mercredi 19 juin 2019

J’ai peur de mon ADN


Victor Ginsburgh

A la lecture d’un article du New York Times (1) intitulé ‘Tôt ou tard, l’ADN de votre cousin va résoudre un meurtre’, je me suis dit que j’étais dans de sales draps pour tous mes petits meurtres et, si j’étais prétentieux, pour tous mes enfants et petits enfants abandonnés dans la quarantaine de pays où j’ai voyagé un peu et parfois vécu. Evidemment, comment n’y avais-je pas pensé ?

Voici ce que dit cet article : « L’utilisation d’une technique qui se base sur les résultats d’ADN soumis aux sites généalogiques sur le web, s’est vite répandue parmi les unités d’investigations criminelles qui ont trouvé des réponses à des douzaines de crimes violents, dans certains cas des dizaines d’années après que ces crimes ont été commis. Les experts pensent que la technique peut servir à revisiter un grand nombre de dossiers non résolus ». 

La police américaine a ainsi retrouvé un officier de police, Joseph DeAngelo, qui a finalement été identifié. Il avait commis 26 meurtres et kidnappings en Californie durant les années 1970 et 1980. Comment peut-on être si violent quand on porte un nom aussi angélique que DeAngelo ?

Et puis, l’ADN a permis de découvrir le tueur d’un couple canadien datant de 1987 , d’un autre meurtre commis à Stanford, et de six viols en Caroline du Nord. Les analyses ont aussi permis 17 arrestations, dont deux des personnes étaient au-delà de tout soupçon, ce que je suis bien évidemment.

Dans certains états américains (je ne sais rien de ce qui se passe en Europe), il n’est pas légal de vendre les tests ADN aux autorités judiciaires, notamment dans le Maryland. Par contre une vieille dame de Washington a été surprise de voir que son ADN avait permis d’arrêter un de ses cousins en Iowa. Attristée par la nouvelle, elle a quand-même aimablement déclaré « que tout meurtre devait être puni ».

Il y a aussi le problème des donneurs ou donneuses anonymes de sperme ou d’ovules que l’on peut maintenant retrouver, et l’enfant auquel on a dit que son père était musicien, se rend tout à coup compte qu’il n’est pas le fils ou la fille d’un musicien anonyme, mais bien d’un analyste dans une firme de semi-conducteurs et qui n’aimait pas la musique. Ce qui est beaucoup moins romantique (2).

Faut vraiment se méfier.


Tout ça c’est bien amusant, jusqu’à ce qu’on retrouve mes traces…


(1) Heather Murphy, Sooner or later your cousin’s DNA is going to solve a murder, The New York Times, April 25, 2019.
(2) L’idée, que j’ai légèrement transformée, vient d’un article de Emily Cochrane, Could donor #2065 be my father ?, The New York Times, June 16, 2019.



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