dimanche 22 mars 2020

Une lettre de Kika et Thomas


Victor Ginsburgh

Leur bébé vous fais signe
Kika et Thomas sont deux artistes et amis. Kika est brésilienne et Thomas belge, ce qui fait de leur couple un heureux mélange qui se reporte d’ailleurs sur leur art... et sur leurs enfants. Je vous fais parvenir le texte de leur lettre ouverte de remerciements et de soutien au personnel médical de l’Hôpital Saint Pierre (Salle d’accouchement et Maternité) datée du vendredi 20 mars 2020.

« Nous sommes les parents du premier bébé né sous le nouveau protocole d’isolement des patients coronavirus ce samedi 14 mars. Ce protocole implique que les patients suspectés de porter le virus soient isolés dans une chambre stérile d’où rien ne sort. Dans un sas à l’entrée de la chambre, le personnel soignant se désinfecte, enfile blouse, bonnet, masque, lunettes et gants de protection avant de renter et rencontrer le patient. Soit environ 10 minutes de préparation minutieuse.


« Avant de ressortir de la chambre après les soins, ils se désinfectent, jettent leurs protections dans la chambre, puis se désinfectent à nouveau dans le sas. Nous-mêmes devions porter uniquement un masque de protection quand une soignante était présente. Tout cela pour éviter d’infecter les autres patients du service et le reste du personnel médical.

« Le 12 mars nous avions subi un test coronavirus et présentions certains des symptômes mais en attente du résultat du test, nous fûmes donc les premiers à ‘tester’ cet accouchement et cette maternité en quarantaine.

« Pourquoi ces remerciements pour un accouchement digne d’un film de science-fiction apocalyptique ? Car malgré le stress certain engendré par ces nouvelles procédures, la gêne occasionnée par le matériel de protection cachant la quasi-totalité du visage et les longues minutes de préparation nécessaires pour des soins parfois très courts […] Ce que nous retiendrons de notre séjour en isolation est la profonde humanité qu’a gardé le personnel soignant de l’hôpital Saint Pierre. Elles et ils ont été pleinement à notre écoute, nous ont expliqué les choix possibles, ont pris le temps et ont tout fait pour que naisse sereinement et en pleine santé notre petite fille dans le respect de sa mère. Par la suite, à la maternité, elles et ils n’ont pas compté non plus le nombre d’heures de désinfection et de déguisement, pour venir prodiguer conseils, soins et soutiens. Aucun(e) n’a hésité à se rapprocher, toucher, rire afin que mère et bébé puissent récupérer et commencer un allaitement serein comme toute autre mère avec son bébé.

« Cette histoire tragi-comique ne serait pas complète si nous ne parlions de la délivrance ressentie à l’annonce du test négatif au coronavirus ce lundi soir et du bonheur des sages-femmes (car c’est en premier lieu d’elles qu’il est question dans ces remerciements) de pouvoir enfin parler sans masque et pour nous de découvrir un visage autour de chaque paire d’yeux bienveillants.

« Ce message nous permet surtout de remercier encore, de soutenir et de reconnaître la force exceptionnelle de ces femmes qui préservent l’importance du contact humain au cœur d'une tempête qui pourrait si facilement le balayer.

« Merci et chapeau bas à Adelle, Caroline, Alima, Anne-Lore, Kimya, Dr. Joris et Dr. Waku et aux autres dont nous n’avons pas mémorisé le nom, non par manque d’intérêt, mais nous étions tous absorbés par notre travail, grâce à elles.

Kika Nicolela et Thomas Israël »





David Hockney, An image of hope: "Do remember they can't
cancel the spring"


























3 commentaires:

  1. Merci Victor, merci à Kika et Thomas.
    Oui, bravo à tous les soignants qui n'hésitent pas à se mettre en danger, eux-mêmes et leur famille. Et pour combien de temps encore ..
    Belle et longue vie à cette petite fille.
    Bernadette

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  2. C'est une très belle histoire. Bonne chance et bonne patience à tous

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  3. Toujour heureux de lire ton blog Victor. Cette lettre est un bel hommage au personnel médical, fantassin en première ligne dans ce périlleux combat pour la vie. A te revoir quand les circonstances le permettront
    Daniel Demortier

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