Pierre Pestieau

Ce mécanisme de détournement par lequel les plus favorisés tendent à
accroître leur avantage sur les autres est parfois désigné sous le terme
d’effet Matthieu, en référence à une phrase de l'évangile
selon saint Matthieu : « Car on donnera à celui qui a, et il sera
dans l'abondance, mais à celui qui n'a pas on ôtera même ce qu'il a. » La paternité de ce terme n’est pas claire. Il
serait dû au sociologue américain Robert K. Merton et à l’économiste belge Herman Deleeck (1). Ces derniers
et d'autres chercheurs par la suite ont utilisé la formule d'effet Matthieu
dans différents contextes, notamment dans les politiques de santé et d’éducation.

Les couches les plus défavorisées de la population connaissent des
difficultés croissantes pour accéder à des soins médicaux de qualité pour des
raisons d’information ou parce que le ticket modérateur qui leur est réclamé
devient prohibitif. De ce fait les groupes sociaux supérieurs ont accès à une
meilleure médecine et partant à des remboursements par tête beaucoup plus
élevés.
L’effet Matthieu se retrouve dans d’autres domaines, celui du logement social
et celui de l’aide aux personnes dépendantes.
Cet effet devrait servir d’argumentaire pour
recibler les programmes sociaux en direction des classes les plus défavorisées.
C’est possible en améliorant l’information, en procédant à de meilleurs tests
de ressources et en luttant contre le sentiment de stigmatisation que peuvent
éprouver certains allocataires sociaux. Malheureusement il est souvent utilisé
comme prétexte pour souligner le rôle d’un Etat
Providence gaspilleur et inefficace, et pousser à la privatisation. Est-ce à
dire que l’Etat providence ne devrait s’occuper que des pauvres ?
Certainement pas. Dans son rôle assurantiel il est amené à couvrir tous les
individus qui ont été frappés par la malchance, que ce soit la maladie ou le chômage.
En outre pour des raisons de support politique, il est important que la classe
moyenne puisse aussi bénéficier de la générosité de l’Etat providence.
(1) Deleeck H. (1978), L’effet Matthieu, Recherches sociologiques 9, pp. 315-319 et
c'est l'exemple reçurent des locataires aux revenus eleves dans les hlm. Il était fait état dans le 20h d'un couple de dentistes parisiens occupant un 90m2 dans un HLM loyer 1100€ qui correspond a environ 50 % du marché parisien dans le meme arrondissement. Circonstance agravante le locataire possède une résidence secondaire qui echappe facilement aux enquêtes usuelles (quand il n'y a pas de revenus locatifs). Encore bien l'abus est sanctionné le loyer est réajusté bien en dessous de la valeur d'un loyer commercial.
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