mercredi 28 mars 2018

L’économie des proverbes: bonheur, santé et travail

Pierre Pestieau

Les proverbes incarnent une certaine sagesse populaire. Leur pertinence est généralement ambiguë; ils demandent d’être précisés. Cela apparaît nettement quand ils touchent à la vie économique. En voici quelques exemples.

Travailler c’est la santé. Et le chanteur d’ajouter : Ne pas travailler c’est la conserver. Il est incontestable que le travail est indispensable à l’épanouissement de homme. Pas uniquement en tant qu’activité rémunératrice, mais en tant que moyen d’intégration dans un réseau social. On pense à Saint Ex qui écrivait : La grandeur d'un métier est peut-être, avant tout, d'unir des hommes: il n'est qu'un luxe véritable, et c'est celui des relations humaines. De nombreuses études montrent d’ailleurs que l’activité prolongée permet de retarder l’apparition de maladies démentielles.Tout à la fois, le travail peut aussi être une source de problèmes physiques et mentaux, quand il s’accompagne de cadences infernales et de harcèlement de la part des petits chefs. Ce qui veut dire qu’il importe d’avoir une occupation gratifiante, ce qui nous conduit a une autre proverbe : Besogne qui plaît est à moitié faite.


L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt. On prête cette affirmation à Napoléon mais elle est plus souvent proférée par des mères exaspérées face à  leurs enfants adolescents qui peinent à s’extraire du lit.  Quand on prend les transports en communs, on se rend compte que ce sont plutôt les ouvriers et les personnels de service qui se lèvent tôt. Les cadres peuvent se permettre d’arriver plus tard. Dans le Tiers Monde, les gens de lèvent tôt et pourtant l’avenir ne leur appartient pas, faute de boulot.

L’argent ne fait pas le bonheur, que l’on complète parfois par « mais il y contribue ». Les études nombreuses sur le bonheur indiquent en effet que l’argent ne fait pas toujours le bonheur et que la santé ou le réseau social auquel on appartient sont sans doute aussi, si pas plus, importants. Il demeure que plus on est riche plus on vit longtemps et en bonne santé. Quand on se promène à La Havane ou à Nairobi, on voit les gens sourire ; sans doute sont-ils heureux mais si on leur proposait d’habiter Paris ou à Rome, je pense qu’ils accepteraient. En revanche, je connais peu de Parisiens ou de Romains qui voudraient habiter dans une de ces villes.

Charité bien ordonnée commence par soi même. Cela veut sans doute dire que l’on ne peut aider son prochain sans être soi-même bien dans sa peau. Mais cela pourrait aussi dire que la charité a souvent une motivation égoïste. Je pense à toutes ses œuvres philanthropiques dont les contributeurs sont directement et indirectement les principaux bénéficiaires.


Ce qu'on acquiert par le travail vaut mieux qu'un héritage. Il y a bien sur dans cette affirmation une connotation vertueuse. Les travaux récents de Thomas Piketty illustrent que si l’on veut s’enrichir il vaut mieux aujourd’hui compter sur un héritage que sur le travail d’une vie. Ils peuvent se résumer en un autre adage au sens diametralement opposé: Hériter vaut mieux que mériter.

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