jeudi 21 mars 2024

Incertitudes économiques et démographiques

Pierre Pestieau

Les prévisions démographiques sont incontestablement plus fiables que les prévisions économiques. On peut sans trop se tromper prévoir ce que sera la population de différents pays en 2050. Pour 2100, la prévision est moins certaine. En revanche, il y a peu de consensus sur les implications économiques et sociales que ces évolutions auront.

En bref on devrait assister à l’effondrement de la population de pays comme la Chine, l’Allemagne et le Japon et à l’explosion de la population africaine. L’évolution de la population dépend de deux paramètres, la fécondité et la mortalité, auxquels il faut éventuellement ajouter l’immigration. Autant on s’entend sur les sources de l’augmentation de la longévité, il y a moins de consensus sur les facteurs qui président à la hausse ou la baisse de la fécondité. La fierté nationale ne semble en tout cas pas jouer un grand rôle. Le Japon et l’Allemagne ont des naissances bien en-dessous du nombre nécessaire pour maintenir constante la taille de la population en l’absence de toute migration. Et pourtant, ces pays ont une histoire fortement marquée par un nationalisme exacerbé.

A l’horizon 2100, on peut s’attendre à ce que l’Asie et l’Afrique, à parts quasiment égales, rassemblent plus de 85% de la population mondiale avec l’Inde, étant le pays le plus peuplé, suivie de la Chine et du Nigeria. Même à l’horizon rapproché de 2050, il serait imprudent de prédire comment ces pays évolueront économiquement. Certains le font mais avec une marge d’erreur importante. Selon une étude (1) parmi d’autres, le classement de la part de la production mondiale des grandes puissances est actuellement le suivant : Chine (18%), États Unis (16%), Union Européenne (15%) et Inde (7%). En 2050, ce classement changerait au détriment des Etats-Unis et de l’UE. On aurait l’ordre suivant : Chine (20%), Inde (15%), États Unis (12%) et Union Européenne (9%).

Si les prévisions économiques sont incertaines, ce qui l’est beaucoup moins ce sont les prévisions environnementales. A la différence de l’économie, elles suivent un cours sans cycle, qui débouche à terme sur une catastrophe qui semble inéluctable. Selon le GIEC (2), à politique inchangée, un réchauffement climatique de 3,2 °C d'ici à 2100 est actuellement prévu. Ce n’est là qu’un indicateur parmi d’autres de la détérioration de notre environnement.




(1). https://www.pwc.com/gx/en/research-insights/economy/the-world-in-2050.html
(2). https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2023/05/Rapport_SYR_AR6_v1.pdf

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