
Des études
consacrées au bonheur sont venues à bout de mon scepticisme. Je prendrai
l’exemple d’une récente étude sur la population belge (1). Dans ce cas précis
on peut en effet parler de la population belge dans la mesure où les Flamands
et les Wallons sont également (mal)heureux. Ils sont en fait plus heureux que
la moyenne des Européens, mais moins que les Bruxellois. Cette étude (2) révèle
le caractère déterminant de l'âge. De tous les Belges, ce sont les plus de 60
et même de 70 ans qui respirent le plus le bonheur. Les baby-boomers, c’est-à-dire
la génération née après la Deuxième Guerre mondiale, attribuent à leur vie un
score de 7,2 sur 10, nettement plus élevé que les 6,2 des Belges âgés de 35 à
49 ans.
Une explication ? Ce
n’est pas simple. Il y a un effet âge et un effet génération. Pour autant
qu’ils aient la santé et un certain revenu, les séniors ont appris, au fil des
années, à relativiser ; ils sont plus indulgents et se focalisent sur ce
qu’ils veulent vraiment dans la vie. Il y a aussi l’effet génération. Les
séniors ont vécu une jeunesse heureuse ; c’était le temps des trente
glorieuses et des utopies.

En d’autres termes,
nous avons un exemple typique d’une situation où les moyennes statistiques sont
trompeuses. La société des séniors est divisée en une fraction majoritaire de
gens qui sont heureux, financièrement à l’aise, en bonne santé et entourés
d’amis et d’enfants, et une fraction non négligeable de gens qui ne disposent
pas de ces raisons pour être heureux. C’est à cette fraction que notre Etat
providence doit s’intéresser en toute urgence.
(1) http://www.lalibre.be/actu/sciences-sante/qui-sont-les-gens-les-plu…en-belgique-petite-cartographie-du-bonheur-5aaa4a11cd709bfa6acb5a92
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(2) Réalisée par le professeur Lieven Anneman de
l’Université de Gand
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