mardi 4 juin 2019

Vous êtes tous remballés

Victor Ginsburgh

Ce 29 mai 2019, le procureur Robert Mueller qui a mené l’enquête sur les agissements de
Trump réfléchit
Trump, déclare dans sa conférence de presse que « si nous avions véritablement cru que le président n’avait pas commis de crime, nous l’aurions dit ». C’est un peu tordu, mais les doubles négations (et affirmations qui contredisent les négations) sont difficiles à comprendre et Trump, homme sans honneur en a évidemment profité (ou n’a pas compris, encore que certains le disent pas idiot) puisque sur Twitter il a déclaré que ces mots ne changent rien
(« nothing changes »), que l’évidence d’un crime est insuffisante et que dès lors, « dans notre [beau et grand] pays l’accusé est innocent » (1). Sa vie est belle. A moins d’être mis en accusation par le sénat (ce qui a peu de chance de se produire), il sera réélu et pourra continuer à s’opposer au reste du monde. Il a certainement d’autres astuces dans les poches. La Présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, lui a par ailleurs fait une proposition qui pourrait l’intéresser : « Peut-être le Président Trump aimerait prendre un petit congé sabbatique » (2). Façon polie de lui suggérer qu’il devrait se remballer lui-même.


Netanhayou rêvasse
Il est en bonne compagnie, mais je fête quand même la défaite (je vous autorise à changer l’ordre de ‘ai’ et de ‘ê’) de Netanyahou qui n’a probablement pas très bien dormi cette semaine, encore que… Mais au moins il n’a pas réussi à former un nouveau gouvernement parce que même la droite ne veut plus de lui. Il était temps. Comme l’écrit Bradley Burston (3) « nous apercevons tout à coup ce qu’il est réellement : un perdant, un homme sans honneur. Sa vie est un tissu fait de mensonges et de haine, et ce qu’il nous lègue est un tissu de mensonges et de haine. Ses dix dernières années de règne ont été marquées par l’inaction, des promesses sans cesse violées et par la destruction de la relation entre Israël et la diaspora ». Netanhayou, lui, n’a pas besoin de congé sabbatique. Il est tout simplement remballé, ce qui est bien mieux et plus simple pour tout le monde.

Il y a quelques jours, l’Europe votait. Mal, non seulement en virant à droite, mais aussi en s’abstenant de voter. Le pourcentage des électeurs qui devaient renouveler le Parlement est

Pays
Votants (%)
Accession UE
Pays
Votants (%)
Accession UE
Belgique
88,5
1957
Pologne
45,7
2004
Luxembourg
84,1
1957
Chypre
45,0
2004
Malte
72,7
2004
Hongrie
43,4
2004
Danemark
66,0
1973
Pays-Bas
41,9
1957
Espagne
64,3
1986
Finlande
40,7
1995
Allemagne
61,4
1957
Estonie
37,6
2004
Autriche
59,3
1995
Royaume-Uni
37,0
1973
Grèce
58,5
1981
Lettonie
33,6
2004
Italie
54,5
1957
Portugal
31,4
1986
Suède
53,3
1995
Bulgarie
30,8
2007
Lituanie
53,1
2004
Croatie
29,9
2013
Roumanie
51,1
2007
Rep. tchèque
28,7
2004
France
50,1
1957
Slovénie
28,3
2004
Irlande
49,3
1973
Slovaquie
22,7
2004







inférieur à 50 pourcent dans plus de la moitié des pays de l’Union Européenne (15 pays sur
28). Et s’élève à un minable 50,9 pourcent pour l’ensemble de l’Union. Je puis comprendre qu’au Royaume-Uni, dont à peu près la moitié des électeurs est favorable à la sortie, seuls 37 pour cent des citoyens ont voté.

Mais il faut bien constater (voir le tableau) que parmi les 13 derniers pays admis en 2004, 2007 et 2013, la majorité de 50% n’a pas été atteinte dans 10 cas (4) : Bulgarie, Chypre, Croatie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Pologne, République tchèque, Slovaquie, Slovénie. Seuls la Lituanie, Malte, et la Roumanie ont dépassé ce seuil. Comme l’ont fait les « vieux pays » : Allemagne, Autriche, Belgique Danemark, Espagne France, Grèce, Italie, Luxembourg et Suède.


Pourquoi ce laxisme, voire ce désintérêt ou, au contraire, comme l’écrit Sylvie Kaufmann, cette « bombe à fragmentation politique lâchée sur l’Europe (5) », alors que l’UE arrose ces pays de tous côtés. On pourrait imaginer de corréler l’arrosage à la proportion de ceux qui votent, d’autant plus que parmi eux certains sont devenus politiquement insupportables. On pourrait aussi penser que ces pays n’en ont rien à f… de l’UE, et leur proposer d’exiter. Voire, de les remballer tout simplement. Et proposer au Portugal, sans doute le dernier pays qui vote à gauche, de réfléchir à combien l’Europe a fait pour leur pays !

Je laisse à mon co-blogueur Pierre le plaisir de remballer le vote belge dans son article de la semaine prochaine. Il m’a, hélas, déjà prévenu qu’il n’en ferait rien… et me remballe.

(1) Sharon La Franière, Mueller, in first comments on Russia inquiry, declines to clear Trump, The New York
Times, May 29, 2019.
(2) Reuters, Pelosi suggests maybe Trump ‘wants to take a leave of absence’ after ‘tantrum’, Haaretz, January
23, 2019.
(3) Bradley Burston, Netanyahou’s darkest day, deapest fear just came true, Haaretz, May 30, 2019.

(4) Le vote est obligatoire en Belgique (depuis 1893), Bulgarie (depuis 2016), Chypre (?), Grèce (?) et au Grand- Duché de Luxembourg (?). La Belgique et le Luxembourg s’y sont raisonnablement bien conformé (il faut bien dire qu’il y a des amendes si l’on s’y soustrait). Malgré l’obligation, la Grèce a été raisonnable (peut-être parce qu’il n’y a pas d’amende), la Bulgarie (où l’obligation date seulement de 2016) et Chypre s’en fichent manifestement.
(5) Sylvie Kaufmann, Europeénnnes : l’élection dynamite, Le Monde, 31 mai 2019.    

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