mardi 11 février 2014

Pourquoi les femmes sont-elles plus petites que les hommes?


Pierre Pestieau

Ce titre est aussi celui d’un documentaire diffusé le 24 janvier dernier sur Arte. La question est comment expliquer cette inégalité physique, ce que l’on nomme savamment le dimorphisme sexuel de taille. Même chez les Européens du nord, qui sont actuellement les plus grands du monde, la femme est dominée d'une quinzaine de centimètres en moyenne. Si le plus grand animal sur Terre est une femelle, la femelle baleine bleue, pourquoi les hommes sont-ils plus grands que les femmes? Mais peut-être que la question est mal posée : "Pourquoi les femmes sont-elles plus petites que les hommes?". Il existe de nombreuses explications ; aucune n’est totalement convaincante.

Une  première explication repose sur l'hypothèse de différence à la naissance selon laquelle les mâles naissent plus gros que les femelles. La seconde suggère que les mâles grandissent plus rapidement que les femelles et selon la troisième, qui porte le nom de biométriste, les mâles croissent plus longtemps que les femelles. Ces trois lignes d’explications ont été  largement étudiées à propos de multiples espèces de mammifères, incluant l’homme. A côté de ces explications physiologiques, il en est d’autres qui sont d’ordre culturel, voire féministe. De tous temps, les femmes auraient été servies en dernier et n’auraient pas eu les mêmes chances de croissance que les hommes.
En France, en 2007, la taille moyenne des hommes était de 1,75 m et de 1,66 m pour les femmes ; contre respectivement 1,66 m et 1,54 m en 1900. Cette évolution a connu une forte accélération entre 1960 et 1990 : 5 cm gagnés en trente ans. Cette croissance s'explique notamment par une alimentation plus diversifiée. La taille moyenne des Néerlandais a quant à elle gagné 15 cm en cinquante ans. Elle est de 1,84 m pour les hommes et 1,76 pour les femmes (1).

Cette différence de taille conjuguée à la différence de longévité, qui elle est à l’avantage des femmes, est interpellante pour quelqu’un qui pensait après avoir lu Simone de Beauvoir et ses disciples que nous allions assister à une convergence entre hommes et femmes. Dans un blog précédent (2) j’ai eu l’occasion de déplorer l’augmentation de la taille des hommes et des femmes en remarquant que chaque centimètre et chaque kilo supplémentaire implique une consommation accrue de ressources et d’espace. Cette observation en contredit une autre. De nombreuses études sociologiques nous apprennent que le succès professionnel est en partie lié à la taille et que sur le marché du mariage, les hommes grands ont toujours la côte.

Lorsque j’ai commencé ce blog, je ne me rendais pas compte que je me plaçais bien malgré moi dans la tourmente politico-médiatique de la théorie du genre qui secoue la France. La Belgique y a échappé jusqu’à présent.

(1) D’après une étude récente réalisée par l’Université de Groningen, aux Pays-Bas, les femmes voudraient que leur partenaire mesure vingt cm de plus qu’elles, soit 1,90m. Rien que ça ! De leur côté, les hommes, plus raisonnables, estiment la taille idéale d’une femme à 1,75 m.
(2) Un monde de jockeys ou de sumokas. (jeudi 6-9-12)



1 commentaire:

  1. Bien que cela ne concerne pas l'Europe, j'ai constaté en Inde que les filles étaient moins bien nourries que les garçons (dans les familles où il y a les deux) et cela se voit quand les enfants vont à l'école écrasés par des cartables plus grands qu'eux. L'alimentation compte, les Indiens pauvres sont visiblement plus petits que les Indiens de familles aisées. Cette explication qui aurait pu être appliquée à l'Europe au début de XXème siècle, ne suffit pas à expliquer le paradoxe que tu exprimes clairement.

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