Victor Ginsburgh
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Georgia O'Keeffe, Black Iris |
Le mot actuel (et convenable) pour désigner le sexe féminin en hébreu (פּוֹת, prononcé pôt) est d’une origine bien
mystérieuse (1). Il apparaît dans le livre d’Esaïe (4, 16-17) — c’est la seule
fois qu’il apparaît dans l’Ancien Testament et je doute qu’il apparaisse dans
le Nouveau — mais a semble-t-il été bien mal compris et/ou traduit par la
suite. Dans la traduction grecque, il est pudiquement rendu par
« forme », en araméen par « dignité » ; par
« forêt » écrit le Rabbin Samuel de Nehardea (165-256 apr. J.C.), non
dit St Jérôme (347-420 apr. J.C.) c’est d’une « boucle de cheveux »
qu’il s’agit, ce qui, oserais-je suggérer, est bien joli quand même. Le très
sérieux pasteur protestant Louis Segond, dont je possède la traduction de la
Bible en français, écrit « nudité ». On se rapproche quand même un
peu de ce « pâle objet du désir » de Pierre Louÿs dans la Femme et le Pantin, et que Luis Buñuel a transformé en « obscur objet du désir » dans son film. Et voici
enfin ce qu’ose dire André Chouraqui (1917-2007) dans sa traduction du dernier
mot du verset 4, 17 de la Bible :
16 Adonai dit : Puisque les
fille de Sion s’exaltent,
vont la gorge tendue, lorgnant
des yeux,
vont en trépidant, vont en
cliquetant des pieds,
17 Adonai pèle l’occiput des
filles de Sion ; Adonai dénude leur vulve.