jeudi 11 mai 2023

Paradoxes (*)

Victor Ginsburgh

Il y a un livre qui m’a été offert il y a douze ans, cinq cent pages (un cadeau ou une punition ?). Je suis paresseux et l’ai mis en vue dans ma bibliothèque, mais donne toujours ma préférence à des livres légers (en poids) plutôt que des livres qu’il est impossible de lire au lit. Le livre, que j’ai enfin retrouvé, porte sur les paradoxes et me rajeunit. Le paradoxe est multidisciplinaire, comme le disent les deux auteurs de l’ouvrage. On en trouve partout, en histoire, mathématique, philosophie, sociologie, et bien d’autres disciplines, depuis quelque 3.000 ans, souvent avant l’écriture. On pense à Epiménide le Crétois qui affirme que tous les Crétois sont des menteurs. « Je mens » dit-il. S’il ment en affirmant qu’il ment, c’est qu’il dit la vérité et donc qu’il ment…  Je vous laisse la suite, comme je l’ai fait et n’ai pas toujours tout à fait compris. Certains paradoxes naissent par hasard et font le bonheur de ceux qui les écoutent ; d’autres sont précieusement perdus (moi, par exemple). Voici quelques paradoxes épinglés par les deux auteurs scientifiques de l’ouvrage, Alain Cohen, psychiatre et Antoine Boulanger, proche de la physique.

« Le bonheur est chose bizarre : ceux qui ne l’ont jamais connu ne peuvent être malheureux » (Louis Bromfield).

 

« Nous sommes dans un âge où les raseurs sont pris au sérieux, aussi je tremble de ne pas être incompris » (Oscar Wilde).

 

« Il se peut que le monde arrive à résoudre ses problèmes, mais l’homme sensé doit agir comme s’il en était sûr. Si, en fin de compte, son optimisme se révélait faux, au moins il aura été optimiste » (H. G. Wells).

 

« La plupart des couples ne sont séparés que par le mariage. Dans le couple, les deux ne doivent faire qu’un, mais lequel ? » (Oscar Wilde).

 

« Parmi tous les hommes que je n’aime pas, mon mari est celui que je préfère » (Mme de Staël). 

 

« Il y a des hommes qui n’ont que ce qu’ils méritent ; les autres sont célibataires » (Sacha Guitry).

 

« Où est-on mieux que dans sa famille ? Partout ailleurs » (André Gide).

 

« J’aime beaucoup les originaux, ils se ressemblent tellement » (Lewis Carroll).

 

« Dieu a fait l’homme avant la femme pour lui permettre de placer quelques mots » (Jean Rigaux).

 

« Une femme qui s’en va avec son amant n’abandonne pas son mari, elle le débarrasse d’une femme infidèle » (Sacha Guitry).

 

« C’est en se dirigeant vers la mer que les fleuves restent les plus fidèles à leur source » (Jean Jaurès).

 

« Je fais un nœud à mon mouchoir pour me rappeler que j’existe » (Alexandre Arnoux). 

« Les motivations que vous avez sont toujours les mêmes, à savoir que vous n’en avez pas » (José Giovanni).

 

« Il y a des fous partout, même dans les asiles » (G. B. Shaw).

 

« Elle me dit qu’elle aime se promener seule, moi aussi. Nous pouvons donc sortir ensemble » (Jorge Luis Borges). 

 

« On a trouvé, en bonne politique, le secret de faire mourir de faim ceux qui, en cultivant la terre, font vivre les autres » (Voltaire).

 

 

 

(*) Philippe Boulanger et Alain Cohen, Le trésor des paradoxes, Paris : Belin, 2007.

5 commentaires:

  1. Avec ce paradoxe des paradoxes : ils nous font sourire !
    Merci Victor !

    Étienne de Callataÿ

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  2. D’accord avec Etienne!

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    1. Et si on ne rit pas, l'image de soi en prend un coup !
      Merci Victor !
      Bernadette

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  3. C'est bon de se faire remuer les méninges. Encore, encore. Merci Victor

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  4. Excellent ! J'adore.
    Merci.

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