jeudi 30 mai 2024

Reconstruire Gaza : Le coût de la guerre

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Victor Ginsburgh et Pierre Pestieau

Hélas, ce n’est pas fini, mais voici deux articles du New York Times qui décrivent les ruines de Gaza.

375.000 habitations à restaurer dont 80.000 à reconstruire (*)

« La reconstruction de toutes les maisons détruites par l'offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza pourrait prendre jusqu'au siècle prochain si le rythme de reconstruction devait correspondre à ce qu'il était après les guerres de 2014 et 2021, selon un rapport des Nations unies publié jeudi.

« Citant des données du Bureau central palestinien des statistiques, le rapport de l'ONU indique qu'au 15 avril, quelque 370 000 maisons sont endommagées, et 79 000 de ces dernières sont détruites. Il faudrait 80 ans si ces habitations étaient reconstruites au même rythme que celui des deux guerres précédentes (projections du rapport du Programme des Nations Unies pour le développement et de la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l'Asie occidentale).

« Cette projection ne tient pas compte du temps qu'il faudrait pour réparer les centaines de milliers de maisons qui ont été endommagées mais pas détruites. »

37 millions de tonnes de débris à déblayer (**)

« La guerre d'Israël à Gaza a créé 37 millions de tonnes de débris (dont 800.000 tonnes d’asbeste et 7.500 tonnes de bombes non explosées, sans compter 10.000 corps), qui pourraient prendre plus d'une décennie à enlever, a déclaré un haut responsable du déminage de l'ONU.

« Près de sept mois après le début de la guerre, il y a en moyenne 300 kg de décombres par mètre carré de terrain a déclaré Pehr Lodhammar, l'ancien chef du Service national de lutte contre les mines pour l'Irak.

« Sur la base de la quantité actuelle de débris à Gaza, avec 100 camions, nous parlons de 14 ans de travail... pour enlever les débris (Lodhammar).

« Déblayer et reconstruire sera un travail lent et dangereux en raison de la menace des obus, des missiles ou d'autres armes enterrées dans des bâtiments effondrés ou endommagés. En moyenne, environ 10 pourcent des armes n'ont pas explosé lorsqu'elles ont été tirées et ont dû être retirées par des équipes de déminage (Lodhammar). »

Ces deux articles ne traitent que d’une partie des coûts de cette guerre. Il faudrait y ajouter la perte de revenus de l’ensemble des Gazaouis depuis plus de dix-huit mois et surtout les morts et les blessés. Malheureusement, les économistes ne sont pas bien équipés pour évaluer ces pertes humaines. Dans un blog d’il y a quelques années, l’un d’entre nous (***) avait discuté de l’évaluation des coûts de la guerre en Syrie pour la période 2010-2016 en y incorporant les pertes de vie et les souffrances encourues. Mais ici on entre dans le domaine du non-mesurable, de ce qui n’a pas de prix.

Pas de prix sans doute mais dans notre monde marchand tout a un prix. Les morts du 11 septembre 2001 entre les Tours Jumelles de New York se sont vus attribuer un prix, celui de l’indemnité accordée par l’état et les compagnies d’assurance, prix qui dépend du revenu qu’ils touchaient. Là est le problème. Dans un pays pauvre comme l’est la Syrie, les revenus sont faibles et du fait que l’évaluation de la valeur de la vie est liée au revenu, le coût de la guerre en termes de perte des vies humaines était faible (****). Le même raisonnement appliqué à la Palestine aboutirait sûrement à la même conclusion. Cela explique sans doute l’indifférence quasi générale des pays riches à l’égard de la souffrance des Syriens hier et des Palestiniens aujourd’hui.


(*) Anushka Patil, A U.N. report says rebuilding all the homes destroyed in Gaza could take 80 years, The New Times, May 8, 2024.
(**) Emma Graham-Harrison, Gaza’s 37m tonnes of bomb-filled debris could take 14 years to clear, says expert, The Guardian, April 26, 2024.
(***) Pierre Pestieau, Blog du 20 septemre 2017, Le coût de la guerre en Syrie.
(****) Pour l’économiste, le concept de valeur de la vie humaine fait référence au prix que les individus sont prêts à payer pour obtenir une réduction de leur probabilité de décès. Si ces individus ont un revenu dérisoire, le prix qu’ils sont disposés à payer pour vivre un an de plus l’est tout autant.

jeudi 23 mai 2024

Les supervieux

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Pierre Pestieau

Lorsqu'il est question de vieillissement, nous avons tendance à supposer que les facultés cognitives se détériorent avec l'âge. Nos pensées peuvent ralentir ou devenir confuses, ou nous pouvons commencer à oublier des choses, comme le nom de notre professeur d'anglais au lycée ou ce que nous voulions acheter à l'épicerie.

Mais ce n'est pas le cas pour tout le monde. Depuis un peu plus d'une décennie, les scientifiques étudient un sous-groupe de personnes qu'ils appellent les « supervieux » (1). Ces personnes sont âgées de 80 ans et plus, mais elles ont la capacité de mémoire d'une personne de 20 à 30 ans plus jeune.

Un article récent du New York Times (2) contribue à mettre en lumière ce que le cerveau des supervieux a de si particulier. La principale conclusion est que leur cerveau s'atrophie moins que celui de leurs pairs.

La recherche de référence a été menée sur 119 octogénaires espagnols : 64 supervieux et 55 adultes âgés ayant des capacités de mémoire normales pour leur âge. Les participants ont passé de nombreux tests évaluant leur mémoire, leurs capacités motrices et verbales, ont subi des scanners cérébraux et des prises de sang, et ont répondu à des questions sur leur mode de vie et leurs comportements.

Les scientifiques ont constaté que les supervieux avaient plus de volume dans les zones du cerveau importantes pour la mémoire, notamment l'hippocampe et le cortex entorhinal. Ils avaient également mieux préservé la connectivité entre les régions situées à l'avant du cerveau et impliquées dans la cognition.

Les experts ne savent pas comment une personne devient un super-âgé, bien qu'il y ait eu quelques différences de santé et de mode de vie entre les deux groupes de l'étude espagnole. Les supervieux n'ont pas déclaré faire plus d'exercice à leur âge actuel que les adultes plus âgés typiques, mais ils étaient plus actifs à l'âge moyen. Ils ont également fait état d'une meilleure santé mentale.

Mais dans l'ensemble, il existe de nombreuses similitudes entre les supervieux et les personnes âgées ordinaires. Par exemple, il n'y avait pas de différences entre les groupes en ce qui concerne leur régime alimentaire, la durée de leur sommeil, leur parcours professionnel ou leur consommation d'alcool et de tabac. Certains des supervieux faisaient régulièrement de l'exercice, mais d'autres n'en avaient jamais fait ; certains s'en tenaient à un régime crétois, d'autres subsistaient grâce à des dîners télévisés ; et quelques-uns fumaient encore des cigarettes. Cependant, une constante au sein du groupe est qu'ils ont tendance à avoir des relations sociales fortes.

Ces supervieux ont probablement une sorte de prédisposition à la chance ou un mécanisme de résistance dans le cerveau au niveau moléculaire que les scientifiques ne comprennent pas encore, qui est peut-être lié à leurs gènes. On observe cela pour les supercentenaires dont la longévité n’est pas liée à un mode de vie exemplaire mais à une dotation génétique particulière.

Il est intéressant de lire la conclusion de l’article du New York Times : même s'il n'existe pas de recette pour devenir un supervieux, son auteur conseille une alimentation saine, une activité physique, un sommeil suffisant et le maintien de relations sociale. L’article est d’ailleurs accompagné d’une publicité en faveurs de nootropes (3), les nouveaux élixirs de jouvence.



(1). Traduction bancale de « superagers ».
(3). Les nootropes ou « smart drugs » sont des substances qui seraient utiles pour booster vos capacités cérébrales (mémoire, apprentissage, analyse, concentration, vitesse d'exécution. 

jeudi 16 mai 2024

Mille milliards de cigales arrivent…

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Victor Ginsburgh

Vous vous souviendrez sûrement de ces quatre vers très courts de Jean de la Fontaine à propos de la cigale :

“ La cigale, ayant chanté
Tout l’été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue...”

et de la fourmi travailleuse qui avait refusé de nourrir la cigale à la fin de l’été, parce qu’elle ne s’était pas mise au travail plus tôt :

“ Vous chantiez ? J’en suis fort aise.
Eh bien ! dansez maintenant.”

Il y a aussi le mythe provençal que la cigale a été envoyée par Dieu pour empêcher les siestes trop longues des paysans provençaux…

Cigale

Dans le sud de la France, les cigales mâles cymbaliseront -- patois des cigales (*) -- moins en 2024. On pense qu’il s’agit du réchauffement climatique et des récentes vagues de chaleur. Comment elles le savent d’avance est un mystère. La cigale existe aussi en Belgique, mais les français, qui rabaissent toujours les belges, ont préféré l’appeler petite cigale ou cigalette.

Ce qui s’annonce aux Etats-Unis du Sud sera par contre en augmentation incroyable cette année-ci : il y aura 1.000.000.000.000, mille milliards de cigales. Si elles se mettaient l’une derrière l’autre, elles feraient une ligne d’un peu plus de 25,2 millions de kilomètres, soit 631 fois le tour de notre terre à l’équateur (**).

Pourquoi autant ? Parce que c’est la première fois depuis 1803 que la couvée XIX (originaire du Grand Sud) et la couvée XIII (originaires de l’Illinois du Nord) se sont mises ensemble. Il faut en profiter, parce qu’aucun de nous ne vivra encore lorsque les couvées XIX et XIII reviendront. Ce n’est en effet que dans 221 ans que XIX et XIII reviendront cymbaliser ensemble.

Ces premières petites mais nombreuses bestioles se sont annoncées à la fin du mois d’avril 2024. Il leur faut un peu de chaleur et beaucoup de pluie pour qu’elles sortent de terre. Ce sont les mâles qui commenceront à bourdonner pour trouver leur(s) compagne(s). Après l'accouplement, les cigales femelles creusent des fentes dans les branches des arbres et y pondent leurs œufs. Les œufs éclosent et de minuscules nymphes s'enfouissent dans le sol, recommençant le processus. Les bestioles se propagent dans une douzaine d’états du centre et du sud-américain (Midwest et South East) où elles peuvent vivre pendant six semaines.

Même si on peut les trouver désagréables, elles ne piquent pas, et ne sont porteuses d’aucune maladie. Elles ne volent pas très bien, font de piètres atterrissages, voyagent peu mais sont bonnes pour l’environnement, parce qu’une fois décomposés, leur corps pourvoie de la nourriture aux arbres qui en ont bien besoin. Mais il y a aussi un certain chef-coq du nom de Bun Lai (***) qui les prépare subtilement sous forme de sushi. Elles sont, prétend-il, délicieuses. Je n’en suis pas sûr et n’en dirai pas plus…

Bun Lai prépare ses "sushis aux cigales"

(*) « Cymbaliser », alors qu’il n’y a pas de verbe pour violon par exemple. Il n’y a sans doute pas de petites bêtes qui violonisent. Cymbaliser est le mot qui a été donné au langage des cigales mâles afin d’attirer les femelles. Les femelles n’ont pas le droit de parler !
(**) Aimee Ortiz, The world hasn’t seen cicadas like this since1803, The New York Times, January 19, 2024; Aimee Ortiz, Up to a trillion cicadas are about to emerge in the U.S., The New York Times, April 4, 2024; Julie Bosman, Here come a trillion cicadas. The Midwest is abuzz, The New York Times, May 4, 2024.
(***) Priya Krishna, The cicadas are here. For the chef Bun Lai, they are on the menu, The New York Times, May 24, 2021.

jeudi 9 mai 2024

Gaza

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Victor Ginsburgh et Pierre Pestieau

Gaza ou Azzah qui, en hébreu, signifie « puissante » ou « lieu fortifié » a été, de temps à autre, une très belle ville au cours des trois ou quatre mille années de son existence, mais elle a sans doute été plus souvent dévastée que vivante. Son nom apparaît dans onze livres de l’Ancien Testament : la ville y est souvent détruite. En voici quelques exemples :

Deutéronome : « Les Avviens, qui habitaient dans des villages jusqu'à Azzah, furent détruits par les Caphtorim, qui s'établirent à leur place » ;
Josué : « Josué les battit de Kadès-Barnéa à Azzah ; il battit tout le pays de Gosen jusqu'à Gabaon »;
Juges : « Juda s'empara encore de Azzah et de son territoire, d'Askalon et de son territoire, et d'Ekron et de son territoire »;
Rois : « Il battit les Philistins jusqu'à Azzah, et ravagea leur territoire depuis les tours des gardes jusqu'aux villes fortes »;
Sophonie : « Malheur aux habitants des bords de la mer, à la nation des Crétois ! La parole de Dieu est contre vous : Canaan terre des Philistins [dont Azzah fait partie], je vais te ruiner, te vider de tous tes habitants ! ».

Alexandre le Grand entre dans Gaza en 332 av. J.-C. Il massacre la population, vend les survivants comme esclaves et pille les stocks de myrrhe et d’encens.

Floriste de Gaza

Rien n’a beaucoup changé aujourd’hui. On entend parler d’enclave, de ghetto, de prison, de couloir, d’enfer. Peu importe les termes utilisés, on ne peut être que frappé par la lenteur que de nombreuses « belles âmes » ont mise pour se rendre compte de l’horreur de cette situation depuis plusieurs décennies. L’émoi que cause cette tragédie demeure contenu. Comment expliquer cette indifférence ? Ce n’est pas par manque d’information. Les journaux nous relatent constamment la situation infernale que connaissent les Gazaouis.

Une explication possible est que la plupart des gens coexistent depuis toujours avec leurs bandes de Gaza qui varient d’une personne à l’autre. Dans les pays qui ont pratiqué le colonialisme en toute impunité, il a fallu que l’on ferme les yeux sur bien d’exactions et d’horreurs. Et aujourd’hui, cela continue avec des cités ou vivent des enfants de l’immigration coloniale. Il est à cet égard intéressant d’observer qu’en Amérique du Nord, les propalestiniens les plus radicaux font une analogie entre la création et l’extension de l’État d’Israël et les politiques colonialistes et esclavagistes menées par la plupart des pays occidentaux. On peut penser qu’aux États-Unis, les propalestiniens se réveillent de temps à autre, quand les choses vont très mal. La société duale où les noirs continuent à vivre séparément des blancs et bénéficient de revenus nettement plus faibles persiste. Il en est de même en France où les jeunes issus de l’immigration vivent dans des cités et sont maltraités par le système économique et policier. Nous sommes à peine surpris de voir une indifférence au sort de ces minorités. On peut se demander :

« Qui a commis l’injustice [à Gaza] ? L’idéologie d’Israël, quant à ce processus de paix qui va à pas de tortue, continue de dicter aux Palestiniens les conditions de leur survie, conditions qui reflètent une vision historique fondée sur le postulat que les Palestiniens ne sont que les résidus des envahisseurs arabes de la terre d’israël, aussi doivent-ils reconnaître l’illégitimité de leur histoire et de leur présence dans leur patrie » (1).

On peut espérer qu’arrive ce qu’écrit l’historien Maurice Sartre (2) du passé de Gaza :

« Aujourd’hui associée à la tragédie palestinienne, la ville est riche de plus de trois mille ans d’histoire. Florissante, Gaza était au cœur des échanges commerciaux méditerranéens, concentrait les religions, accueillait les artistes et les intellectuels ».

(1) Mahmoud Darwish, L’exil recommencé, https://www.actes-sud.fr/lexil-recommence, Voir aussi Alain Gresh (1998), Rêves et colère des Palestiniens, Le Monde Diplomatique, Décembre 1998, 14-15. https://www.actes-sud.fr/lexil-recommence.
(2) Maurice Sartre (2024), Antique Gaza, L’Histoire, 517, Mars 2024. Merci à Bernadette Bal de nous avoir ouvert une partie de l’histoire de Gaza, et de sa beauté.

jeudi 2 mai 2024

Se tirer une balle dans le pied

4 commentaires:

Pierre Pestieau


Le retour attendu de Trump à la tête des États Unis et l’élection de Javier Milei à la présidence de l’Argentine avec 55,7% des voix posent de la manière la plus nette une question : Pourquoi les pauvres votent-ils pour des candidats qui ont annoncé des politiques directement contre leurs intérêts immédiats. En d’autres termes, pourquoi se tirent-il une balle dans le pied ? Expression d’autant plus pertinente que dans les deux cas leur favori est un adepte des armes à feu.


Pourquoi les Argentins qui vivent pour l’essentiel d’aides sociales, votent-il pour un candidat qui annonce qu’il va les supprimer ? Pourquoi les Américains les plus pauvres s’apprêtent a voter pour Trump qui lors de son précèdent mandat a procédé à des baisses d’impôts pour les plus riches et tâché de supprimer l’Obamacare qui permettait pourtant l’accès aux soins de près de 50 millions de personnes jusqu’alors privées de couverture sociale.

Une explication serait qu’en Argentine comme aux États Unis, les électeurs de ces deux tribuns sont à ce point désespérés devant l’incapacité des partis traditionnels à les sortir de la situation de crise, objective ou ressentie peu importe, dans laquelle ils se trouvent. Pour paraphraser le livre d’Angus Deaton sur les « Morts de Désespoir », ils votent de désespoir. Ce désespoir les rend sourds et aveugles à l’égard des arguments qui s’appuient sur la raison mais qui sont souvent présentés avec arrogance. On avait déjà vu ce phénomène de surdité lors du vote en faveur du Brexit lorsque les meilleurs économistes et politicologues démontraient que le Brexit serait une catastrophe, particulièrement pour la population la plus démunie du Royaume Uni. Et c’est cette population qui a voté pour le Brexit.

Pourquoi tant de gens semblent sourds à des arguments de raison ? On connaît le proverbe : « Ventre affamé n’a point d’oreilles » Bien sûr il ne s’agit pas de faim au sens littéral du mot mais sans doute de demande de respect et d’empathie de la part de ceux qui les gouvernent et qui leur font sans cesse la leçon. 


Alors qu’il y a tant de problèmes sociaux à résoudre, on est frappé de voir nos dirigeants se disputer a propos de questions sociétales, certes importantes, mais qui prennent une dimension disproportionnée. Devant ces querelles byzantines, il est difficile de ne pas penser à un évènement vieux de plus de cinq siècles. Alors que les forces turques s'apprêtaient à entrer dans la ville, les religieux byzantins étaient occupés à discuter de la question théologique du sexe des anges, facilitant la prise de Constantinople. Aujourd’hui, alors que nos démocraties sont menacées par une déferlante populiste, les bonnes âmes qui nous gouvernent se demandent s’il ne faut pas ajouter aux toilettes pour hommes et femmes des toilettes pour le sexe « autre ». Ceci n’est qu’une explication de la colère de ces populations oubliées. Il y en a bien d’autres. La corruption et l’entre-soi qui sévissent en Argentine comme aux États-Unis banalisent les accusations portées à l’encontre de ces tribuns. L’absence de perspectives peut aussi expliquer la frustration rageuse de ceux qui sont bloqués au sous-sol avec un ascenseur social en panne.

En résumé plutôt que blâmer les électeurs de Trump, Milei, Orban et autres, il faudrait commencer par procéder à une autocritique et à faire le ménage chez soi.