jeudi 7 février 2013

« Miles » accumulés lors des vols en avion. L’attrape-nigaud de Brussels Airlines


Victor Ginsburgh

J’avais en juillet 2012, accumulé 57.444 « miles de prime », 8.037 « miles de statut » et 6 « segments de vol ». Je n’ai jamais compris ce que ce galimatias (ou plutôt ce charabia) signifiait, mais bon, ça s’accumulait de façon régulière. En tout cas quand je n’oubliais pas de présenter ma carte au moment de l’enregistrement, comme si cette accumulation ne pouvait pas se faire automatiquement au moment de la réservation du billet.

Je comprends bien que nos compagnies aériennes comptent sur les oublis des passagers (empêtrés, au moment de l’enregistrement dans les documents, billets, passeport, bagages) pour économiser quelques centimes par-ci par-là, et au prix où est le kérosène on les comprend. C’est en tout cas moins dangereux que les économies de carburant faites par Ryan Air…

Il se fait qu’en janvier 2013, je devais partir à Toulouse. J’avais vérifié le prix du vol à la mi-décembre (quelque € 200) et sur ce, ai demandé à mon agence de voyage d’utiliser mes miles pour payer. Impossible, me répond-on, il faut téléphoner à Brussels Airlines. Ce que je fais aussi sec. Je vous confie le numéro : 0902 51600, mais vous verrez d’ici peu que je vous déconseille de l’utiliser. Arnaque en vue.

Après cinq minutes d’attente en ligne (facturées, me dit une charmante voix, à un euro la minute « au maximum » !), je suis reçu par une autre charmante voix qui ne me facture rien pour le moment, mais cela va venir.

« Je voudrais », chère voix, « réserver un billet AR Bruxelles-Toulouse et payer avec mes miles, en classe ‘light’ s’il vous plaît ».

« Ah ! si vous voulez payer avec vos miles, il n’y a plus de place en light, il faut aller en classe bizness ».

Vous savez tous que la classe bizness sur les vols européens ressemble à la classe light comme se ressemblent deux gouttes d’eau, sauf que votre sandwich un peu amélioré est gratuit et que vous recevez un petit coup de champagne (qui n’est pas du Krug millésimé). Mais le prix du vol est évidemment à l’avenant. Alors que light coûtait € 200, le bizness coûtait plus de € 400.

Ah ! bon, mais comme je perdais de toute façon 44.000 de mes miles si je ne réservais pas de vol avant la fin décembre—inutile de dire que je ne comprends pas la raison de cette dé-cumulation automatique, mais soit—je me suis laissé faire.

Coût : 45.000 miles accumulés, pas trop grave, puisque j’en perdais 44.000 en ne faisant rien. Donc dis-je à la charmante voix, « avec cela j’ai mon billet gratuit ». « Pas du tout » rétorque la voix, toujours aussi charmante, « vous devez payer € 133 de taxes d’aéroport ».

C’est un peu moins que 200, donc allons-y quand même.

Résultat des mes miles accumulés : ils m’ont permis d’économiser € 67 (€ 200 pour le billet light moins € 133 de taxes) et j’ai donc reçu 67/45.000, soit un dixième d’euro-centime par mile accumulé, si on peut ainsi les appeler.

Ce n’est pas fini. Je viens de recevoir mon nouveau décompte de miles. Il me reste 13.000 « miles de prime », ce qui est logique, mais aussi 0 « mile de statut » et 0 « segment de vol ».

Quelle bonne affaire. Quels braves gens la SN Airlines. Mais ils nous prennent quand même pour des cons. Et sans doute le sommes-nous.


P.S. Me voilà revenu. Ce n’était évidemment pas du Krug millésimé, mais c’est quand même mieux que les vols de cloche que je me paie d’habitude. Sauf qu’il faut encore prendre le train pour Bruxelles, avec les valises sur les genoux, parce que la société nationale belge des chemins de fer n’a toujours pas compris que les voyageurs qui vont et reviennent de l’aéroport ont parfois des bagages, tout en payant, outre le prix du billet, € 8 de taxes, justement appelées diabolo. Et puis, comme point final à Bruxelles, l’horrible gare du Midi. Au moins à Liège, pays de mon ami blogueur Pierre  Pestieau, la nouvelle gare de l’architecte Calatrava vaut le détour.

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