jeudi 1 septembre 2022

Big Bang unique ou Rebondissements à l’infini et pas de commencement (1)

Victor Ginsburgh 

Georges Lemaitre (1894-1966), professeur de physique à l’Université Catholique de Louvain, propose, en 1927, l’hypothèse que l’univers est né il y a 13,8 milliards d’années et continue, depuis lors, à se dilater. Il était très chaud au commencement et refroidit en se dilatant. Les astrophysiciens essaient de « découvrir cette naissance », en espérant que le nouveau télescope James Webb le leur permettra, puisqu’il a déjà découvert la lumière d’une étoile située à 12,9 milliards d’années, donc « pas trop loin du commencement ».

Mais il se pourrait aussi qu’il n’y ait pas eu de naissance, donc pas de Big Bang, disent aujourd’hui certains théoriciens (dont Paul Steinhardt), mais bien un mouvement d’aller-retour : l’expansion pourrait revenir au début de l’univers, ce qui voudrait signifier que l’univers n’a pas de commencement, mais joue à l’accordéon. 

Paul Steinhardt, Chaire Albert Einstein, Princeton

« La théorie du Big Bang est en train de se noyer, comme le Titanic », suggère le physicien Paul Steinhardt, « parce qu’il est impossible d’expliquer le Bang initial et le pourquoi d’un univers lisse. En quelques mots, le simple Big Bang n’explique pas bien l’univers… Mais il est possible que la théorie du Big Bang identifie un point de départ, qui est aussi un point d’arrivée à la fin de la contraction précédente de l’univers ».

Si l’on change de Bang à Bounce (rebondissement), « tout s’éclaircit » dit encore Steinhardt « on comprend mieux les choses et il est très possible que la contraction ne soit pas loin, mais à quelque 100 millions d’années seulement, un clin d’oeil ». 

Les humains se sont probablement toujours posé des questions sur le commencement, et ont adopté une des deux explications contradictoires. 

Mais il est intéressant de noter que les civilisations de l’ancienne Egypte, les Babyloniens, les Hindous et les Bouddhistes ont défendu l’idée d’un nombre infini de commencements et de fins, une chaîne cyclique dans laquelle l’univers naît et meurt. 

Comme l’a écrit B. Traven (2), « la forêt récite son chant éternel, chacun d’eux commence avec la dernière ligne du chant précédent ».


(1). Gid’on Lev, The Big Bang theory is the key to understanding the universe. What if it never actually happened? Haaretz, August 13, 2022.
(2). B. Traven, The Night Visitor and Other Stories, Chicago: Elephant Paperbacks, 1966, p. 56.

1 commentaire: