jeudi 22 août 2024

Le rêve pavillonnaire : un modèle coûteux et dépassé

Pierre Pestieau

Aujourd’hui, l’archétypique conclusion des contes pour enfants peut être reformulée ainsi : Ils se marièrent, eurent beaucoup d'enfants et vécurent heureux dans un merveilleux pavillon. En effet pour beaucoup l’idéal d’habitat est le pavillon représenté dans certains cartoons sous le nom de Sam Suffit. Le pavillon, plus précisément la maison isolée à quatre façades, représente la campagne avec l’air pur, les grands espaces où la population vit en harmonie avec la nature en opposition avec la grande ville, polluée, congestionnée où les habitants s’entassent dans des HLM. 


En France, un peu moins de 20 000 hectares sont en moyenne artificialisés chaque année pour la construction de logements, dont 90% sont des pavillons principalement construits hors lotissement, sans regard urbanistique. Sur 10 ans, c’est l’équivalent d’un département comme l’Essonne qui est pris sur les espaces naturels par ces pavillons qui n’accueillent qu’une minorité de nouveaux habitants. Ce sont en effet les grandes agglomérations qui captent l’essentiel d’entre eux. 


Les conséquences environnementales et économiques de l’option pavillonnaire sont cependant lourdes et de plus en plus connues. Citons d’abord le coût qu’elle fait porter a notre environnement. L’accélération de la perte de biodiversité avec la disparition de l’habitat d’espèces animales ou végétales ; l’amplification des risques d’inondations et la participation au réchauffement climatique, un sol imperméabilisé n’absorbant ni l’eau de pluie ni le CO2. 



En moyenne la taille des pavillons est supérieure à celle des appartements à revenu et type de famille donné. Ceci et la moindre isolation thermique conduit à une plus grande consommation d’énergie. Autre dimension, le transport. Dans les territoires faiblement urbanisés, prendre sa voiture pour aller travailler est le quotidien de la majorité des travailleurs. 


L’option pavillonnaire contraint aussi les collectivités à entreprendre des travaux, forcément bien plus coûteux qu’en milieu urbain, pour construire les réseaux de routes, d’eau, d’électricité, de gaz, de télécommunication, la mise en place de services de ramassage des ordures des ménages. 


Enfin, comme l’a révélé la crise des gilets jaunes, le modèle pavillonnaire est fragile. Il dépend fortement des prix de l’énergie. C’est en effet la taxe carbone qui devait augmenter le prix des carburants qui a mis le feu aux poudres. 


Certes tout n’est pas rose dans l’habitat urbain. Mais une chose est sûre : le pavillon construit au milieu d’un terrain de 1 000 mètres carrés, loin des infrastructures et des services, est un modèle dépassé. Il est évident que l’on n’a pas encore trouvé la formule idéale. 


On pourrait se demander pourquoi cette option pavillonnaire continue de séduire autant alors qu’elle fait face à de nombreux obstacles économiques et administratifs. Une raison est sans doute que les externalité négatives qu’entraine la constructions d’un pavillon ne sont pas compensées par la fiscalité. Une autre raison est sans nul doute la myopie des individus qui n’anticipent pas les frais qu’entraîne ce type d’habitation. 


En dépit de tout cela, il faut prudence garder. Le discours de certains écologistes peut créer de l’hostilité chez ceux qui rêvent de leur Sam Suffit et se voient stigmatisés par des gens qui habitent de luxueuses villas dans des banlieues huppées. Ici, comme dans tout ce qui concerne les problèmes d’environnement, la pédagogie s’impose. 

 

1 commentaire:

  1. Quid de la législation ZAN? En ville offre inférieure à la demande. Coût pollution air à Paris 800 euros par an..bien-être supérieur en ville? Pas clair..etc..

    RépondreSupprimer