Pierre Pestieau
Le chômage est une plaie et un
scandale. Une plaie de voir tant de jeunes sans aucun espoir de décrocher un
emploi même précaire et des familles où le chômage se transmet d’une génération
à l’autre. Un scandale parce qu’en dépit de beaucoup d’effets d’annonce, la lutte
contre le chômage ne semble pas être la priorité de nos gouvernements. Pour
rappel en France et en Belgique francophone, le taux de chômage tourne autour
de 10% et il est deux, voire trois fois plus élevé pour les jeunes dans
certaines villes.
Certes je n’ai pas la formule magique
mais je ne puis cacher mon irritation devant des propos souvent entendus à l’encontre
de pays qui semblent mieux réussir en la matière, à savoir les Etats Unis, l’Allemagne
et le Royaume Uni. Dans sa chronique mensuelle dans Libération, que je trouve généralement excellente, Ioana Marinescu (1) écrit en substance que les
chiffres du chômage qui aux Etats Unis frisent le plein emploi sont à prendre
avec de pincettes car ils cachent un réalité déprimante. Je la cite :
« Alors que pendant la crise de 2007-2009, le
chômage américain est monté jusqu’à 10 %, le marché du travail semble
aujourd’hui se porter mieux avec un chômage à seulement 5 %. Pourtant,
tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes ». Sa principale réserve
qui s’appuie sur une étude récente (2) est que la croissance du nombre
d’emplois aux Etats-Unis au cours de la dernière décennie s’explique en grande
partie par l’essor du secteur précaire et atypique. Elle aboutit au même
constat pour l’Allemagne.
Cet argument on l’entend souvent
accompagné d’autre considération du type : certes nous avons du chômage
mais aussi une bonne protection sociale. Deux remarques sur ce point de vue.
D’abord notre protection sociale est de moins en moins ‘protectrice’ faute de
ressources pour la financer. Ensuite, il est évident que l’idéal serait le
plein emploi avec emplois stables et correctement rémunérés, mais le choix dont
il est question dans cette discussion est entre le chômage et le plein emploi
avec dans les deux cas une partie des emplois qui sont précaires. A ce sujet,
observons que le phénomène des working
poors (des gens qui sont pauvre en dépit d’un emploi) n’est pas propre aux
Etats Unis et au Royaume Uni mais se retrouve aussi en Belgique et en France.
Entre ces deux maux, plein emploi avec
emplois précaires et chômage avec emplois précaires, je tends à préférer le
premier.
Pour être court, on avance en général
quatre solutions pour lutter contre le chômage:
1. Accroître la qualité de la main d’œuvre,
2. Flexibiliser le marché de l’emploi pour permettre aux
employeurs d’engager plus facilement,
3. Réduire les charges pesant sur le travail et particulièrement
le travail non qualifié,
4. Redynamiser la demande par une expansion budgétaire.

(1)
http://www.liberation.fr/chroniques/2016/04/04/aux-etats-unis-seuls-les-emplois-precaires-ou-atypiques-croissent_1443918
(2) Larry Katz et Alan Krueger , The rise and nature
of alternative work arrangements in the United States, 1995-2015
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire