mardi 23 juin 2020

Comment améliorer la circulation à Bruxelles

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Victor Ginsburgh

Je viens de passer dans l’avenue Molière, une des très belles avenues des quartiers éloignés du centre de Bruxelles. A 15 Km/heure pendant un bon kilomètre. Soit deux fois plus lentement que la vitesse prévue de 30 Km/heure qui sera imposée d’ici quelques mois, dans la ville entière, pour autant que le Covid-19 nous laisse en vie. Les conducteurs sont prévoyants. Pour s’habituer au 30Km/heure qui arrive bientôt, ils roulent à 15 Km/heure.

J’ai réfléchi à ce qu’il faudrait faire pour réduire la vitesse de circulation des quatre roues à une vitesse inférieure à celle d’un vélo ou d’une trottinette. Ce qui sera facile, parce qu’avec toutes les ficelles que vélos et trottinettes ont maintenant, ils font du 30 Km/heure et ont des priorités de tous les côtés, de sorte que les automobilistes aussi pressés que moi, finissent toujours par être en tort.

Voici, après de mûres réflexions (le Covid-19 m’a permis de réfléchir depuis le 15 mars), quelques astuces qu’il serait possible d’introduire une à une, parce qu’elles se contredisent, ce qui est, par ailleurs, logique à Bruxelles.

mercredi 17 juin 2020

Faut-il déboulonner les statues ?

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Victor Ginsburgh

La décapitation de Christophe Colomb
J’ai vécu, sans interruption, de 1939 à 1957 en Afrique de l’est (Rwanda et Congo). Je ne peux pas oublier l’atlas de géographie, livre indispensable à l’Athénée Royal—où j’avais commencé en 1951 ma première année d’humanités. Un atlas dans lequel une des premières pages en couleurs et en images décrivait les « races » : blanc, jaune, noir, olivâtre, verdâtre, rouge et bien d’autres comme bronzé, les « mulâtres » comme on disait à l’époque, alors qu’aujourd’hui, on parle de « métis ». Les noirs n’étaient pas admis dans ces écoles, et bien sûr les blancs étaient au-dessus de tout, y compris de tout soupçon.

La révolte ou la mort

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Pierre Pestieau
Mon blog précédent s’intitulait « La bourse ou la vie ». Celui-ci porte sur un dilemme qui n’est guère plus joyeux. Depuis quelques décennies, nos sociétés connaissent un indéfinissable malaise qui se retrouve surtout dans ce qu’on appelle la classe moyenne inférieure. Ceux-là mêmes dont les revenus se situent grosso modo entre le seuil de pauvreté et le revenu moyen. Les causes de ce malaise sont multiples. Parmi les principales, on peut citer : l’absence prolongée de croissance des revenus, combinée à une forte concentration de la richesse; un système éducatif inégalitaire empêchant ainsi toute ascension sociale; l'externalisation de «bons» emplois en Chine et dans d'autres économies émergentes; l'évolution technologique qui a rendu superflus de nombreux emplois de «classe moyenne».

mardi 9 juin 2020

La bourse ou la vie : un arbitrage délicat

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Pierre Pestieau

Le covid-19 nous a infligé une double peine : les morts d’une part, les pertes de revenus et destructions d’emplois d’autre part. En reportant le confinement, on réduit la première mais on alourdit la seconde. La décision de ne pas confiner ou de déconfiner implique un arbitrage entre limiter le nombre de morts et maintenir à flot l’emploi et les revenus. Dans un article paru dans le New York Times du 28 mai (1),  Paul Krugman, professeur à l’Université de Columbia, discute de cet arbitrage en utilisant la valeur de la vie humaine à laquelle les pouvoirs publics recourent régulièrement dans leur politiques d’infrastructure des transports et de protection de l’environnement. Aux États-Unis, ces politiques sont guidées par le concept de valeur d'une vie statistique. Les estimations actuelles sont d'environ 10 millions de dollars pour une vie moyenne.

Jouons aux petites voitures et merci d’avance aux assureurs

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Victor Ginsburgh

Hertz, le plus important loueur de voitures au monde (667 000 véhicules), essentiellement localisées à l’entrée et à la sortie des aéroports, vient de se déclarer en faillite pour se protéger (1). Qui aurait pensé que les voitures de location n’avaient plus la cote ? Ben, plus d’avions, plus besoin de voitures. Facile à comprendre.

Un peu semblable aux sociétés de tramways, métros, autobus, trains, etc. Mais il est néanmoins remarquable qu’à Paris, les possesseurs d’un abonnement Navigo dans la région Ile de France (Paris et environs), qui coûte 75 euros par mois à chaque abonné (et il y en a 4 millions), sera remboursé à raison de 100 euros pour le mois d’avril et des dix premiers jours du mois de mai (2). Perte sèche de 400 millions d’euros chez Navigo, mais bravo pour l’honnêteté. Il est vrai que c’est une société publique, mais un bon nombre d’autres font silence.

mercredi 3 juin 2020

A propos du financement de la crise Covid-19

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Victor Ginsburgh (Professeur em. d’économie à l’ULB), Pierre Pestieau (Professeur em. d’économie à l’ULG), Serge Wibaut (Professeur invité d’économie à l’UCL)

La pandémie du Covid-19 est en train de provoquer une crise économique sans précédent, qui n’aurait d’égale que celle des années 30. On la compare à cette crise mais aussi à la guerre. Non seulement elle conduit à une baisse sensible du PIB mais elle a de lourdes implications distributives en appauvrissant une fraction de la population qui ne peut pas travailler et perd parfois son emploi, alors que l’autre fraction continue de toucher un revenu stable et,  ironiquement, s’enrichit en consommant moins.

Par ailleurs, cette crise exerce une pression énorme sur le budget du gouvernement à la suite des multiples programmes de soutien de l’activité et du paiement de revenus de remplacement. La plupart des organismes économiques (Commission européenne, Banque Nationale de Belgique, Bureau du Plan et OCDE, etc.) tablent sur une augmentation de le dette publique d’environ 15 pourcent en 2020 et ceci est sans doute optimiste car ces estimations tablent sur une reprise vigoureuse en fin d’année. Il n’en demeure pas moins que certains secteurs parmi les plus touchés pourraient ne pas se remettre avant longtemps. On songe entre autres à la culture, au tourisme, aux transports aériens.

Il ne fait aucun doute qu'il faut trouver des sources de revenus supplémentaires. Trois solutions sont généralement envisagées: imprimer de la monnaie, faire appel à l’emprunt public et recourir à l’impôt.

mercredi 27 mai 2020

Brèves de confinement

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Pierre Pestieau

Jusqu’à présent la stratégie de Trump fonctionne relativement bien. Ses insanités sur le covid-19 amusent ses soutiens les plus fidèles dans la mesure où ils ne sont pas touchés par la pandémie. Les États les plus atteints sont en effet des états qui votent démocrate. Témoins, New York, New Jersey, Maryland, Californie, … Dans la mesure où les États rouges (aux États Unis, ce sont les républicains qui sont rouges) commencent à être contaminés, cela pourrait changer (1).

mercredi 20 mai 2020

Masques et Belgamasques

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Victor Ginsburgh

Je veux d’abord vous rappeler ce joli poème de Verlaine, qui a pour titre Clair de Lune, et parle de bergamasques dans un contexte un peu différent de celui que nous vivons aujourd’hui, lorsque nous parlons de masques. Bergamasque est un mot qui devrait nous faire songer à Bergame qui a été une des premières villes italiennes à souffrir du virus. Il faut savoir que la bergamasque est une chanson à danser paysanne de la région de Bergame. On pourrait la chanter et la danser, pour célébrer la danse des masques en Belgique et l’appeler la « belgamasque » en souvenir de ces fameux masques qu’on nous promet, et que nous ne recevons jamais et ne recevrons sans doute que lorsque la pandémie aura terminé ses dégâts en 2021, voire 2022. Et c’est très bien ainsi, puisque certains disent qu’ils ne servent à rien, alors que d’autres disent qu’il est interdit de s’aventurer dans une rue, sans masque. Mais nous sommes tous paniqués, et ces petites erreurs ne font que rajouter une ‘note mineure’ à notre panique, même si nous restons dans notre cave. Voici Verlaine, pour nous consoler un peu :

mercredi 13 mai 2020

Morts excédentaires

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Pierre Pestieau

L’expression d’excédent de mortalité est utilisée dans des contextes fort différents. Il s’agit de mesurer le nombre de décès qui ne se seraient pas produits en l’absence d’un événement particulier : une pandémie, une guerre, un génocide, des pratiques nuisibles. Chacun de ces événements provoque un excès de mortalité qu’il est important de mesurer et dont les conséquences doivent être analysées.


Dans le cas du covid-19, cette évaluation peut prendre deux formes. La première consiste à comptabiliser le nombre de morts que l’on peut imputer chaque jour à la pandémie. C’est ce que font en Belgique le centre national de crise et le SPF Santé publique et à l’échelle de la planète le CSSE (Center for systems science and engeneering) de l’Université Johns Hopkins (1). Selon cette méthode, on compte, à la date du 13 mai 2020, 291.994 morts du covid-19 dans le monde, dont 8.761 en Belgique et 26.994 en France.  Une autre méthode consiste à calculer l’excédent de mortalité observée pendant la période du covid-19 par rapport aux morts des années précédentes durant la même période. Le New York Times (2) a présenté une estimation de cet excédent, qui paraît mieux refléter l’effet de la pandémie (3) et conduit à une mortalité de 10.337 pour la Belgique et de 38.871 pour la France.

mercredi 6 mai 2020

Voilà ce qu’aurait dit Trump s’il avait été capitaine du Titanic

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Anonyme

—Il n’y a pas la moindre trace d’iceberg

—C’est un faux iceberg

­—Il y avait en effet un iceberg, mais dans un océan différent

—L’iceberg est dans les même océan que nous, mais il va dégeler très vite

Yes, this was my double room on the Titanic, Donald 
—Il y a en effet un iceberg, mais il ne nous a pas touché

—Nous avons touché l’iceberg, mais la réparation va être très rapide

—Je savais dès le début qu’il y avait un iceberg, bien avant que les autres l’appellent iceberg

—L’iceberg est un iceberg qui vient de Chine

jeudi 30 avril 2020

Autres réflexions sur le covid-19

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Pierre Pestieau

Dépendance chez soi ou en institution

Dans mes travaux sur la dépendance, j’ai de façon persistante, défendu l’idée qu’il fallait augmenter les capacités d’accueil des personnes dépendantes dans des maisons de repos et de soin, ce que nos amis français appellent des EHPAD. La motivation était que face à une dépendance sévère, l’aide informelle des époux et des enfants entraînaient des coûts psychologiques et physiologiques trop importants. Cela reste sans doute vrai. Cependant, le covid-19 nous montre une autre réalité, à savoir le coût énorme en vies humaine que cette pandémie infliges aux résidents de ces institutions.

mercredi 29 avril 2020

Peut-on sauver rapidement la culture du désastre ?

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 Victor Ginsburgh

Tout ce qui dégrade la culture raccourcit les chemins qui mènent à la servitude (Albert Camus).

Deux problèmes doivent être résolus et je ne sais pas trop lequel est le plus important. L’un est de faire ‘renaître’ la culture après la catastrophe que nous connaissons, l’année est bien avancée et dans la plupart des cas il faudra attendre le mois de septembre pour la reprise. Mais dans l’immédiat, et, c’est l’autre problème, il faut ne pas laisser ‘mourir’ ni les artistes, ni les metteurs en scène, décorateurs et autres, ni les chefs d’orchestre, ni les quatuors, ni les artistes qui se produisent seul, ni les écrivains, ni les peintres, sculpteurs lithographes, graveurs, ni les lieux où ils travaillent directement (théâtres, salles de concert et d’opéras, music halls) ou indirectement (librairies et écrivains, galeries d’art et leurs artistes, musées privés, salles de cinéma et acteurs, et bien d'autres). Tous souffrent depuis février et personne ne sait quand cela finira ('période critique' dans la suite), puisqu’on parle déjà d’une seconde (si c’est la dernière !) ou deuxième, troisième … vague du Covid-19. Je parlerai ici de l’immédiateté du sauvetage des artistes et autres acteurs qui auraient du participer à des événements culturels qui n’ont pas eu lieu depuis février mais pas de la ‘renaissance’ sur laquelle la réponse se doit d'être étudiée bien sûr, mais elle devra suivre. Si tous les artistes crèvent de faim, il n'y aura plus d’après. Mais il faut aussi penser aux dépenses des lieux où les événements n’ont pas pu se tenir, sauf si ces lieux sont déjà largement subventionnés.

mercredi 22 avril 2020

De Artificibus Illustribus et Clavis

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Stéphane Ginsburgh et Victor Ginsburgh

En mauvais français, le titre peut se lire « À propos des artistes célèbres et des clous ». En effet, depuis les débuts du confinement, les artistes reçoivent des clous, sauf s’ils ont un autre métier, par exemple professeur attitré dans une école de théâtre, une académie, un conservatoire ou une université. Les autres n’ont qu’à bricoler. Ils auront alors besoin de clous, mais heureusement pour eux, les centres de bricolage ont, depuis samedi dernier, l’autorisation de rouvrir leurs portes. Sinon, la musique vivante, comme le théâtre sur les planches, et les peintres ou écrivains—ou du moins leurs œuvres—coincées dans les galeries, les musées et les librairies, tous fermés, sont presque en voie de disparition, heureusement pas encore à cause du Covid-19.

Nous avons bien écouté, vendredi dernier, les remarques de notre Première Ministre, Sophie Wilmès, dont il faut reconnaître les responsabilités énormes qui pèsent sur elle. Et puis, l’un d’entre nous a connu son père, Philippe Wilmès, qu’il rencontrait de temps à autre dans un petit restaurant italien, lorsque tous deux travaillaient encore à Anvers, à une époque (1965-1970) où lui était encore marin dans la marine belge et haussait peut-être le pavillon avant de se hausser dans le rôle de banquier et de professeur à l’UCL, tandis que l’autre était économiste dans l’industrie belge du tabac, tout en fumant des Gitanes et pas des Belga.

mercredi 15 avril 2020

Trois brèves réflexions sur le covid-19

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Pierre Pestieau

Plus jamais ça ! Chiche

On n’a pas encore atteint le pic de la pandémie et le bout du tunnel est peut-être encore loin, mais nombreux sont déjà les beaux esprits qui glosent à propos de ce qui se passera une fois tournée la page de la pandémie. On entend des propos qui rappellent le « plus jamais ça » qui à suivi la seconde guerre mondiale et la découverte du génocide. On parle de changement de paradigme, de révolution des comportements, de l’apparition d’un homme nouveau. Or on sait ce qui est advenu des bonnes résolutions de l’après-guerre. On a connu d’autres génocides et certains pays sont victimes de la peste brune (1).

mardi 7 avril 2020

Les errances de Coronavirus

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Victor Ginsburgh

Je me rends de mieux en mieux compte qu’il est possible de remplacer presque mot-à-mot La Peste d’Albert Camus, par Le Coronavirus. Il suffit (i) de supprimer le début de La Peste où il est question d’une invasion de rats qui meurent, eux aussi, de la peste, (ii) changer le mot « peste » chaque fois qu’il se présente, par « coronavirus », et (iii) situer le roman, à Bruxelles, à Paris ou Montréal, et partout ailleurs, plutôt qu’à Oran.

Contrairement à ce qui est souvent dit et répété—et je viens encore de le lire sur un de nos journaux quotidiens qui s’expriment mal, peut-être pour nous faire peur—une personne infectée peut en infecter au moins deux autres si la proximité est faible. Ce qui fait évidemment peur, parce que cela voudrait dire que le virus pourrait se multiplier (presque) comme les grains de blé que le roi de Perse avait promis en cadeau à Nassir, inventeur du jeu d’échecs : un grain de blé sur la première case de l’échiquier, deux grains sur la deuxième, quatre sur la troisième, puis 8, 16… Sur la case 64 il y aurait eu 18 446 744 073 709 551 615 grains de blé. Donc après 64 jours (1) de corona, c’est le nombre total d’humains qui auraient été infectés, soit 500 000 000 de fois la population de la terre. Il est donc évident que l’infection ne peut pas atteindre la vitesse impliquée par la progression décrite, même si chaque passage de l’infection devait prendre deux ou trois jours.

mercredi 1 avril 2020

Pourquoi pas 30% du PIB pour la santé ?

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Pierre Pestieau

Quoi qu’il en coûte ! Un seul mot d’ordre : mettre le paquet pour lutter contre le coronavirus ». Ce titre de l’éditorial du Soir du 23 mars interpelle l’économiste. On peut en effet se demander si nous dépensons trop ou pas assez pour la santé et si les évolutions actuelles sont conformes à nos préférences collectives. Ces deux questions sont au cœur de l’actualité de la pandémie du Covid-19. Plus concrètement, les 11,2% du PIB que représentent les dépenses de santé en France, 10,4% en Belgique, 16,9% aux États Unis correspondent-ils à la valeur que les Français, les Belges, les Américains accordent à la vie humaine ?

dimanche 22 mars 2020

Une lettre de Kika et Thomas

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Victor Ginsburgh

Leur bébé vous fais signe
Kika et Thomas sont deux artistes et amis. Kika est brésilienne et Thomas belge, ce qui fait de leur couple un heureux mélange qui se reporte d’ailleurs sur leur art... et sur leurs enfants. Je vous fais parvenir le texte de leur lettre ouverte de remerciements et de soutien au personnel médical de l’Hôpital Saint Pierre (Salle d’accouchement et Maternité) datée du vendredi 20 mars 2020.

« Nous sommes les parents du premier bébé né sous le nouveau protocole d’isolement des patients coronavirus ce samedi 14 mars. Ce protocole implique que les patients suspectés de porter le virus soient isolés dans une chambre stérile d’où rien ne sort. Dans un sas à l’entrée de la chambre, le personnel soignant se désinfecte, enfile blouse, bonnet, masque, lunettes et gants de protection avant de renter et rencontrer le patient. Soit environ 10 minutes de préparation minutieuse.

mercredi 18 mars 2020

Ce serait si facile

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Pierre Pestieau

Une réflexion, suite à la lecture de deux travaux de recherche. Le premier est consacré à la sociologie des prénoms (1) et le second à l’impact des accents régionaux sur le marché du travail (2). Il semblerait que tant la réussite scolaire que professionnelle serait plus élevée pour ceux qui s’appellent Apolline ou Garance que pour ceux qui portent le prénom d’Allan ou Steven. Il semblerait aussi qu’avoir un accent régional entraîne une pénalité en termes de salaire, pénalité aussi forte que celle dont souffrent les femmes. La pénalité est dès lors double pour les femmes qui ont un accent.

Avant de discuter de la signification de ce type de résultat, j’aimerais aborder la question de ses implications. Les parents qui lisent ces articles pourraient décider de donner à leurs enfants des prénoms porteurs et de pincer leur accent afin de dissimuler leur origine régionale. Certains le font sûrement mais de telles décisions ont un coût, celui de renoncer à ses origines, à sa culture au nom d’un certain conformisme et d’une naïve ambition. Cela me rappelle un film de 2010, L’Italien, qui narre l’histoire d’un franco-algérien qui, pendant de nombreuses années, se fait passer pour Dino Fabrizzi , un Italien qui travaille à Nice dans une concession Maserati . Ou encore, l’excellent Pain et Chocolat, film de 1974, qui raconte l’histoire d'un Italien, migrant clandestin en Suisse.  Rapidement déçu par la discrimination dont il souffre, il décide de se teindre les cheveux afin de se faire passer pour un vrai Suisse. Cela ne lui réussira pas.

dimanche 15 mars 2020

La Peste

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Victor Ginsburgh

Etude pour piano et lingette nettoyante
« Comme d’habitude ! C’est-à-dire que le nouveau sérum envoyé par Paris avait l’air d’être moins efficace que le premier et les statistiques montaient. On n’avait toujours pas la possibilité d’inoculer les sérums préventifs ailleurs que dans les familles déjà atteintes. Il en eût fallu des quantités industrielles pour en généraliser l’emploi. La plupart des bubons se refusaient à percer, comme si la saison de leur durcissement était venue, et ils torturaient les malades. Depuis la veille, il y avait dans la ville deux cas d’une nouvelle forme de l’épidémie. La peste devenait alors pulmonaire. Le jour même, au cours d’une réunion, les médecins harassés, devant un préfet désorienté, avaient demandé et obtenu de nouvelles mesures pour éviter la contagion qui se faisait de bouche à bouche, dans la peste pulmonaire. Comme d’habitude, on ne savait toujours rien ».

Ceci vient de la page 99 de mon vieux La Peste de Camus. Un vrai ‘Livre de Poche’, il n’en existait d’ailleurs qu’un seul de ce nom. Acheté en 1962, il tient encore le coup. Comme les autres choses qui n’ont pas tellement changé en 58 ans.
Et page 247, les derniers paragraphes du livre :

mercredi 4 mars 2020

Jeu de dupes

2 commentaires:
Pierre Pestieau

Il y a quelques semaines, j’étais invité par FMI à participer à un débat sur la taxation du patrimoine. Cette taxe, qui n’existe plus que dans trois pays du monde industrialisé, fait parler d’elle aux États-Unis, et donc au sein du FMI parce qu’elle est un des éléments phare du programme de deux candidats à la nomination démocrate en vue de la prochaine élection présidentielle. Ces deux candidats sont Bernie Sanders qui a déjà acquis une certaine notoriété et Élisabeth Warren. Tous les deux viennent de la Nouvelle Angleterre. Ils sont respectivement sénateurs du Vermont et du Massachussetts.

mardi 25 février 2020

Il faut plaisanter avec l’humour

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Etienne de Callataÿ et Victor Ginsburgh

Il y a quelques années, nous avons publié une Carte Blanche « Il ne faut pas char…rier ! » C’était dans le Soir du 22 février 2013. Elle venait en réponse à un journaliste du Soir, qui avait donné comme titre « Requiem pour l’humour belge » à son éditorial paru le 15 février 2013, suite à un char qui ne lui plaisait pas trop au Carnaval d’Alost.

Nous écrivions : « Un commentaire inspiré par le char du Carnaval d’Alost représentant sous le jour de l’Holocauste la déportation des francophones de Flandre est qu’il s’agirait là de l’expression de la fin de l’humour belge et, partant, de la confirmation de la séparation culturelle entre Nord et Sud de ce pays » et avions, pour nous y opposer, repris un extrait de cet éditorial : « Nous avons partagé tant bien que mal le territoire commun. Nous n’aimons pas les mêmes artistes (…) nous ne rions plus des mêmes choses » (1).

mercredi 19 février 2020

Comment justifier l'inégalité?

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Pierre Pestieau

Peut-on vivre sans inégalités ? En d’autres termes, peut-on concevoir une société où tous les hommes et femmes seraient effectivement égaux en opportunités, voire même en bien-être ? On sait que les sociétés ont de tout temps été inégalitaires. Dans un blog précédent (1), j’ai évoqué une série de travaux qui montrent que depuis Babylone non seulement les sociétés ont été inégalitaires mais que de surcroît le taux d’inégalité a été constant.

Ce qui a changé en revanche, c’est la justification que les pouvoirs en place ont donné de cette inégalité. Cette justification permettait de faire accepter par une grande majorité des disparités de revenus et de richesses. Sans cette justification, il y aurait de sérieux risques de désordres, voire des révoltes.

mercredi 12 février 2020

Le gruyère à trous est mort. Vive l’emmenthal

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Victor Ginsburgh

Ce qui prouve que ni le gruyère ni l'emmenthal
ne sont des fromages à trous
Plusieurs lecteurs de mon blog d’il y a quinze jours « Le plan du siècle : Un gruyère », m’ont expédié un ‘Pan sur le bec’, titre d’un petit coin(coin) du Canard Enchaîné. Ce n’est pas le gruyère qui est un fromage à trous, mais l’emmenthal. J’ai dû savoir cela, mais l’avais oublié. Et puis, de toute façon, qui aurait lu une page dont le titre aurait pu ou dû être « Le plan de paix du siècle : Un emmenthal ! ». 

Un ami suisse, historien d’art m’a écrit l’email savoureux qui suit :

« Tu n’en voudras pas à un citoyen helvétique un peu chauvin de te rappeler que ce n’est pas le gruyère mais l’emmenthal qui a des trous. Lorsque j’habitais Paris, à la crémière qui me disait, pour vanter sa marchandise : ‘c’est du vrai gruyère d’Emmenthal’, j'avais répondu :  ‘c’est comme le vrai bordeaux de Bourgogne’ ».

mercredi 5 février 2020

Ceux qui ne sont pas encore nés sont sans pouvoir (1)

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 Pierre Pestieau

Il y a plusieurs années, j’ai eu une conversation bizarre avec un ministre qui, à ma demande de relever les allocations des handicapés et des personnes très âgées, me répondit : « Mais cher ami. A quoi bon ? Ce ne sont pas ces gens-là qui vont manifester et bloquer la circulation ». L’épisode récent des gilets jaunes nous rappelle combien cette horrible remarque reste pertinente. Pour apaiser la colère des manifestants du samedi, le gouvernement français a fait une série de concessions, sans doute insuffisantes pour les intéressés, mais importantes du point de vue budgétaire. Or, comme il n’est pas question de relever les taux de prélèvements obligatoires, il n’y a pas mille façons de financer les quelque vingt milliards d’euros que représentent les diverses mesures prises en faveur des gilets jaunes, essentiellement les classes moyennes inférieures, et non les plus pauvres. La recette est toujours la même, à savoir s’en prendre à ceux qui n’ont pas la force politique de protester. A commencer par les générations futures. En effet une partie de ces milliards sera financée par un accroissement d’une dette publique déjà abyssale. Cela consiste à faire payer par ceux qui ne sont pas encore nés les dépenses des générations actuelles.

mercredi 29 janvier 2020

Le plan de paix du siècle: Un gruyère

3 commentaires:
Victor Ginsburgh

A gauche, avant 1967, à droite plan de Trump. Les points rouges
sont des colonies qui feront partie d'Israël. A l'est et à l'ouest de la
Palestine (en jaune) vous voyez les croûtes de fromage rongées par
Israël. Notez qu'Israël est censé lâcher une croûte dans le désert du
Neguev dans le sud, en bas, à l'ouest d'Israël sous la bande de Gaza
(en jaune aussi). Le point rouge dans le désert du Neguev n'est pas
une colonie
Le plan de paix de Trump et de son bo-fils Kushner donne aux Israéliens ce qu’ils voulaient et offre aux Palestiniens la possibilité d’un état, avec un petit é, puisque sa souveraineté sera limitée. « Ma vision », explique Trump, « est une opportunité puisque tout le monde gagne (win-win) : une solution réaliste qui supprime le risque que l’état palestinien n’entache la sécurité d’Israël. Je n’ai pas été élu pour faire de petits pas, ou ne pas me soucier des problèmes importants » (1). Une imbécillité de plus, mais qui a pris trois ans pour être fabriquée. Pour l’expliquer clairement, il a fallu 181 pages.

Trump fait de la Palestine un gruyère auquel il a même ajouté une croûte (voir carte) en transformant la frontière est (le fleuve Jourdain) de l’ex pays, en territoire contrôlé par les troupes israéliennes, l’armée la plus honnête du monde et qui, il faut bien le dire, est la plus respectueuse des droits humains. 

mardi 21 janvier 2020

Pratiques nuisibles

2 commentaires:
Pierre Pestieau

Il y a quelques mois je me trouvais à Nairobi. Je travaillais avec quelques collègues et une vingtaine de chercheurs de l’Afrique subsaharienne qui nous présentaient leur travail. La moitié d’entre eux étaient des jeunes femmes. Plusieurs d’entre elles consacraient leur recherche aux choix qui s’effectuent au sein du ménage. Ces choix portent sur l’éducation, la nutrition et la vaccination des enfants, sur la participation des femmes au marché du travail ou encore sur le contrôle des naissance. Au cours de ces présentations, il n’a jamais été question du sort que connaissent une majorité de femmes africaines, particulièrement  en Afrique francophone.

mercredi 15 janvier 2020

Je ne comprends plus…

2 commentaires:

Victor Ginsburgh

Il y a quelques années, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Russie, la France, la Chine (tous membres du Conseil de Sécurité des Nations Unies) auxquels on ajoute l’Allemagne, signent un Traité de dénucléarisation avec l’Iran. Bien sûr, c’est l’Iran qui doit dénucléariser, et ceux qui font partie du Conseil de sécurité ont les engins qu’il faut. C’est de « bonne guerre », peut-on dire. Certaines sanctions imposées à l’Iran sont allégées, et les choses ont l’air de fonctionner pas trop mal. D’après l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), l’Iran tient sa parole. Israël et son clown prétendent que ce n’est pas vrai, on est habitué à cela, mais l’AIEA maintient son point de vue.