mercredi 13 septembre 2017

Nous sommes arrivés sur terre il y a 5.000 ans


Victor Ginsburgh

Je suis un fervent lecteur d’un site web intitulé “Quora Quest” sur lequel n’importe qui peut poser des questions et n’importe qui peut répondre, mais ce sont généralement des scientifiques, parce que les questions le sont souvent. Je donne comme exemple les questions posées et auxquelles il y avait des réponses le 24 juillet 2017 :

Est-ce que la Rome antique était aussi grande que la montrent les films ?
Pourquoi les particules ont-elles une charge ?
Quelles sont les cinq choses que peut faire quotidiennement un individu pour être heureux ?
Pourquoi les électrons ne se crashent-ils pas dans le noyau ?
Quel genre de livres Warren Buffet lit-il ?
Quelle suggestion auriez-vous pu vous faire il y a dix ans ?
Quelles raisons peut-on invoquer pour suggérer que l’intelligence est répartie de façon égalitaire dans le monde ?

Mais la plus jolie de ce jour-là était la suivante :

Selon la Bible, l’humain est apparu sur terre il y a quelque 5.000 ans, ce qui me semble correct. En quoi n’ai-je pas raison ?


Voici la très gentille et polie réponse d’une certaine Claire Jordan :

« Il y a des arbres qui vivent toujours et qui sont plus âgés que cela. Je devine que vous êtes un(e) Américain(e), non seulement parce que beaucoup de créationnistes le sont, mais aussi parce que 5.000 ans vous paraît être très long. Il y a 5.000 ans le complexe de temples bâtis dans le Ness de Brodgar à Orkney (Ecosse) était déjà âgé de 300 ans. On a retrouvé des traces de pieds humains dans le Norfolk qui sont vieilles de 700.000 ans… »

Je trouve la réponse de Claire Jordan bien gentille, parce qu’elle sous-estime, sans doute exprès, l’âge des traces de pieds de 200.000 ans pour ne pas trop choquer celui ou celle qui a posé la question. Et polie, parce que je n’aurais pas pu répondre ainsi, voire pas du tout à cette étonnante question. Encore que dans le pays de Trump (et même d’Obama), cela n’étonne guère. Il a fallu lancer des appels à la population de Floride pour l’empêcher de tirer au fusil sur l’ouragan Irma.

Je suis aussi un non-croyant et suis tombé sur une enquête (1) faite dans 13 pays situés sur tous les continents, dont les Etats-Unis évidemment. La situation à juger suivie de questions, devait permettre de donner une idée de la corrélation éventuelle entre crime crapuleux et non croyance :

« Un homme qui avait torturé des animaux quand il était jeune, a fini par s’en prendre à des humains. Il a tué cinq sans-abris qu’il avait attirés chez lui. Leurs corps démembrés reposent dans sa cave ».
Voici, parmi un certain nombre d’autres questions destinées à brouiller les pistes, les deux questions, posées dans chaque pays à une moitié des participants à l’enquête :

(a) « Le criminel est un instituteur ou bien le criminel est un instituteur qui ne croit pas en dieu ». Cochez la case à laquelle vous croyez.

(b) « Le criminel est un instituteur ou bien le criminel est un instituteur croyant ». Cochez la case à laquelle vous croyez.

Que pensez-vous qu’il arriva ?

A la question (a) soixante pour cent des répondants ont choisi l’instituteur athée comme tueur ; à la question (b) c’est l’instituteur (non qualifié de croyant) qui tue dans 70 pour cent des cas.

Signature de l'abrogation d'un décret d'Obama
Un des auteurs de la recherche explique avoir utilisé cette question impliquant un tueur psychopathe parce qu’il pensait que même si les gens ne font pas confiance à des non-croyants pour du baby-sitting, tous ne pensent pas que les non-croyants sont des tueurs en série.

A voir la photographie des religieux américains qui se réjouissent de l’abrogation d’un décret d’Obama qui protège de la discriminations les gays et les lesbiennes et le libre choix des femmes (2), on aurait sans aucun doute pu changer le mot non-croyant en gay, lesbienne ou médecin qui pratique l’interruption volontaire de grossesse. Tous des affreux criminels. 



(1) W. Gervais et al. (2017), Global evidence of extreme moral prejudice against atheists, Nature Human Behavior, published online 7 August 2017.
(2) Cette photographie est tirée d’un article de B. Protess, D. Ivory and S. Eder, Where Trump’s hands-off approach to governing does not apply, The New York Times, September 10, 2017. Voici le texte qui figure sous la photographie : « Surrounded by religious leaders, President Trump signed an executive order in the Rose Garden in May that took aim at Obama-era regulations intended to protect gay people from discrimination and ensure that women have access to birth control.”





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