mercredi 20 mai 2015

Comparaison peut être raison

Pierre Pestieau

Que de fois n’ai-je entendu cette phrase « Comparaison
n’est pas raison » à l’occasion de débats sur la réforme d’un ou l’autre aspect de la société française. Elle coupait court à toute discussion. Cela pouvait concerner des domaines aussi différents que les transports, la culture, l’éducation nationale, la laïcité, la fiscalité, la gestion des collectivité locales ou les modes de scrutin. Dès que quelqu’un avançait un argument du type « Dans tel pays cela marche mieux sans que ça ne coûte plus », on lui renvoyait ce proverbe couperet.


Certes jamais une comparaison ne fera office de preuve. Une comparaison a des limites évidentes, mais si elle est menée avec intelligence elle peut indiquer la voie à suivre pour arriver à des changements bénéfiques.

Dans le domaine restreint de l’économie, on compare souvent différentes pratiques entre pays ou entre régions et si l’une s’avère supérieure aux autres elle servira d’étalon pour permettre aux autres de s’en rapprocher. Il existe de nombreuses études comparant les pratiques de différents pays pour ce qui est de leurs systèmes de santé ou d’éducation, leurs services postaux ou leurs trains, leur protection sociale ou leur politique de lutte contre le chômage. La qualité de ces études dépend des données dont on dispose. Si elles sont suffisamment riches, il est possible d’appréhender correctement la performance de chaque pays et éventuellement de la rattacher aux ressources investies pour la réaliser. Si certains pays se distancient d’autres, on devrait alors pouvoir en identifier les causes. Ce n’est pas toujours le cas. Ces études offrent l’avantage de permettre à chaque sujet de comparaison de se défendre d’éventuelles charges de mauvaises pratiques et de présenter des circonstances atténuantes. Par exemple, telle société de chemins de fer tenue d’utiliser une énergie produite nationalement mais relativement inefficace pourra invoquer cette contrainte pour expliquer une performance moindre.


Dans le cas de la France dont l’Etat providence aurait besoin d’une refonte radicale, les comparaisons avec d’autres pays plus performants seraient utiles. Mais on leur oppose inévitablement des arguments du type ‘culturel’. C’est ainsi que l’on entend des propos du type: « La culture, plus précisément l’histoire et les mentalités des Français sont telles qu’une solution qui semble marcher dans les pays nordiques ne pourra réussir chez nous ».  A la limite, on prendrait ses défauts pour des qualités. Le « génie » français interdirait que des formules éprouvées ailleurs s’appliquent dans l’hexagone. Et à la fin rien ne se fait et surtout défense de rire.

1 commentaire:

  1. Défense de rire: tu en as de bonnes! comment y résister face à ton humour mordant!

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