mercredi 8 mai 2013

Mini cumuls



Pierre Pestieau

Il y aurait dans l’Allemagne d’aujourd’hui quelque 7 millions de mini-jobs à 450 euros mensuels. Le chiffre revient ces temps-ci dans toutes les discussions qui critiquent le modèle allemand capable de faible taux de chômage mais d’un grand nombre de « working poors ». Un chiffre qui a besoin d’être interprété. En effet moins de 3 millions de ces mini-jobbers y trouvent leur emploi principal. Pour les autres 4 millions (beaucoup d'étudiants, de retraités ou de mères au foyer) il s’agit d’un emploi d’appoint.

Ces « mini jobs » sont non imposables et exonérés de charges sociales. Entrés en vigueur en 2003, durant le gouvernement de Gerhard Schroeder, ils correspondent à des emplois à temps partiel dont le salaire maximum est de 450 euros.
Les personnes employées sous ce régime ont droit à des vacances payées, à un congé de maternité et à des congés maladie. Cependant, la pension du travailleur rémunéré à 450 euros serait, pour 45 ans de carrière, égale à 140 euros par mois, une véritable bombe à retardement pour la société allemande. 
Pour l’instant, ce n’est pas un problème mais une solution pour certains retraités. En effet, il est possible de combiner une retraite légale avec un mini-job. Cette possibilité peut être interprétée de deux façons. De façon négative ou positive. Négative, à la manière de ces reportages montrant un vieil Américain travaillant dans un McDonald pour pallier une retraite trop faible. Le ton est alors : On ne permettrait pas cela chez nous. C’est ainsi que certains en France et en Belgique ont présenté les retraités recourant aux mini-jobs pour augmenter leurs revenus ou simplement pour rester actifs. Si l’objet de la critique est de signifier qu’il vaudrait mieux avoir des retraites plus généreuses, qu’on le dise directement. Mais la question est comment les financer. La façon positive consiste à reconnaître que dans la mesure où on ne peut s’attendre à de fortes augmentations des petites retraites, beaucoup seraient favorables à travailler et toucher un revenu qui échappe à l’impôt et aux charges sociales de manière tout à fait licite. Il faut en effet rappeler qu’en Belgique les revenus du travail qu’un retraité peut toucher sont plafonnés et soumis à l’impôt et aux cotisations sociales. Son seul recours est de travailler au noir. En France, depuis 2009 la loi a évolué ; il est désormais possible de cumuler intégralement une pension et un revenu d’activité.
La raison majeure pour laquelle les seniors se trouvent contraints de reprendre une activité est liée aux imprévus multiples auxquels ils peuvent faire face : des enfants en difficulté, une séparation ou un divorce, des frais médicaux exceptionnels, une cessation d’activité prématurée. Avec la crise, ces circonstances vont se multiplier et il me semble important de pouvoir donner aux retraités cette bouée d’oxygène que constitue cette possibilité de reprendre un emploi, de se « déretraiter » comme disent les américains (unretirement). Je ne suis pas sûr que les mini-jobs soient la bonne solution, mais ils ont le mérite d’en être une.


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