lundi 4 septembre 2017

Amour et longévité

Pierre Pestieau

Dans mon enfance, il arrivait souvent que le dimanche au sortir de la messe, ma grand-mère et dans une moindre mesure, mes parents fassent des réflexions sur les mariages qui se préparaient. Les commentaires sur les jeunes femmes portaient sur leur beauté mais aussi sur la largeur de leur bassin, gage de naissances nombreuses et faciles. Pour les garçons on parlait plutôt de leur métier mais aussi de leur éventuel penchant pour la boisson. Autre thème favori, les éventuelles tares familiales.

Il y a quelques 25 ans, j’assistais à un séminaire donné par un économiste de qualité. Il nous présentait un modèle de mariage. Pour les femmes, ce qui comptait, c’était leur capacité de « faire » des enfants et pour les hommes, c’était leur capacité de faire de l’argent. C’était là deux caractéristiques que l’on ne découvrait qu’avec du temps, la première plus rapidement que la seconde. A la suite d’un petit exemple numérique, il concluait que l’âge optimal du mariage était de 27 ans pour les hommes et de 24 pour les femmes. J’en éprouvais une grande satisfaction puisque c’étaient les âges que ma femme et moi avions lorsque nous nous sommes mariés.


Imaginons un instant que les jeunes suivent ces préceptes et dans leurs choix privilégient les facteurs de bonne santé pour eux mais aussi pour leurs enfants. Ils auraient toute l’information nécessaire sur la longévité des parents et grands-parents de leurs éventuels conjoints mais aussi sur leurs attitudes vis-à-vis des 4 péché capitaux : le tabagisme, l’alcoolisme, la mauvaise alimentation et le manque d’exercice. Si ce sont ces facteurs qui déterminent leurs choix, on aboutit à une société où règne le principe de la sélection naturelle. Les vies longues se marieraient entre elles et les vies courtes seraient forcées de se marier entre elles, à défaut d’autres choix. A terme, notre belle planète ne serait peuplée que d’individus voués à des vies de centenaires. Les vies courtes auraient disparu.

Dans ce raisonnement, je fais abstraction de la richesse. Si de surcroit les couples se formaient en fonction de la richesse et pas seulement de la santé, ces centenaires seraient aussi riches. Mais qui ferait le sale boulot ?

Ce n’est pas ce qui se passe en général. La raison est que dans le monde réel, il existe un grain de sable qui enraye cette belle mécanique. C’est ce qu’on appelle les affinités électives ou tout simplement l’amour… et sa disparition.


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