jeudi 24 mars 2022

Un article terrifiant

Victor Ginsburgh

Voici en résumé un article de Bret Stephens, Prix Pulitzer, homme de droite, mais en opposition avec les « pensées » si on peut dire, de Donald Trump. Stephens nous explique que ce qui se passe ressemble singulièrement aux prémices de la Deuxième Guerre Mondiale (1).

Mort à Kiev

Cette guerre a commencé le 1er septembre 1939 avec l’invasion de la Pologne, après la signature du Pacte de Molotov-Ribbentrop. Mais certains événements avaient précédé : l’invasion japonaise de la Mandchourie en 1931, l’invasion de l’Abyssinie par l’Italie, la remilitarisation en Rhénanie en 1936, le début de la guerre civile en Espagne durant la même année, l’Anschluss de l’Autriche par Hitler, l’invasion soviétique de la Pologne, l’opération Barbarossa (entrée de l’armée allemande en Russie en juin 1942, malgré l’existence du pacte germano-soviétique) qui fera quelque cinq millions de morts en 200 jours. Les eaux montent.

Plus tard, nous avons eu l’invasion russe de la Géorgie, de la Crimée, de l’est de l’Ukraine, le bombardement russe sur Alep en Syrie, l’utilisation d’éléments radioactifs et chimiques contre des dissidents russes en Grande Bretagne, l’ingérence de la Russie dans les élections américaines, l’annexion de la Crimée par la Russie, l’assassinat de Boris Nemtsov, un critique constant de Poutine, l’empoisonnement suivi de l’emprisonnement d’Alexei Navalny, un opposant de Poutine, et la fin de l’autonomie de Hong Kong.

Tout cela sans grandes réactions de l’Europe et des Etats-Unis. Poutine n’avait donc aucune raison de croire qu’il y aurait une réaction à l’invasion de l’Ukraine.

Biden fait maintenant face à la question de mettre fin à ce cycle de violences. La réponse n’est pas claire. Il y a bien entendu eu des sanctions contre l’économie russe et des transports d’armes européennes aux Ukrainiens qui ont permis de retarder la brutalité russe. Et l’OTAN s’est réunifiée. Mais pas grand-chose de plus. Même si les oligarques russes ont perdu leurs yachts, ils n’ont pas pris les armes.

Il ne faut pas croire que Poutine va s’incliner. S’il utilise des armes chimiques, comme l’avait fait Bashar el-Assad, ou s’il déploie des armes nucléaires, est-ce qu’il perd plus qu’il ne gagne ? La réponse à la question est évidente : Pour le moment, il gagne. Il nous terrifie. Il consolide son pouvoir et souffre de conséquences à peine plus importantes que celles qu’il nous a déjà infligées. Et Pékin, Téhéran et Pyongyang prennent des notes…

Comment se prépare la prochaine Guerre Mondiale ? De la même façon que la Deuxième…


(1). Bret Stephens, This is how World War III begins, The New York Times, March 15, 2015. Voir aussi la table ronde « A weak Putin could turn into a nuclear-deploying Putin, The New York Times, March 17, 2022. https://www.nytimes.com/2022/03/17/opinion/ukraine-russia-putin-war.html





3 commentaires:

  1. Absolument d'accord !
    Cfr Rafael Glucksman ce matin à la rtbf.
    Terrifiant !
    BB

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  2. Terrifiant en effet. Construisons un mouvement irrésistible de l'opinion mondiale pour contraindre Poutine au cessez le feu et à la négociation. Pas un appui au va-t-en-guerre! Contrairement à 1939, l'arme nucléaire oblige à la paix;

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  3. P... a déclaré que les mesures déjà prises par l'Europe et les États-Unis les désignent clairement comme belligérants! On n'a donc plus le choix: donnons-lui raison en décidant d'une implication plus efficace voire décisive! François Léotard et Bernard-Henri Lévy sont aussi de cet avis. Le qualificatif de "lâcheté" n'a pas été prononcé!

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