qui permettront de fabriquer des corps - et des cerveaux - artificiels ont déjà débuté ! Les humains vont avoir de nouveaux corps. Comme la main de Luke Skywalker. Enfin, le troisième s’attaque à la possibilité de l’immortalité avec comme sous-titres : Demain, tous congelés ? Et si votre double numérique vous survivait dans un monde virtuel ? Découper le cerveau en tranches. Premières résurrections en 2 600 ? Des ressuscités déracinés. La résurrection pour tous.
Quatre raisons derrière mon irritation face à ce type de littérature. D’abord, elle semble irréaliste quand on observe les difficultés de la médecine actuelle à soigner les maladies qui nous empêchent de vivre normalement. Ensuite, on voit bien qu’elle s’adresse aux super riches , ceux-là-mêmes qui s’offrent des voyagent dans l’espace et rêvent de jouir de leur richesse indéfiniment. Même dans Star Wars, je ne crois pas que le résistant lambda ait pu bénéficier de la prothèse de Luke. Et puis, elle semble incongrue alors mêmes que des rapports alarmants nous rappellent que la terre s’approche lentement mais surement de son terme et que sa fin sera douloureuse pour l’humanité. Enfin, une partie des recherches que recensent ces articles viennent de laboratoires universitaires, ce qui en accrédite le sérieux. Certes, mais il faut rappeler que les antivax et les climato-sceptiques (pardon on doit dire climato-réalistes) s’appuient sur les travaux d’universitaires.
Il est bon de retourner aux classiques et notamment à deux dystopies (2) qui illustrent la tragédie que provoquerait l’immortalité, qu’elle concerne un individu ou la société. Saramago (3) nous montre les conséquences insoutenables d’une immortalité qui frapperait tout un pays. Borges (4) raconte l’errance d’un Romain qui a servi dans les armées de César et a trouvé un fleuve qui lui donne l'immortalité. Il passera des siècles à chercher le ruisseau qui pourra le rendre à nouveau mortel.
(1). https://www.nouvelobs.com/sciences/20211220.OBS52369/l-age-est-il-une-maladie-a-guerir.html
https://www.nouvelobs.com/sciences/20211221.OBS52397/l-ere-des-cyborgs-a-t-elle-deja-commence.html
https://www.nouvelobs.com/sciences/20211222.OBS52429/l-idee-folle-de-la-resurrection-grace-a-la-technologie.html
(2). Voir blog du 3 juin 2021.
(3). José Saramago, Les intermittences de la mort, Paris : Le Seuil, 2008.
(4). Jorge Luis Borges, L’immortel dans Aleph, Paris : Gallimard, 1966.