mardi 24 septembre 2019

Les prix Ig-Nobel

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Victor Ginsburgh

Une invention bien américaine, mais très drôle quand même : les Prix Ignobles, décernés depuis 1991 dans un amphi de Harvard. Les gagnants sont appelés à présenter leurs découvertes dans un amphi du MIT (1). Chaque année dix prix sont décernés dans les disciplines suivantes : physique, chimie, physiologie et médecine, littérature, paix, santé publique, sciences de l’ingénieur, biologie, recherche interdisciplinaire et un dernier domaine qui change d’année en année. Il y a eu un prix pour récompenser l’homéopathie, un autre pour les sciences de l’éducation (en particulier sur la théorie de l’évolution).
Grenouille en état de lévitation

Il y a même un physicien d’origine russe, Andre Geim, qui a reçu le Ig-Nobel en 2000 pour avoir réussi à faire léviter une grenouille en utilisant des aimants et le vrai Nobel de physique en 2010 pour ses « expériences révolutionnaires sur les matériaux bidimensionnels en graphène ». Le graphène, selon Wikipédia, est un « matériau bidimensionnel cristallin, forme allotropique du carbone dont l’empilement constitue le graphite ». Voilà vous en savez autant que moi, c’est-à-dire rien de plus qu’avant de lire la phrase. Je préfère quand même l’idée de faire léviter des grenouilles.


mercredi 18 septembre 2019

Baisse de fécondité, hausse de mortalité

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 Pierre Pestieau

Les chiffres de la natalité continuent d’inquiéter en France. L’annonce d’une quatrième année consécutive du recul des naissances en 2018 a été vécue comme un drame national. Seule petite éclaircie, si la baisse se confirme, son rythme ralentit. Une piètre consolation car compte tenu de l’allure prise par la courbe des naissances, le discours pour 2019 est déjà tout prêt : mais où sont passés les bébés ? Il vrai que par rapport aux standards de la fin des années 2000 et du début des années 2010, il manque désormais environ 66 000 nourrissons par an.

jeudi 12 septembre 2019

L'électricité pour tous

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Victor Ginsburgh

On pourrait éviter les voitures autrement qu’en inondant les villes de vélos, trottinettes et autres gadgets électriques de toutes les couleurs et formes qui vont jusqu’à une roue unique, voire pas de roue du tout et roulent à peu près n’importe où, y compris sur les trottoirs et dépassent à gauche ou à droite ou de gauche à droite et vice-versa les voitures qui jusqu’ici ont le droit de rouler dans les rues.

Il suffirait, en effet, que les piétons puissent aussi se recharger à une prise, et ainsi leur permettre de courir à 42,195 km à l’heure sur les trottoirs, qui étaient et devraient toujours leur être réservés. La vitesse de pointe de ce nouveau et étrange « véhicule », mais qui n’est pas plus stupide qu’un autre, serait évidemment limitée à 120 km/heure sur les autoroutes, encore qu’on puisse envisager l’utilisation des voies réservées aux bus et taxis pour aller plus vite encore. 

jeudi 5 septembre 2019

Si c’était si simple

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Pierre Pestieau

Dans un livre récent (1), Christian Gollier défend l’idée que, pour lutter contre le changement climatique, la bonne méthode serait simplement de jouer sur les prix, avec une taxe carbone généralisée. En clair, rendre plus chères les activités qui émettent du CO2, en fixant un prix à la tonne de dioxyde de carbone émise. Le livre est fort intéressant, bien documenté et marqué par une conviction profonde qu’il est temps d’agir mais qu’on ne le fera qu’avec le soutien de la population. Le titre fait écho à un slogan des Gilets jaunes qui en réponse à la hausse du prix du carburant, entrainée notamment par la taxe carbone, voulait qu’on s’occupe davantage de leurs fins de mois que de l’avenir de la planète et d’une éventuelle fin du monde. Le message de Christian Gollier est que les deux objectifs sont conciliables.

Sans remettre en question le contenu de son livre, j’aimerais mettre sa recommandation en perspective à la lumière de ce que nous enseigne l’économie publique. Je le ferai en introduisant quatre bémols.

D’abord, il me semble évident que, même si on parvenait à limiter l’émission de dioxyde de carbone, tous les problèmes environnementaux ne seraient pas résolus, tout particulièrement ceux qui concernent la biodiversité.

Ensuite, une taxe carbone a nécessairement des incidences redistributives. Certes, on pourrait l’accompagner d’une redistribution adéquate des revenus. Mais l’on sait qu’une redistribution par l’impôt ne sera jamais optimale pour des raisons d’information. En effet, l’autorité fiscale n’a qu’un pouvoir redistributif limité dans la mesure où les contribuables ne revèlent pas tous les paramêtres qui permettraient une taxation équitable. De toutes façons, dans la réalité, la taxation des revenus est loin de corriger les injustices qu’entraineraient une taxe carbone uniforme. En l’absence de redistribution compensatrice, la taxe carbone peut s’avérer extrêmement régressive.

On peut aussi souligner que, pour être efficace,  une taxe carbone doit être décidée par l’ensemble des nations de manière coopérative. Si chaque nation la joue solo, la partie se termine avec une taxe nettement insuffisante. C’est d’ailleurs ce qui se passe. Certes on peut en appeler au bon sens, mais ici comme dans le domaine des paradis fiscaux ou de la taxation du patrimoine, le règle dominante est celle du chacun pour soi et du moins disant.

Enfin, même si on oublie cette dimension internationale qu’impose la nature de bien public mondial de l’environnement, il n’est pas simple d’imposer, fût-ce au sein d’un pays, une taxe carbone optimale. Ceci nous entraine dans un débat risqué, lancé il y a plus de dix ans par deux écologistes australiens dans un ouvrage intitulé Le défi des changements climatiques et l'échec de la démocratie (2). Selon ces auteurs, la démocratie a, par son indécision chronique, prouvé son incapacité à prendre les mesures nécessaires pour lutter contre les changements climatiques. De là à recommander l’instauration d’un despotisme éclairé, il n’y a qu’un pas qu’ils n’hésitent pas à franchir.

Il ne faut pas conclure de ces remarques qu’il ne faut pas agir. Que du contraire. L’urgence climatique n’est pas une expression creuse. Une taxe carbone est utile mais elle doit être accompagnée de mesures visant à assurer l’équité et touchant à d’autres domaines de l’environnement. Il serait naïf de penser que la seule taxe carbone puisse résoudre tous les problèmes environnementaux.

(1) Christian Gollier (2019), Le climat après la fin du mois, PUF, Paris.

(2) David Shearman and Joseph Wayne Smit, (2007), The Climate Change Challenge and the Failure of Democracy, Praeger.