jeudi 18 juin 2015

Le pouvoir des idées 2. Napoleon ! morne plaine !

Victor Ginsburgh

Les escapades de Napoleon
Nous révérons une fois encore Napoléon, comme si c’est lui qui avait remporté la bataille de Waterloo et avait réglé tous les problèmes du monde avec ses escapades mirlitaires en Europe (Sardaigne, Italie du Nord, Malte, Naples, Prusse, Pologne, Saxe, Dalmatie, Portugal, Espagne, Autriche, Allemagne, Belgique — mais en Angleterre ça rate) ; il se fait geler les fesses (mais surtout celles de ses soldats) en Russie, se chauffe les fesses en Palestine et en Egypte à la poursuite sans doute d’Alexandre le Grand et, de façon grandiose, impériale et napoléonienne, rétablit en 1802 l’esclavage dans les colonies françaises (Guadeloupe, notamment), alors que celui-ci avait été aboli en 1794.



Il commet quelques massacres (modestes, 5000 morts, 100,000 prétendent d’autres) en Haïti en 1804. Il n’est pas tout à fait clair avec les Juifs, puisqu’il leur reconnaît la liberté de culte, mais leur impose en 1808 un décret, qualifié de « décret infâme » qui (i) interdit aux Juifs étrangers l’entrée en France, (ii) ne leur donne pas la possibilité (largement admise pour les « vrais français ») de se faire remplacer par d’autres lors des conscriptions militaires, et (iii) autres menues vétilles.

Wikipedia (1) donne des estimations des pertes humaines suite aux guerres impériales entre 1803 et 1815 : pertes militaires 2,5 à 3,5 millions de morts, pertes civiles variant entre 750.000 et 3 millions de morts. Sans compter les blessés. Pas si mal. Mais c’était pour la bonne cause, n’est-il pas vrai (isn’t it) ? Puisque cela aura permis à Champollion d’être le premier à déchiffrer les hiéroglyphes égyptiens, et à d’autres d’écrire le Code Civil des Français, promulgué en 1804, et adopté dans pas mal d’autres pays par la suite, y compris l’île Maurice et la Libye (sauf durant le règne du pote de Sarkozy) et la Belgique.

On célèbre aujourd’hui 18 juin le 200ème anniversaire de la
La couleur du cheval blanc de Napoleon
était bleue
bataille de Waterloo. On célèbre les quelque 24.000 morts et 65.000 blessés. On célèbre en dépensant 10 millions d’euros, parce que comme toujours, on pense récupérer 20 millions. Le calcul est simple, explique l’administrateur délégué de l’ASBL Bataille de Waterloo :

« Sur le plan macro-économique, le chiffre d’au moins 20 millions d’euros de retombées est évoqué. Sachant qu’une étude de l’Université de Liège [qu’en dit mon collègue blogueur ?] évaluait il y a quelques années les retombées du Grand Prix de Francorchamps à 25 millions d’euros alors qu’il attirait 100.000 personnes, il me semble que 20 millions constitue une estimation raisonnable pour notre événement » (2).

Y a qu’à se baser sur le raisonnement (sans doute faux) d’un collègue liégeois, et extrapoler. C’est simple, mais la réalité est tout autre. Vingt ans plus tard, Francorchamps est toujours en perte.

Gloire donc à la bataille de Waterloo et à Napo. Le 18 juin, c’est-à-dire aujourd’hui, c’est aussi le 75ème anniversaire de l’appel lancé par le Général de Gaulle le 18 juin 1940 sur les ondes de la BBC et qui appelle la France à résister. C’est peut-être cela dont il conviendrait de parler aujourd’hui. Et pas de Waterloo.


(2) Combien coûtent les commémorations de la Bataille de Waterloo ?, La Dernière Heure, 8 juin 2015-06-15 http://www.dhnet.be/regions/brabant/combien-coutent-les-commemorations-de-la-bataille-de-waterloo-5575e5ac35709a87ac821a68

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